Le consortium canadien n'aurait pas fait de profits avec les Jeux olympiques de Londres même si les téléspectateurs et les annonceurs ont été au rendez-vous - au petit écran aussi bien que sur les nouvelles plateformes comme l'iPad.

Le consortium V/RDS/CTV/TSN n'aurait pas été en mesure de rentabiliser la diffusion des Jeux olympiques de Londres, selon nos informations. Et ce n'est pas par manque d'intérêt des téléspectateurs ou des annonceurs. Mais le consortium mené par Bell Média, propriétaire de RDS, TSN et CTV, a payé 63 millions pour diffuser les Jeux de Londres. À Pékin en 2008, le consortium Radio-Canada/CBC/RDS/TSN avait payé 45 millions.

«Les objectifs de ventes publicitaires et de cotes d'écoute des Jeux de Londres ont été surpassés», dit Gerry Frappier, président de RDS et chef de mission francophone du consortium canadien de diffusion olympique, qui ne dévoile pas ses résultats financiers.

La stratégie du consortium de diffusion des Jeux de Londres: offrir toutes les épreuves olympiques en direct, autant à la télé que sur l'internet ou sur une tablette électronique. Exactement le contraire de NBC, qui a choisi de diffuser les épreuves en différé en heure de grande écoute en soirée. «Notre vocation, c'était d'offrir les compétitions en direct», dit Gerry Frappier, qui trace un bilan positif des Jeux de Londres. «Trente millions de Canadiens ont regardé une partie des Jeux olympiques, dit-il. C'est 94% de la population. Chaque jour, 20 millions de Canadiens visionnaient une partie de la programmation olympique.»

Le décalage horaire à Londres a joué quelques tours aux diffuseurs canadiens. À Pékin en 2008, le décalage horaire avait aussi compliqué la diffusion des Jeux, mais plusieurs des épreuves reines, dont la natation, étaient diffusées en matinée en Chine et donc en heure de grande écoute en Amérique du Nord. À Londres, aucune épreuve d'envergure n'était diffusée en heure de grande écoute en Amérique du Nord. La plupart des épreuves d'envergure étaient plutôt diffusées en après-midi au Canada.

Pas surprenant donc que les cotes d'écoute aient diminué de 46% en matinée (193 000 à Londres contre 355 000 à Pékin) et de 20% en soirée (468 000 à Londres contre 584 000 à Pékin).

Néanmoins, les cotes d'écoute olympiques de Londres ont augmenté de 30% par rapport à celles de Pékin (moyenne de 441 000 à Londres contre 338 000 à Pékin).

À Londres, le consortium mené par Bell Média a diffusé 661 millions d'heures de programmation olympique. Au petit écran, mais aussi sur ses plateformes web et ses applications mobiles. L'application CTVOlympics et RDSOlympiques a été téléchargée plus d'un million de fois durant la première semaine des Jeux. «Les Jeux de Londres ont changé la façon dont le diffuseur doit offrir le contenu, dit Gerry Frappier. À Vancouver, le consommateur était moins au rendez-vous sur les nouvelles plateformes. La technologie a évolué, les habitudes des consommateurs aussi. À Vancouver, nous étions avant-gardistes. À Londres, nous étions en plein dans la vague. Il faut maintenant développer des modèles d'affaires.»

Les droits à Radio-Canada en 2014 et 2016

Durant les Jeux de Londres, Bell Média s'est fait ravir les droits de télé olympiques par Radio-Canada pour les Jeux de Sotchi en 2014 et Rio de Janeiro en 2016. Bell et Radio-Canada avaient formé au départ un consortium qui a offert 70 millions pour les droits, mais leur alliance s'est terminée et Radio-Canada a finalement misé seule. Le montant de l'offre, qui n'a pas été dévoilé, serait entre 80 et 85 millions selon nos informations.

Radio-Canada doit toutefois se chercher un partenaire pour diffuser les Jeux de Sotchi et de Rio de Janeiro. Du côté francophone, RDS est toujours intéressé. Le nom de TVA Sports a aussi été évoqué.

«Nous avons déjà été associés (avec Radio-Canada aux Jeux par le passé). Nous sommes prêts à participer, mais c'est Radio-Canada qui a les mains sur le volant», dit Gerry Frappier, déçu mais pas inquiet de ne pas s'être entendu avec le CIO. «Les Jeux sont le plus grand événement sportif au monde, mais on ne bâtit pas une marque de chaîne télé sur un produit qui revient tous les deux ans, dit-il. Nous ne dépendons pas des Jeux olympiques pour bâtir notre renommée et notre cote d'appréciation. Je ne juge pas que nous serons affaiblis sans Jeux olympiques.»