Le rachat de BCE (T.BCE) par Teachers' va de l'avant comme prévu, a affirmé le président de la caisse de retraite ontarienne, hier, au moment où s'ouvrait à Montréal le dernier volet du procès intenté par les détenteurs d'obligations opposés à la transaction.

Le rachat de BCE [[|ticker sym='T.BCE'|]] par Teachers' va de l'avant comme prévu, a affirmé le président de la caisse de retraite ontarienne, hier, au moment où s'ouvrait à Montréal le dernier volet du procès intenté par les détenteurs d'obligations opposés à la transaction.

Le financement demeure «tel que nous l'avons communiqué dans nos dépôts», a indiqué Jim Leech en marge d'une conférence d'investisseurs à Toronto.

Teachers' et ses partenaires emprunteront environ 40 milliards de dollars à un consortium de banques pour financer le rachat de Bell Canada Entreprises au coût de 51,7 milliards. Il s'agit du plus important achat par endettement au monde.

Or, avec la crise du crédit qui s'enlise aux États-Unis, de plus en plus d'investisseurs craignent de voir la transaction avorter.

Plusieurs rachats de sociétés par endettement sont tombés à l'eau ces dernières semaines au sud de la frontière, ce qui amplifie le sentiment d'inquiétude.

Jim Leech a admis mercredi recevoir des appels d'investisseurs nerveux presque tous les jours. «L'intrigue autour (de BCE) semble ne jamais avoir de fin», a-t-il déclaré.

Bataille juridique

Les actionnaires de BCE ont déjà approuvé la transaction à plus de 97% en septembre dernier.

Les détenteurs de certaines catégories d'obligations, eux, ne digèrent toujours pas le rachat et la privatisation de l'entreprise.

Ils estiment avoir perdu plusieurs centaines de millions de dollars à cause des nombreuses décotes infligées aux titres de dettes de BCE depuis l'annonce de la vente en juin dernier.

Selon ces obligataires, la transaction va à l'encontre de diverses clauses des actes de fiducie de 1976, 1996 et 1997, notamment en ce qui a trait au changement de contrôle de la société.

BCE affirme au contraire respecter en tout point les actes de fiducie. L'avocat Kent Thomson, qui représente Bell dans ce dossier, a commencé ses plaidoiries hier au palais de justice de Montréal.

Il a tenté de prouver l'absence de fondement de la poursuite des porteurs d'obligations, devant le juge Joel Silcoff, de la Cour supérieure.

En gros, Me Thomson a fait valoir que les obligataires -des investisseurs institutionnels très «sophistiqués»- étaient tout à fait au courant de la possibilité que BCE fasse l'objet d'un rachat par endettement (l'ajout de dette étant responsable de la décote de BCE). Et ce, dès 2000.

«BCE a clairement le profil d'une société qui peut être la cible d'un rachat par endettement, et les détenteurs d'obligations auraient dû en être conscients», a-t-il indiqué pendant son plaidoyer.

Un rachat très probable

La probabilité d'un tel rachat est devenue claire comme du cristal le 29 mars 2007, a ajouté Me Thomson.

Ce jour-là, le Globe and Mail a publié en première page un article mettant au jour les tractations du fonds d'investissement américain Kohlberg Kravis Roberts (KKR), intéressé à mettre la main sur BCE.

Or, malgré cette manchette du Globe, plusieurs porteurs d'obligations ont racheté des quantités «considérables» de nouvelles débentures après le 29 mars, fait valoir BCE dans un imposant mémoire de 367 pages déposé à la Cour.

Les avocats de détenteurs d'obligation ont refusé de faire des commentaires à La Presse Affaires, mercredi. Ils feront leurs plaidoiries devant le juge Silcoff à partir de demain, pendant trois jours.

Selon un procureur qui a assisté à toutes les séances du procès depuis décembre, les porteurs de débentures auront «une grosse côte à remonter» pour convaincre le juge de se plier à leurs arguments et de les laisser se prononcer sur la vente de BCE.

Les plaidoiries doivent se conclure jeudi prochain. Le magistrat s'est engagé à rendre une décision rapide par la suite.

Plus d'une quarantaine d'avocats étaient présents au palais de justice hier pour assister à cette cause d'envergure. Des dizaines et des dizaines de cartables et de caisses de documents étaient disposés un peu partout dans la salle, l'une des plus grandes du palais de justice.

Teachers' et ses partenaires -Providence Equity Partners et Madison Dearborn- espèrent toujours conclure le rachat de BCE pendant le deuxième trimestre, soit au plus tard à la fin de juin. La clôture de la transaction était initialement prévue au premier trimestre de 2008.

Jim Leech, qui a remplacé Claude Lamoureux à la tête de Teachers' il y a deux mois, a dit mercredi avoir hâte au jour où BCE sera privatisée et «à l'abri des regards».

Le titre de BCE a terminé la journée en hausse de 1% (35 cents) mercredi à la Bourse de Toronto, à 35,35$.