(Bruxelles) Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a mis en garde lundi contre « le risque d’une récession mondiale » à cause de la course à la hausse des taux d’intérêt lancée par la Réserve fédérale américaine, lors d’une intervention devant les ambassadeurs de l’UE.

« Tout le monde doit suivre les hausses de taux décidées par la Fed, sinon les monnaies seront dévaluées » face au dollar, a-t-il expliqué. « Tout le monde court pour augmenter les taux d’intérêt et cela nous amènera à une récession mondiale », a-t-il prédit.

« Tout le monde suit la Fed et met en œuvre la même politique monétaire, parce qu’il n’y a pas d’autre moyen, sinon les capitaux vont fuir », a-t-il expliqué.

Le comité de politique monétaire, l’organe de décision de la Fed, a procédé à trois hausses de taux depuis mars et a averti que pour faire face à une inflation toujours trop forte, un nouveau tour de vis serait nécessaire.

M. Borrell s’aventure rarement sur le terrain de l’économie, mais son intervention devant les ambassadeurs de l’UE visait à analyser la nouvelle donne créée par le fait que la Russie et la Chine sont devenues des sources de problèmes économiques et sécuritaires pour l’UE.

« La Russie et la Chine contribuaient à notre développement économique, ce n’est plus le cas : cela va impliquer une forte restructuration de notre économie, car l’accès à la Chine va devenir de plus en plus difficile et nous n’aurons plus de gaz russe bon marché », a-t-il souligné. « L’ajustement sera difficile. Et cela créera des problèmes politiques ».

« D’autre part, nous avons délégué notre sécurité aux États-Unis. Mais qui sait ce qui se passera dans deux ans ? Ou même en novembre ? », a-t-il souligné dans une référence aux prochaines échéances électorales aux États-Unis. « Nous devons assumer nous-mêmes plus de responsabilités, nous devons assumer une plus grande partie de notre responsabilité en matière de sécurité ».

« Mais nous avons encore beaucoup à faire pour être une, une seule puissance, qui agisse au nom de l’Union dans son ensemble », a-t-il déploré.