(Londres) Londres a annoncé vendredi la conclusion d’un accord pour rejoindre le partenariat de libre-échange transpacifique CPTPP après 21 mois de négociations, son accord commercial le plus important depuis le Brexit, mais relativisé par les économistes.

Le Royaume-Uni est le premier pays d’Europe à rejoindre le CPTPP, qui comptera ainsi 12 pays pour un PIB de 11 000 milliards de livres sterling (12 500 milliards d’euros), souligne Downing Street dans un communiqué.

Le bloc regroupe 500 millions d’habitants et 15 % du PIB mondial avec le Royaume-Uni.

Mettant en avant le fait que Londres n’aurait pas pu rejoindre ce partenariat s’il avait toujours été membre de l’Union européenne, Downing Street vante ainsi la manière dont le pays « saisit les opportunités » de ses « nouvelles libertés commerciales post-Brexit », alors que les bénéfices de la sortie du bloc se font toujours attendre.

Plus de 99 % des exportations de marchandises britanniques vers les pays du CPTPP sont exonérées de droits de douane, relève Downing Street, qui cite des produits phares comme les fromages, l’automobile, le chocolat, les machines, ou encore le gin et le whisky.

Le secteur des services bénéficiera également de formalités administratives réduites.

À terme, l’apport pour l’économie britannique atteindra 1,8 milliard de livres sterling (2,45 milliards d’euros), selon des estimations citées par Londres. Dans un document publié en juin 2021, l’exécutif estimait les retombées à 0,08 % de son produit intérieur brut (PIB).

Un impact « faible vu le poids de 3,2 % sur l’économie d’ici 2026 du Brexit, selon les estimations de la Banque d’Angleterre », remarque Ashley Webb, de Capital Economics.

« Cela pourrait toutefois contribuer à améliorer les relations internationales britanniques et la perception du Royaume-Uni comme partenaire commercial », ajoute-t-il.

En rejoignant le CPTPP, le Royaume-Uni, qui avait déposé sa candidature en février 2021, se place « au centre d’un groupe d’économies du Pacifique dynamiques et en pleine croissance », a salué le premier ministre Rishi Sunak, cité dans le communiqué.

« Les entreprises britanniques bénéficieront à présent d’un accès sans égal à des marchés allant de l’Europe au Pacifique Sud », a-t-il ajouté.

La ministre du Commerce, Kemi Badenoch, a quant à elle mis en avant les bénéfices en termes d’emploi et l’accès plus large à la région Indo-Pacifique, d’où est attendue « la majorité de la croissance mondiale ».

Le Japon, également membre du partenariat, a salué la nouvelle vendredi, le porte-parole du gouvernement nippon Hirokazu Matsuno qualifiant le Royaume-Uni de « partenaire stratégique mondial ».

Le Royaume-Uni et les pays membres du CPTPP doivent désormais finaliser les dernières étapes légales et administratives avant une signature formelle cette année.

Réactions agricoles en demi-teinte

L’adhésion au CPTPP apporte un « coup de pouce massif aux services financiers britanniques », s’est réjoui Chris Hayward, directeur des politiques à la City of London Corporation, porte-voix du puissant secteur financier britannique, qui ajoute que « plus de la moitié des exportations vers les pays membres du CPTPP sont des services ».

De son côté, la NFU, principal syndicat agricole britannique, y voit la possibilité de « nouvelles opportunités d’exportation », mais a pointé aussi le risque d’« une hausse des importations qui pourrait mettre les secteurs agricoles sensibles du pays encore plus sous pression ».

Depuis sa sortie effective de l’UE et du marché unique européen au 1er janvier 2021, le Royaume-Uni cherche à nouer des accords commerciaux tous azimuts pour doper son commerce international.

Londres a notamment conclu des traités commerciaux avec l’UE et d’autres États européens, mais aussi avec des pays plus lointains comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou Singapour. Des discussions sont en cours avec l’Inde ou le Canada.

En revanche, l’accord tant espéré avec les États-Unis se fait attendre.

Signé notamment par la Nouvelle-Zélande, l’Australie ou encore le Canada et le Japon, le CPTPP est le plus important pacte de libre-échange de la région.

La Chine a fait acte de candidature en 2021, mais plusieurs pays voient cette demande d’un mauvais œil.

« Le Royaume-Uni a maintenant (le pouvoir) de voter une telle décision », a indiqué le ministre britannique des Finances Jeremy Hunt, alors que plusieurs parlementaires britanniques ont mis en garde contre Pékin.

L’ex-président américain Donald Trump avait annoncé début 2017 le retrait de son pays de cet accord, auquel son pays était initialement partie, avant même son entrée en vigueur – qui a lieu par étape depuis décembre 2018.