Naviguant dans un marché en pleine transition, le géant des télécommunications BCE a annoncé hier une baisse de 15 % de son bénéfice net au deuxième trimestre.

Naviguant dans un marché en pleine transition, le géant des télécommunications BCE a annoncé hier une baisse de 15 % de son bénéfice net au deuxième trimestre.

Et même si l'entreprise a rencontré les prévisions des analystes, plusieurs se demandent combien de temps elle réussira à sauver les meubles.

La maison mère de Bell Canada a vu ses profits glisser à 476 millions, ou 53 cents par action, au dernier trimestre contre 563 millions, ou 61 cents par action, à la même période l'an dernier. En retirant les effets des restructurations et de l'impôt, les analystes évaluent le bénéfice à 51 cents par action, au-dessus de la moyenne des prévisions de 49 cents.

Toutefois, l'action de BCE a reculé de 35 cents, ou de 1,35 %, hier pour clôturer à 25,64 $ à la Bourse de Toronto.

Les résultats présentés hier soulèvent en effet des inquiétudes. C'est que Bell sauve les meubles non pas en affichant de bonnes performances dans les domaines d'avenir, mais plutôt en faisant " moins pire que prévu " dans un secteur qui lui glisse entre les mains: les lignes locales de téléphone, dit Marc L'Écuyer, gestionnaire chez Cote 100.

" Ce que je vois, c'est un ralentissement de la croissance dans les services où il y avait de la croissance: Internet, ExpressVu et le cellulaire. On s'attendait à mieux. Et Bell a besoin de ça pour contrebalancer la baisse dans le résidentiel ", dit-il.

BCE a gagné 47 000 nouvelles inscriptions pour son service Internet haute vitesse au cours du trimestre, ainsi que 90 000 nouveaux abonnés au service sans fil et 19 000 du côté de la télévision.

En téléphonie locale, elle continue de subir les contrecoups des compétiteurs comme Vidéotron, qui grugent ses parts de marché en offrant le service via le câble. BCE a perdu 134 000 connexions au cours du trimestre, dans un domaine où les marges de profit sont généralement les plus élevées.

"Vidéotron est clairement un bon compétiteur sur le marché ", a dit hier Michael Sabia, président et chef de la direction de BCE et chef de la direction de Bell Canada, qui qualifie le marché de " sain et compétitif ".

BCE explique être en pleine période de " restructuration ", qui devrait durer jusqu'à l'année prochaine. Ses activités non traditionnelles- Internet, le sans-fil et la télévision- génèrent aujourd'hui 48 % de ses revenus, contre 44 % l'an dernier, et devraient dominer le secteur traditionnel de la téléphonie fixe d'ici la fin de l'année.

La direction soutient maintenir le cap et progresser selon ses plans. À preuve, elle souligne le maintien de ses marges opérationnelles en téléphonie locale malgré la perte de 134 000 abonnés.

" Même s'ils perdent des lignes, je crois qu'ils ont fait un bon travail pour réduire les coûts. Leur marge ne bouge pas d'année en année, et on peut appeler ça un bon résultat ", approuve Greg McDonald, analyste à la Financière Banque Nationale.

" Ça sera difficile à maintenir ", croit par contre le gestionnaire Marc L'Écuyer. Avec une érosion de la téléphonie locale " qui n'est pas près de s'arrêter " et un marché de la téléphonie mobile " qui commence à être un peu saturé ", le gestionnaire se demande d'où proviendra la croissance future de l'entreprise.

" Il ne faut pas s'attendre à de hausses significatives pour cette compagnie à court terme ", croit aussi M. McDonald, de la Financière Banque Nationale, qui souligne toutefois que le dividende de 5 % payé aux actionnaires continue de soutenir le titre en Bourse.

BCE a supprimé 443 postes au deuxième trimestre et près de 1900 depuis le début de l'année sur un total de 3000 à 4000 prévus cette année, dont la moitié par des départs à la retraite. Pour l'instant, les coûts de ce programme de réduction ont amputé le bénéfice net de 50 millions de dollars.

Changements à la direction

Des changements à la direction ont aussi été annoncés hier. Isabelle Courville, présidente, marché des grandes entreprises chez Bell, quitte son poste pour " partir à l'automne dans une importante école de commerce internationale ", mais reste " pleinement une officière de Bell Canada ". Elle est remplacée par Stéphane Boisvert, qui était premier vice-président des ventes mondiales de solutions clients chez Sun Microsystems.

Wade Oosterman, débauché chez Telus, devient président de Bell Mobilité et responsable de la gestion de marque chez Bell.

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