Ceux qui voyagent entre Montréal et Toronto peuvent mettre la main sur de bonnes aubaines par les temps qui courent: un billet d'avion se détaille seulement 69 $ par aller simple, avant taxes et frais.

Ceux qui voyagent entre Montréal et Toronto peuvent mettre la main sur de bonnes aubaines par les temps qui courent: un billet d'avion se détaille seulement 69 $ par aller simple, avant taxes et frais.

C'est la conséquence de l'arrivée de Porter Airlines, le jeune transporteur régional établi à l'aéroport de l'île de Toronto, tout près du centre-ville. Porter inaugurait lundi ses quatre allers-retours par jour de semaine entre l'aéroport Montréal-Trudeau et celui du centre-ville de Toronto.

Cela marque la reprise d'une liaison délaissée il y a trois ans par Jazz, le transporteur affilié d'Air Canada.

Et dès janvier, Porter prévoit doubler sa fréquence à neuf allers-retours par jour. Il n'attend plus que la livraison imminente du quatrième des 10 avions turbopropulsés neufs achetés chez Bombardier Aéronautique.

Mais déjà, cette entrée en scène de Porter bouscule la concurrence dans le couloir aérien le plus achalandé au Canada.

Les transporteurs établis, Air Canada et WestJet, ont vite ajusté les tarifs de base pour certaines envolées au tarif inaugural de 69 $ de Porter, pour un aller simple.

Chez Air Canada, les voyageurs au tarif minimal Tango peuvent retrancher jusqu'à 15 $ additionnels s'ils se privent de points Aéroplan, de bagages enregistrés et de toute modification.

Évidemment, les taxes et frais divers imposés à ces billets d'avion doublent leur prix total, autour de 120 $ par aller simple.

N'empêche, il y a un certain temps que les voyageurs entre Montréal et Toronto n'ont pu profiter de tels tarifs aériens. La dernière fois, ce fut quand Jetsgo a réduit les prix, ce qui s'est terminé par sa faillite abrupte il y a deux ans.

Chez Air Canada, la porte-parole, Isabelle Arthur, a expliqué que la baisse de tarifs face à Porter se voulait une illustration de «notre détermination à rester compétitif sur toutes nos destinations».

«De plus, ajoute-t-elle, dans le triangle aérien entre Toronto, Montréal et Ottawa, nous avons l'avantage de la fréquence des vols et des correspondances.»

En semaine, Air Canada a 24 allers-retours par jour entre Montréal-Trudeau et l'aérogare Un de l'aéroport Pearson à Toronto.

Chez WestJet, le vice-président à la commercialisation, Richard Bartrem, a souligné l'objectif du transporteur «d'offrir les plus bas tarifs au Canada, tout en demeurant rentable».

Lui aussi fait valoir les correspondances de WestJet à l'aérogare Trois de l'aéroport Pearson comme un avantage face à Porter, qui est seul au petit aéroport de l'île.

WestJet a sept allers-retours par jour de semaine entre Montréal et Toronto. Selon M. Bartrem, la moitié des passagers voyagent par affaires.

Mais pour les voyageurs vers le centre-ville de Toronto, sans besoin de correspondance, les vols de Porter ont l'avantage d'une durée de voyage réduite.

Il faut au moins 3 h 30 pour se rendre d'un centre-ville à l'autre avec un vol d'Air Canada ou de WestJet. Cela comprend les trajets en taxi entre les aéroports et chaque centre-ville, en plus des procédures aéroportuaires.

Chez Porter, l'usage du petit aéroport rénové de l'île de Toronto, à quelques minutes en taxi de Bay Street, retranche environ 45 minutes au déplacement d'un centre-ville à l'autre. Cela évite aussi quelques dizaines de dollars en frais de taxi.

Pour Robert Deluce, président-fondateur et coactionnaire de Porter, la proximité du centre-ville de Toronto constitue un important avantage contre Air Canada et WestJet.

«C'est ce qui suscite le plus de bouche-à-oreille positif parmi les voyageurs, au-delà de nos tarifs concurrentiels. Nous l'avons constaté avec nos vols vers Ottawa depuis octobre, où notre achalandage progresse plus vite que prévu», a expliqué M. Deluce à La Presse Affaires, peu après le vol inaugural en provenance de Montréal.

Quant à la réplique tarifaire d'Air Canada et de WestJet, le président de Porter affirme ne pas être surpris. Et ce, même si son plus bas tarif inaugural vers Montréal s'avère inférieur de moitié à celui énoncé il y a quelques semaines à peine.

«Nous avions anticipé une bonne concurrence d'Air Canada et WestJet. Nous avons une gestion très efficace et les meilleurs avions pour y faire face», a soutenu M. Deluce.

«Cela dit, nous sommes à un moment de l'année où les voyages d'affaires diminuent, ce qui amplifie les rabais sur des liaisons comme Montréal-Toronto.»

Par ailleurs, à la société Aéroports de Montréal (ADM), on se réjouit de l'arrivée de Porter. D'autant qu'elle relance des vols vers le centre-ville de Toronto, populaires parmi les gens d'affaires.

«Plus de vols vers Toronto à tarifs plus concurrentiels pourrait convaincre encore plus de voyageurs à prendre l'avion au lieu du train ou de l'automobile, ce qui est bon pour ADM», a indiqué sa porte-parole, Christiane Beaulieu.

Selon ADM, Toronto est la destination de 15 % des vols et de 18 % des passagers partant de Montréal-Trudeau, chaque jour de semaine.

Chez VIA Rail, dont le service d'affaires VIA-1 d'un centre-ville à l'autre risque le plus face à Porter, on se refusait hier à tout commentaire.