Restez ! C’est le message que le gouvernement britannique doit maintenant adresser officiellement aux citoyens venus des autres pays d’Europe qui résident en Grande-Bretagne et qui s’inquiètent de leur avenir post-Brexit.

Les risques d’exode deviennent bien réels à mesure que le scénario d’un divorce brutal entre le Royaume-Uni et l’Europe devient réalité. Ils s’ajoutent à toutes sortes d’autres conséquences auxquelles la plupart des gens préféraient ne pas penser jusqu’à maintenant, comme les risques de pénuries alimentaires dans l’île qui compte sur le reste de l’Europe pour son approvisionnement en tomates, laitues et fromages.

Tout récemment, les Britanniques ont été prévenus par leur gouvernement que s’ils devaient voyager en Europe avec un passeport dont la validité excède six mois, ils devront avoir une assurance maladie et ils pourraient être obligés de prouver aux postes-frontières des pays qu’ils visitent qu’ils ont assez d’argent pour la durée de leur séjour.

Depuis que le premier ministre Boris Johnson a pris en main la destinée d’un pays au bord du gouffre, on dirait bien qu’il s’apprête à le pousser dans le vide. Depuis le vote de juin 2016 qui a enclenché le processus de sa sortie de l’Europe, la Grande-Bretagne a vu son économie péricliter lentement, mais sûrement.

Comme c’est toujours le cas quand l’incertitude règne, les investissements des entreprises se sont taris et beaucoup d’entre elles ont choisi de quitter le navire en péril. Une entreprise étrangère sur cinq a reporté ou annulé ses investissements prévus en Grande-Bretagne depuis 2016, rapportait cet été la firme EY. Pourquoi investir dans un marché de 60 millions d’habitants si on n’est pas sûr d’avoir accès aux 600 millions de clients potentiels du marché européen ?

La récession se pointe maintenant à l’horizon déjà bouché. Pour la première fois depuis 2012, l’économie britannique a reculé au deuxième trimestre. Une autre contraction du produit intérieur brut (PIB) sera probablement confirmée au troisième trimestre, ce qui marquera l’entrée officielle du pays dans une récession qui pourrait durer longtemps.

Un divorce brutal fera reculer le PIB de 5,5 %, selon la Banque d’Angleterre.

La Banque d’Angleterre et son gouverneur Mark Carney, qui se préparent depuis longtemps au Brexit, ont mis à jour leurs données la semaine dernière. Leur scénario du pire, celui d’une sortie de l’Europe sans accord, est celui qui est maintenant le plus probable.

Parce que le gouvernement et les entreprises des deux côtés de la Manche ont commencé à prendre des mesures pour atténuer le choc, l’impact sur l’économie sera moins grand que prévu l’an dernier dans le worst case scenario, a indiqué Mark Carney.

La Banque d’Angleterre envisage quand même une chute de 5,5 % du produit intérieur brut, une augmentation du chômage à 7 % et un taux d’inflation de 5,25 %.

Misère économique en vue

Ce qui attend les Britanniques, c’est une accumulation de tarifs, une chute des exportations, des blocages de marchandises aux frontières et une augmentation des taux d’intérêt pour freiner la hausse des prix qui s’ensuivra, prévient la banque centrale.

La misère économique qui attend le Royaume-Uni touchera tous ses partenaires commerciaux à l’extérieur de l’Europe, au moment où la croissance économique mondiale ralentit, s’alarment les chambres de commerce et les regroupements d’entreprises de huit pays, dont le Canada et les États-Unis, qui ont signé une déclaration commune à l’intention du gouvernement britannique.

Vu d’ici — ou de n’importe où ailleurs dans le monde —, un tel gâchis que s’est infligé l’ex-empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais est et restera impossible à expliquer.