Le recul du déficit commercial des États-Unis, tombé en décembre à son plus bas niveau depuis près de trois ans, a surpris par son ampleur et pourrait bien augurer d'une révision à la hausse du PIB sur les trois derniers mois de 2012.

Chroniquement déficitaire, le solde des échanges du pays avec le reste du monde est certes resté dans le rouge en décembre mais il s'est considérablement réduit, dégringolant de 20,7% pour atteindre 38,5 milliards de dollars, selon les chiffres publiés vendredi par le ministère du Commerce.

Le recul n'avait pas été aussi fort depuis près de quatre ans.

Fait rarissime, le déficit sur un mois a même fondu de 15,5% vis-à-vis de la Chine, principal partenaire commercial des États-Unis et régulièrement mis à l'index par Washington pour ses pratiques jugées déloyales.

Le déficit s'est également considérablement réduit avec l'Union européenne, chutant de 28,4% à 8,7 milliards de dollars.

Sur l'ensemble de l'année passée, l'embellie est moins spectaculaire mais elle reste tangible avec un resserrement du déficit commercial de 3,4%, à 540,4 milliards de dollars, et un record absolu en termes d'exportations dont le gouvernement américain s'est aussitôt félicité.

«Les efforts de l'administration pour promouvoir les exportations américaines portent leurs fruits», a souligné la ministre adjointe du Commerce Rebecca Blank, saluant l'ouverture de «nouveaux marchés».

La route s'annonce toutefois encore longue avant d'atteindre l'objectif du président Barack Obama de doubler les exportations en cinq ans.

Elles s'élevaient en décembre à 186,3 milliards de dollars contre 143,7 en janvier 2010 au moment où cet engagement a été pris.

En décembre, les exportations ont certes fait bonne figure (+2,1%), portées notamment pas les ventes d'équipements industriels qui ont bondi de 9,5%.

Mais la belle tenue du commerce extérieur tient principalement à un affaissement des importations (-2,7%), notamment de voitures et de pétrole (-13,0% en un mois) dont les Américains sont les premiers consommateurs au monde.

«On pourrait en conclure que la demande intérieure est faible mais ce serait aller vite en besogne», assure Jennifer Lee de BMO Capital Markets, soulignant que les importations hors automobiles ont légèrement progressé, témoignant du dynamisme du marché intérieur.

Plus important encore, l'embellie surprise du déficit commercial pourrait bien conduire à une révision à la hausse de la croissance américaine au quatrième trimestre de 2012.

Publiée fin janvier, une première estimation avait révélé une contraction surprise de 0,1% du Produit intérieur brut de la première puissance économique du globe.

«Le déficit commercial s'est bien plus réduit (...) que ce que le BEA (l'office gouvernemental des statistiques, ndlr) avait intégré dans ses estimations du PIB au quatrième trimestre», relèvent les économistes de Nomura.

Dans ses estimations, le BEA (Bureau of Economic Analysis) avait ainsi tablé sur un recul des exportations plus fort que celui des importations, rappelle Julien Thomas de Natixis.

«On peut désormais s'attendre à une révision à la hausse des chiffres du PIB pour le dernier trimestre» de l'année précédente, a-t-il souligné. Une deuxième estimation du PIB américain sera publiée le 28 février.