Laurent Duvernay-Tardif a officiellement annoncé sa retraite du football professionnel en septembre dernier, mais il vient de propulser sa toute nouvelle carrière d’entrepreneur en ouvrant une quatrième boulangerie Le pain dans les voiles, à Blainville, et avoue candidement adorer cette nouvelle passion qu’il entend cultiver de façon parallèle à la pratique de la médecine.

Samedi dernier, à 9 h 30, les gens ne cessent d’affluer à la boulangerie Le pain dans les voiles qui a tout juste ouvert ses portes deux jours plus tôt, sur le boulevard Curé-Labelle à Blainville.

« C’est malade, depuis trois jours on enregistre un volume qui est 50 % plus élevé que celui de notre boulangerie du quartier Villeray, à Montréal, qui affiche pourtant le plus fort achalandage de nos trois boulangeries », constate avec étonnement et soulagement Laurent Duvernay-Tardif.

Un client avec son jeune enfant s’arrête pour saluer l’imposant joueur de ligne offensive. « On est venus hier et on revient aujourd’hui. C’est bon, ce que vous faites, je pense qu’on est en train de devenir accros », confesse le jeune père de famille avant de laisser la place à son fiston qui demande un autographe au propriétaire des lieux.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Laurent Duvernay-Tardif dans la boulangerie avec l’équipe

La boulangerie n’était pas prévue dans le plan de match de Laurent Duvernay-Tardif, qui en avait déjà plein les bras avec sa carrière de footballeur et de médecin en formation.

Ses parents – tous deux agronomes – avaient vendu en 2006 leur verger et leur vignoble pour réaliser un périple en voilier d’un an avec Laurent, 15 ans, et ses deux sœurs. Les parents décident en 2009 d’ouvrir une boulangerie, de troquer le vin pour le pain, le raisin pour le blé, tout en conservant les principes sacrés de l’agriculture et de la fermentation.

Le couple Duvernay-Tardif ouvre une première boulangerie à Mont-Saint-Hilaire, une deuxième, en 2012, dans Villeray et une troisième à Saint-Bruno-de-Montarville, en 2018.

En 2021, mes parents ont décidé de passer à autre chose et de vendre leur entreprise. Ils me l’ont proposé et j’ai tout de suite accepté, même si ce n’était pas du tout prévu. J’avais le football et la médecine à gérer.

Laurent Duvernay-Tardif

Deux ans et demi plus tard, il estime que cette suractivité a été finalement bénéfique, parce que l’urgence de l’opportunité l’a obligé à déléguer et à revoir tous les processus d’affaires.

« J’étais loin et je ne pouvais pas faire de micromanagement. Je me suis associé à mon ami de toujours et agent Sasha Ghavami et on a racheté les boulangeries en incorporant dans chacune d’entre elles un gérant associé et un maître boulanger comme actionnaires.

« J’ai gardé ce mode de gestion plus macro ; mon rôle, c’est d’avoir la vision et de bien comprendre la perception des clients et de voir au développement », explique le néo-boulanger.

Un premier test

L’ouverture d’une quatrième boulangerie Le pain dans les voiles à Blainville est le premier jalon d’une séquence que souhaitent poursuivre Laurent Duvernay-Tardif et son associé Sasha Ghavami.

« C’est notre premier vrai test. On a choisi le site, on a supervisé la construction, on a négocié avec la banque, on a été chercher les permis à la Ville. J’ai adoré faire ça. On a choisi Blainville pour des raisons démographiques, ça prend une population un peu épicurienne, avec des familles. »

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Laurent Duvernay-Tardif

Si ça marche bien ici, on prévoit ouvrir six autres boulangeries d’ici cinq ans. On n’ouvre pas des franchises, les boulangeries nous appartiennent avec nos partenaires sur place.

Laurent Duvernay-Tardif

« On a le même concept dans chacun des établissements. Avec une gamme de produits obligatoires, une autre secondaire et enfin une autre créative où chaque boulangerie peut proposer ses propres sortes de pain », explique l’actionnaire principal.

Ce qui différencie les produits des boulangeries Le pain dans les voiles, c’est le souci que les parents Duvernay-Tardif ont développé de choisir des blés spécifiquement conçus pour eux.

« Mes parents sont agronomes, ils ont choisi des producteurs locaux pour élever des types de blé bien particuliers. On sait quel blé a servi à la fabrication de chaque pain. On a un producteur à Saint-Marc-sur-Richelieu, la ferme Agri-Vallée, qui cultive seulement pour nous 200 tonnes de blé bio chaque année. On travaille sur des produits santé », précise Laurent Duvernay-Tardif.

Les farines Le pain dans les voiles sont d’ailleurs commercialisées et utilisées par d’autres boulangeries artisanales québécoises et elles sont fabriquées par les Moulins de Soulanges en Montérégie et le Moulin de Charlevoix.

L’entreprise en utilisera 750 tonnes cette année pour alimenter ses quatre boulangeries, seulement de la farine cent pour cent québécoise.

L’ex-joueur de football américain, devenu médecin durant sa carrière professionnelle, a pris une année sabbatique pour pouvoir réaliser la transition entre son ancienne vie d’athlète et sa carrière de médecin. Il reprendra en avril prochain sa résidence en médecine familiale à l’Hôpital général juif de Montréal, étape qu’il prévoit réaliser en 18 mois.

« Je me suis inscrit à la maîtrise en santé publique et je prévois consacrer la moitié de mon temps à la médecine familiale et l’autre à la santé publique en utilisant l’expérience que j’ai acquise dans le football pour faire la promotion de la santé », anticipe l’entrepreneur-médecin.