L'inflation canadienne a poursuivi sa progression le mois dernier, faisant grimper d'un cran la pression sur la Banque du Canada, qui devra décider la semaine prochaine si elle hausse, ou non, son taux d'intérêt directeur.

L'inflation annuelle a augmenté de quatre dixièmes de point en avril - soit davantage que prévu - pour atteindre 1,8%, essentiellement en raison de la hausse des prix de l'essence, a expliqué vendredi Statistique Canada.

Sur une base mensuelle, les Canadiens ont déboursé 0,3% de plus pour se procurer biens et services en avril qu'ils ne l'avaient fait en mars.

Mais la donnée la plus importante, du moins aux yeux de la Banque du Canada, est celle de l'inflation de base, qui exclut les éléments les plus volatils comme l'essence et les aliments. Celle-ci a aussi affiché une hausse marquée de 0,3% par rapport au mois de mars, et a atteint 1,9% sur une base annuelle.

Les économistes s'attendaient en moyenne à une inflation d'ensemble de 1,7%, et à une inflation de base de 1,8%.

Plusieurs observateurs ont affirmé ces dernières semaines que la Banque du Canada mettrait probablement un terme à sa politique de très faible taux d'intérêt qui prévaut depuis plus d'un an, lorsqu'elle réévaluera de nouveau son taux directeur, le 1er juin. Le taux directeur se situe actuellement à 0,25%, mais la volatilité du marché depuis que la crise des dettes européennes prend de l'ampleur ajoute un élément d'incertitude aux attentes envers la Banque du Canada.

Des analystes affirment maintenant que le gouverneur de la banque centrale, Mark Carney, pourrait autant choisir une hausse du taux que l'immobilisme, ce qui explique pourquoi les données sur l'inflation d'avril, les dernières à être publiées d'ici la décision de la banque, sont considérées comme si importantes.

Bien que l'inflation d'ensemble et celle de base soient toutes deux inférieures à la cible de la banque centrale, qui est de deux%, les pressions inflationnistes sous-jacentes sont considérées comme étonnament fortes pour une économie qui tourne toujours significativement en deçà de sa capacité.

Plus tôt cette semaine, des données publiées aux États-Unis ont laissé voir une baisse des prix dans ce pays.

L'inflation canadienne affichée en avril a été lourdement influencée par l'effet des faibles coûts de l'énergie il y a un an, lorsque l'économie était toujours en récession.

Le prix de l'essence a grimpé de 16,3% en avril par rapport au même mois l'an dernier, tandis que celui du gaz naturel était en hausse de 3,3%. En mars, le prix du gaz naturel avait affiché une croissance de 22,4% par rapport à l'année précédente.

«Dans l'ensemble, les prix de l'énergie ont augmenté de 9,8% entre avril 2009 et avril 2010, après avoir progressé de 5,8% au cours de la période de 12 mois terminée en mars», a expliqué l'agence gouvernementale.

«Sans l'énergie, l'indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 1,1%, comparativement à la hausse de 1,0% affichée en mars.»

Des hausses significatives ont aussi été observées quant aux prix des automobiles, qui se sont élevés de 5,3% en avril par rapport à l'an dernier, tandis que la croissance des prix des aliments a été relativement plus faible, à un%.

La hausse de l'inflation de base a pour sa part été attribuable à l'augmentation des coûts des véhicules automobiles, des primes d'assurance-automobile, des impôts fonciers et des repas dans les restaurants.

Au niveau régional, les plus importantes pressions à la hausse sur les prix ont été observées dans les quatre provinces atlantiques. En outre, dans chaque province du pays, la pression à la hausse la plus significative exercée sur les prix provenait de l'augmentation des prix de l'essence.

L'indice de référence mensuel désaisonnalisé a progressé de 0,2% en avril, après avoir reculé de 0,3% en mars.

Voici le taux pour les provinces et territoires du pays. Le chiffre du mois précédent figure entre parenthèses:

- Terre-Neuve-et-Labrador 2,5 (3,2)

- Île-du-Prince-Édouard 2,3 (3,2)

- Nouvelle-Écosse 2,5 (2,8)

- Nouveau-Brunswick 2,9 (3,1)

- Québec 1,9 (1,7)

- Ontario 2,2 (1,4)

- Manitoba 1,0 (1,5)

- Saskatchewan 2,1 (1,1)

- Alberta 1,6 (1,0)

- Colombie-Britannique 1,0 (0,5)

- Whitehorse, Yukon 0,2 (-0,2)

- Yellowknife, T.N.O. 1,6 (2,3)

- Iqaluit, Nunavut -1,5 (-1,5)

Voici le taux pour les grandes villes du pays:

- Saint-Jean, T.-N.-L., 2,5 (3,0)

- Charlottetown-Summerside, 2,1 (3,0)

- Halifax, 2,3 (2,5)

- Saint-Jean, N.-B., 3,0 (3,2)

- Québec, 2,0 (1,9)

- Montréal, 1,7 (1,6)

- Ottawa, 2,4 (1,5)

- Toronto, 2,4 (1,3)

- Thunder Bay, Ont., 1,6 (0,8)

- Winnipeg, 1,0 (1,4)

- Regina, 2,2 (1,3)

- Saskatoon, 1,8 (0,9)

- Edmonton, 1,7 (1,2)

- Calgary, 1,3 (0,8)

- Vancouver, 1,4 (0,9)

- Victoria, 0,4 (0,4)