La firme d’ingénierie Norda Stelo, anciennement connue sous le nom de Groupe Roche, poursuit depuis 2019 un nouveau cycle d’expansion qui a amené l’entreprise à réaliser quatre acquisitions au cours des trois dernières années. Son président, Alex Brisson, n’est pas près de mettre fin à cette séquence consolidatrice puisqu’il prévoit réaliser de nouvelles transactions au cours des prochains mois.

Si Norda Stelo a plus de 60 ans d’existence, c’est en 2019 que l’entreprise a achevé sa transformation après les années troubles post-commission Charbonneau et les accusations pénales qui ont été portées contre la firme et certains de ses dirigeants, notamment pour fraudes fiscales.

« C’est en 2019 qu’on a fini de régler avec les anciens actionnaires de la firme et qu’on a réglé les poursuites qui pesaient sur nous. On a fini de payer les amendes du Bureau de la concurrence et du Bureau des élections l’an dernier. On s’est refait une virginité et on a pu repartir sur de nouvelles bases dans des marchés de niche », explique Alex Brisson.

Le Groupe Roche employait 1800 personnes et réalisait des revenus de 180 millions, en 2010, un an avant les débuts de la commission Charbonneau. En 2016, l’entreprise renommée Norda Stelo ne comptait plus que 600 employés et enregistrait des revenus de 60 millions.

« On a délaissé toutes les activités d’ingénierie municipale et du bâtiment qui nous avaient fait très mal pour nous concentrer dans les secteurs manufacturiers, miniers, de l’énergie et du transport maritime et ferroviaire. Durant quatre ans et demi, on a été sur les comptes spéciaux de notre institution bancaire.

« C’est en 2019 qu’on a stabilisé nos opérations avec des règles de gouvernance très claires, avec un plan de croissance axé sur la durabilité et la résilience des actifs en infrastructures des entreprises. Depuis quatre ans, on enregistre une profitabilité à double décimale », précise le PDG.

Au fil des ans, Norda Stelo s’est spécialisée dans la maintenance, la mise à jour et l’optimisation des équipements de grands acteurs industriels, notamment Rio Tinto pour qui elle réalise l’entretien de toutes ses alumineries au Saguenay et de ses opérations de fer sur la Côte-Nord.

« Notre association est telle qu’on est aussi responsable des actifs de Rio Tinto en Nouvelle-Calédonie, à Madagascar et à Salt Lake City dans la plus grande mine de cuivre au monde », ajoute Alex Brisson.

Norda Stelo fait aussi l’examen régulier et la réparation de grandes infrastructures telles que le pont Victoria ou le pont de Québec. Elle s’occupe aussi de toutes les activités portuaires de transbordement de minerai au port de Sept-Îles.

« On n’est pas à l’avant-scène des projets, on gère les actifs d’équipement et d’infrastructure. On participe à leur mise à jour et à leur transformation dans le temps », précise le PDG.

Croissance par acquisition

Cette spécialisation de la firme dans la durabilité des actifs l’a poussée à faire l’acquisition en 2021 d’une jeune pousse en intelligence artificielle de Québec qui compte 34 programmeurs et qui a conçu une plateforme d’IA capable de prédire la dégradation des actifs en infrastructure.

« Quand tu peux donner une deuxième vie à un édifice ou à une cheminée d’usine parce que tu es intervenu à temps, tu as un impact environnemental. Notre plateforme Stelar en IA peut faire un bilan de santé dynamique des actifs manufacturiers. On fait partie des solutions pour réaliser la transition énergétique », avance Alex Brisson.

En juin dernier, Norda Stelo a fait l’acquisition de la firme Planifika de Québec, spécialisée dans la gestion des actifs, avant d’annoncer en décembre l’acquisition de CWA de Vancouver, une firme spécialisée dans la réalisation de projets d’envergure et de projets sur sites vierges. L’entreprise regroupe une centaine d’ingénieurs.

« On est devenu une firme capable de servir un client de la mine jusqu’au port, dans toutes les étapes de la production. Avec l’acquisition de CWA à Vancouver, on a élargi notre présence aux deux océans », constate le PDG.

Enfin, il y a un mois, le groupe d’ingénieurs a annoncé l’acquisition de la firme InnovExplo de Val-d’Or qui compte 45 employés spécialisés dans la géologie des métaux critiques.

L’entreprise est active en amont de l’industrie minière puisqu’elle exécute notamment les rapports de confirmation de teneur et de potentiel d’exploitation de gisements de minéraux et d’impacts environnementaux.

« On va être encore plus impliqué dans la transition énergétique en participant à l’identification et l’exploitation de gisements de minéraux critiques tels que le lithium, le graphite ou le scandium », observe Alex Brisson.

Après son passage à vide au début des années 2010, Norda Stelo a repris en main son destin en épurant ses activités et en renforçant ses règles de gouvernance. Les revenus qui étaient tombés à 60 millions en 2016 sont aujourd’hui de plus de 155 millions.

L’entreprise compte maintenant plus de 900 employés répartis dans de nombreuses villes du Québec, à Toronto, à Vancouver, en Nouvelle-Calédonie, à Madagascar, en Afrique du Sud et aux États-Unis.

Norda Stelo veut poursuivre son plan de croissance et continuer à opérer dans des marchés de niche en réalisant d’autres acquisitions au Canada, aux États-Unis et en Europe, assure son PDG.

« La Caisse de dépôt a participé au financement de nos deux dernières acquisitions par la voie de prêts, mais il n’est pas exclu que la Caisse devienne un jour actionnaire de Norda Stelo. On verra », évalue Alex Brisson.