Jean Coutu (T.PJC.A) se remettra à préparer des acquisitions une fois la vente de son réseau américain conclue, soit d'ici quelques semaines.

Jean Coutu [[|ticker sym='T.PJC.A'|]] se remettra à préparer des acquisitions une fois la vente de son réseau américain conclue, soit d'ici quelques semaines.

En conférence téléphonique mardi matin, la direction a indiqué que l'élimination de sa dette contractée pour l'achat d'Eckerd lui permettrait d'obtenir des prêts totalisant 500 M$ auprès de la Banque Nationale et de la Banque Royale, à des fins de croissance par acquisitions au Canada.

La clôture de la vente des pharmacies Eckerd est prévue pour le trimestre en cours, qui se termine au début juin.

La compagnie croit que le passage de nombreux médicaments d'origine au stade générique peut mener à une consolidation sur son marché, rendu plus difficile pour les pharmaciens indépendants. Elle devrait divulguer un nouveau plan de croissance canadien au cours de l'été, mais n'a pas donné de détails à ce sujet mercredi.

«La mention de projets d'acquisitions, c'est quelque chose de nouveau», relève le gestionnaire Martin Dufresne, de Fiera Capital.

Rite Aid brouille les cartes

Jean Coutu a divulgué des profits trimestriels qui ont presque sextuplé à 184 M$ US, un résultat gonflé par un gain spécial lié à l'appréciation des actions de Rite Aid, qui a permis d'annuler une charge de dévaluation antérieure de 108 M$.

Martin Dufresne souligne qu'il sera plus compliqué à l'avenir de bien juger de la performance de l'entreprise, dont les résultats dépendent d'une participation dans une chaîne américaine qu'elle ne dirige pas.

Il s'attarde surtout à la progression du profit d'exploitation, qui a augmenté de 11 % pour atteindre 152,8 M$ US, à la faveur d'une croissance de 8,5 % des ventes canadiennes.

«C'est un résultat en ligne avec les attentes», commente-t-il, heureux de voir que la transition de repli sur le Canada n'a pas nui à la gestion des affaires.

Mais il se méfie du titre de Jean Coutu à son niveau actuel (environ 15,50 $).

Il calcule qu'une partie de la montée de l'action depuis la fin août tient à la vente du réseau Eckerd, mais qu'environ 2 $ ont été gagnés à la seule faveur de la performance boursière de Rite Aid, un élément hasardeux.

«Rite Aid est un joueur très moyen aux États-Unis et le niveau de sa dette est inquiétant, juge le gestionnaire. Le marché lui donne un peu vite le bénéfice du doute.»

Les actionnaires de la chaîne américaine parieraient sur sa capacité de renflouer les pharmacies Eckerd et sur de vagues rumeurs d'acquisitions par un autre géant.

Les projets de croissance par acquisitions de Jean Coutu forment pour M. Dufresne un point de repère plus fiable. Il s'attend à voir l'entreprise se concentrer sur le Québec, puisqu'elle a peu d'assises au Canada anglais et que le taux d'expansion de l'industrie québécoise avoisine les 10% à l'heure du vieillissement de la population.

Selon lui, la conjoncture est propice tant à l'ouverture de nouvelles succursales qu'à la consolidation.

Toutefois, Jean Coutu fait face aux concurrents agressifs que sont Brunet, Proxim et surtout Shoppers Drug Mart.

Les deux grandes rivales n'ont pas la même stratégie. Aux yeux de M. Dufresne, le fait que les pharmaciens de Jean Coutu soient aussi propriétaires des commerces permet à l'entreprise de mieux pénétrer différentes régions du Québec et favorise une gestion solide.

La compagnie québécoise ciblerait aussi une clientèle plus populaire que Shoppers Drug Mart, qui mise sur de pimpantes divisions de cosmétiques et sur des magasins à l'allure haut-de-gamme.

Un choix judicieux ? «Jean Coutu a des ventes au pied carré record au Québec, répond Martin Dufresne. Et les pharmacies de Shoppers Drug Mart doivent coûter plus cher.»

Mais il ajoute que la compagnie chérie des Québécois pourrait rouler en partie sur sa notoriété.