(Ottawa) Les ménages canadiens traînaient en moyenne une dette de 1,71 $ pour chaque dollar de leur revenu disponible au troisième trimestre, a indiqué vendredi Statistique Canada.

Selon l’agence fédérale, la dette des ménages exprimée en pourcentage du revenu disponible est passée à 170,7 % au troisième trimestre, comparativement à 162,8 % au deuxième trimestre.

Ce ratio restait néanmoins inférieur à celui du quatrième trimestre de 2019, alors que les ménages devaient 1,81 $ pour chaque dollar de leur revenu disponible.

En ayant plus d’argent et moins de dépenses, les ménages ont été capables de rembourser une partie de leur dette à la consommation. Et même s’il y a eu une récente hausse, cela reste inférieur aux niveaux observés plus tôt cette année.

Priscilla Thiagamoorthy, économiste chez BMO Marchés des capitaux, dans une note à ses clients.

L’encours de la dette sur le marché du crédit a augmenté de 1,6 % au troisième trimestre, pendant que le revenu disponible des ménages diminuait de 3,1 %, les Canadiens se remettant des pertes d’emplois attribuables à la pandémie de COVID-19, a expliqué l’agence. Les ménages à plus faible revenu avaient tendance à avoir un ratio d’endettement plus élevé, a indiqué l’agence.

Même si l’emploi a augmenté au cours du trimestre pour se situer à moins de 3,7 % de son niveau d’avant la pandémie en février, cela n’a pas suffi pour contrebalancer la fin des programmes gouvernementaux de soutien au revenu, et cela a entraîné une réduction de près de 50 % des prestations d’assurance-emploi.

Mais avec les restrictions liées à la COVID-19, les gens ne se sont pas beaucoup éloignés de la maison. L’épargne des ménages est restée élevée et a atteint 56,8 milliards au cours du trimestre, a précisé Statistique Canada, en baisse par rapport au record de 90,1 milliards au deuxième trimestre, puisqu’un moins grand nombre de Canadiens ont eu recours aux programmes de soutien du revenu et aux reports de paiement.

Valeur nette des ménages en hausse

Les ménages ont aussi profité d’une hausse « notable » de la valeur des actions de fonds communs de placement, la Bourse de Toronto ayant progressé de 3,9 % pendant la période de trois mois. Dans l’ensemble, la valeur nette des ménages canadiens a grimpé de 3 % à 12 300 milliards.

« La distribution de la richesse a tendance à être hautement inégale à travers les groupes de revenus, et en conséquence, les récents gains de la valeur nette ont profité de façon disproportionnelle aux Canadiens qui s’en sortaient déjà mieux », a observé Ksenia Bushmeneva, économiste au service d’études économiques de la Banque TD, dans une note à ses clients.

« De façon générale, les individus les plus fortunés ont enregistré de plus fortes augmentations de leur épargne puisqu’ils étaient plus susceptibles de conserver leur emploi tout en réduisant leurs dépenses discrétionnaires, comme les voyages et les restaurants, qui n’étaient largement pas disponibles. »

Emprunts hypothécaires en hausse

En outre, il y a eu une augmentation record des emprunts hypothécaires, a précisé Statistique Canada, et l’investissement dans le logement a atteint son plus haut niveau jamais enregistré alors que les coûts d’emprunt se sont maintenus à des niveaux historiquement bas.

La dette hypothécaire a atteint 1630 milliards, la demande pour les prêts hypothécaires ayant grimpé à un nouveau sommet de 28,7 milliards.

« Manifestement, l’argent comptant n’est pas toujours roi, et le fait d’avoir des biens — (qu’il s’agisse) d’actifs financiers ou immobiliers — a vraiment valu la peine cette année, avec la reprise des valeurs mobilières et des prix de l’immobilier », a écrit Mme Bushmeneva.

Dans son rapport, Statistique Canada a aussi rapporté que le ratio du service de la dette des ménages — qui exprime le total des paiements obligatoires du capital et des intérêts sur la dette sur le marché du crédit en proportion du revenu disponible — avait grimpé à 13,22 %, après avoir été de 12,36 %. Il avait reculé plus tôt cette année, en raison des programmes de reports de paiements liés à la pandémie de COVID-19. Plusieurs de ces programmes ont pris à la fin du troisième trimestre, a souligné Statistique Canada.

« Les finances des ménages canadiens sont en meilleure santé cette année, surtout grâce aux transferts gouvernementaux sans précédent qui ont gonflé les revenus d’ensemble », a noté M. Thiagamoorthy.