L’offre de Québec pour obtenir une partie de l’investissement de Honda dans la filière batterie était inférieure de quelques centaines de millions par rapport à celle de l’Ontario, a appris La Presse. C’est d’ailleurs dans cette province que le géant nippon effectuera un investissement titanesque – avec le soutien des gouvernements.

Ce qu’il faut savoir :

  • Honda devrait effectuer un investissement d’électrification d’environ 15 milliards en Ontario.
  • Le Québec souhaitait obtenir une partie du projet : la fabrication de cathodes – le pôle positif d’une batterie lithium-ion.
  • Sa proposition était inférieure de quelques centaines de millions à celle de l’Ontario.

Usine d’assemblage de véhicules électriques à Alliston, complexe de fabrication de batteries et production de matériaux de cathodes ainsi que de séparateurs : les ambitions d’électrification du constructeur automobile japonais seront dévoilées plus tard cette semaine – probablement ce jeudi – et devraient osciller aux alentours de 15 milliards.

Le gouvernement Legault, qui souhaitait obtenir sa part du gâteau, convoitait le volet des cathodes, ce qui représente environ 40 % du coût d’une batterie lithium-ion que l’on retrouve dans les véhicules électriques. Il s’agit du pôle positif d’une batterie.

« Nous avons tenté de les attirer, mais il y avait une limite financière où nous étions prêts à aller pour les convaincre », affirme une source gouvernementale au fait du dossier, mais qui n’est pas autorisée à s’exprimer publiquement.

Selon nos informations, l’écart entre ce qui avait été mis par Québec et l’Ontario pour l’usine de cathodes de Honda atteindrait plusieurs centaines de millions. Au moment d’écrire ces lignes, il n’avait pas été possible d’obtenir plus de détails. En mars dernier, La Presse avait fait état des demandes financières particulièrement élevées de la multinationale établie à Tokyo.

Moyens plus modestes

Le gouvernement Legault discutait avec Honda depuis plusieurs mois. Le nom du constructeur automobile figure au registre québécois des lobbyistes depuis l’été dernier à propos de la « filière des véhicules électriques ». Québec souhaitait attirer Honda dans le parc industriel de Bécancour, où General Motors (GM) et Ford construisent actuellement des usines de matériaux de cathodes.

Dans un contexte budgétaire marqué par un déficit record au Québec (11 milliards), il était plus difficile de reproduire des aides financières aussi généreuses que par le passé. Pour l’usine québécoise de Ford, le gouvernement Legault avait offert 320 millions sous forme de prêt sans intérêt, dont une bonne partie risque de se transformer en prêt-subvention. Dans le cas de GM, l’aide de Québec atteint 152 millions.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Pierre Fitzgibbon

Mardi dernier, à l’occasion de l’étude des crédits budgétaires du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, le ministre Pierre Fitzgibbon avait laissé entendre que l’approche de Québec risquait de changer à l’endroit de la filière batterie, qui représente 16 milliards en projets annoncés jusqu’à présent.

« Ça pourrait arrêter à 16 [milliards], mais je crois que ça va aller à 20 milliards et là on commencera à possiblement être plus rigoureux sur le [soutien] financier de par le fait qu’après avoir bâti notre notoriété, on sera capables d’être moins généreux. »

Bien plus que Volkswagen

Le premier ministre ontarien, Doug Ford, a lui-même confirmé l’investissement d’électrification de Honda. Dans le cadre d’une conférence des Premières Nations, M. Ford a indiqué qu’une annonce était imminente.

« Cette semaine, nous avons conclu un nouvel accord et il s’agira du plus important de l’histoire du Canada, a dit M. Ford. Il sera deux fois plus important que celui de Volkswagen. Restez à l’écoute, nous l’annoncerons cette semaine. »

PHOTO NATHAN DENETTE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Doug Ford, premier ministre de l'Ontario

L’usine de Volkswagen, qui doit être construite à St. Thomas, en Ontario, doit coûter environ 7 milliards.

Reste à voir quelle sera l’ampleur du soutien financier offert à Honda par Queen’s Park et Ottawa. Volkswagen et Stellantis ont eu droit à des milliards de dollars en subventions à la production pour leurs usines de batteries, puisque le gouvernement Trudeau voulait éviter de se faire damer le pion par l’Inflation Reduction Act (IRA) américain. Le même mécanisme avait été déployé au Québec avec le fabricant de cellules de batteries Northvolt.

Tout indique que l’aide à Honda s’effectuera par le truchement de moyens plus traditionnels, comme des prêts et des crédits d’impôt. Déposé la semaine dernière, le budget de la ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, annonçait un crédit d’impôt de 10 % pour l’investissement dans la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques.

Cette mesure concerne le coût des bâtiments liés à la production de véhicules électriques, à condition que l’entreprise investisse dans l’assemblage, la production de batteries et la production de matériaux actifs de cathodes au Canada – ce que Honda s’apprête à faire.

À cela s’ajoute un crédit d’impôt de 30 % pour l’investissement dans la fabrication de technologies propres sur le coût des nouvelles machines et des nouveaux équipements.

Avec la collaboration de Francis Vailles, La Presse, et La Presse Canadienne

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    Usines de batteries qui seront construites en Ontario en tenant compte de Honda.
    Source : la presse