(Toronto) Les foires alimentaires dans les centres commerciaux qui doivent tenir compte de l’inflation et du manque de personnel sont à la croisée des chemins au lendemain de la pandémie.

Celle que l’on retrouve dans la place Brookfield, au centre-ville de Toronto, reflète bien ces temps difficiles. Si une longue file de consommateurs attendent de commander devant le McDonald’s ou le Jimmy The Greek, le Starbuck et le Marché sont fermés.

Les propriétaires des centres commerciaux disent que l’achalandage est plus important, malgré que les taux d’inoccupation demeurent toujours élevés. Les gens retournent peu à peu travailler dans les bureaux du centre-ville.

« Il n’y a pas de doute que l’on assiste à de grands changements », souligne le vice-président à la propriété commerciale de JLL, Casdin Parr.

Andrew Brent, un porte-parole de Brookffield Properties, le propriétaire de la place Brookfield, est confiant. « L’achalandage à la foire commerciale et les ventes augmentent de façon régulière et continuent de grimper », lance-t-il.

La croissance dépend en grande partie du retour sur les lieux de travail des employés habitués au télétravail. Toutefois, la situation diffère d’un endroit à l’autre : certains employés sont de retour à temps plein, d’autres ont adopté une formule hybride. Les derniers continuent de travailler à domicile.

L’optimisme n’est pas partagé par tous. Après tout, le taux d’inoccupation dans les immeubles de bureaux s’élevait à 17,1 % au quatrième trimestre au pays, une hausse de 0,7 point de pourcentage comparativement au deuxième trimestre, selon la firme immobilière CBRE.

La situation varie grandement au pays. Le taux d’inoccupation atteignant plus de 30 % à Calgary, mais « seulement » 9,8 % à Vancouver et 11,2 % à Ottawa. Il s’élevait à 16 % à Montréal.

Alex Edmison, vice-président chez CBRE, constate que même si la clientèle des foires alimentaires a diminué, la baisse des revenus n’a pas été aussi importante que prévu. Toutefois, les ventes n’égalent pas encore le niveau atteint avant la pandémie.

Et les pertes financières et les fermetures de concession exercent une pression financière sur les propriétaires et locateurs commerciaux.

« On doit être plus concurrentiel, souligne M. Edmison. Il faut essayer de nouvelles choses. Il faut se battre plus fort pour obtenir une part du marché. » Une façon est d’attirer comme nouveaux locataires des chaînes à forte reconnaissance locale. Par exemple, Mean Bao, Patties Express, Le Gourmand et KoHa Pacific Kitchen ont fait leur apparition dans les foires alimentaires de Toronto.

D’autres veulent transformer ce genre de restauration.

À la foire alimentaire du centre Bay Adelaide de Toronto, les habituels « fast food » ont fait place à des restaurants comme Pumpernickel’s, où on offre des salades et des sandwiches, ou Zen Kyoto, qui sert des mets asiatiques. Et de belles tables en bois et des chaises noires plus confortables ont été installées.

Plusieurs propriétaires regardent ce genre d’espace de façon différente que par le passé. Il y a encore place pour la foire alimentaire traditionnelle. Mais, de plus en plus, elles offriront une expérience conçue en fonction des désirs et des besoins des employés de bureau.

Casdin Parr, vice-président à la propriété commerciale de JLL

Les restaurants locaux offrant des plats confectionnés avec des ingrédients de catégorie supérieure sont au cœur de cette stratégie, ajoute-t-il.

Et la clientèle ? Certains s’ennuient déjà de « l’ancien temps ».

« Il y a tant d’endroit où j’allais manger avant la COVID-19 qui ont fermé, raconte Lina Tong, une employée du secteur des finances de Toronto. Aujourd’hui, je commande des plats pour emporter. Ce n’est plus comme avant. L’heure du lunch est différente quand les endroits où on avait l’habitude d’aller ferment. Les bonnes choses ne peuvent pas exister pour la vie. »