Tous les vendredis, une personne de la communauté des affaires se dévoile dans notre section. Cette semaine, Christiane Germain, coprésidente du Groupe Germain et dragonne de l’émission Dans l’œil du dragon, répond à nos questions.

Que traînez-vous toujours dans votre sac ?

Il faut que je sois toujours prête à partir n’importe où dans le monde, alors j’ai toujours mon passeport avec moi.

Avez-vous un mantra ?

Sortir de ma zone de confort tout le temps. C’est important pour moi de faire des choses que je n’ai jamais faites. Si la vie me donne cette opportunité, je vais sauter sur l’occasion.

Votre meilleur investissement ?

Quand j’ai acheté un billet d’avion pour aller à New York en 1986. À cette époque, quand on cherchait des idées, on allait s’inspirer sur place. Il n’y avait pas l’internet ! J’étais avec mon frère et on a vu l’hôtel Morgans dans Madison Avenue, le tout premier hôtel-boutique au monde qui avait ouvert deux ans plus tôt. C’est là que tout a commencé.

Votre plus grande réussite sportive ?

Quand j’ai fait l’ascension du M’Goun dans le Haut Atlas central au Maroc, il y a plus de 10 ans. Ce n’est pas la montagne la plus haute au monde, mais la surface est très difficile à marcher et j’ai fait l’ascension en installant moi-même ma tente tous les soirs. J’ai fait d’autres montagnes, or le sommet du M’Goun a été mon plus grand défi physique.

Comment vous débranchez-vous ?

Je prends des saunas et je m’en vais ensuite dans le lac glacé. C’est incroyable ! Je peux t’assurer que quand tu es dans la glace, tu ne penses à rien d’autre. Entrer dans l’eau, vivre le choc thermique, ton cerveau se débranche. Ça fait du bien et c’est bon pour tout le monde. Sinon, marcher en forêt m’aide à me débrancher. Je tente aussi de montrer l’exemple à mes petits-enfants et de ranger mon cellulaire quand je suis en leur compagnie.

La retraite idéale ?

Je n’ai pas une notion de retraite très importante. C’est sûr qu’en vieillissant, on pense à ralentir et il y a trois mots qui me viennent en tête : la santé, le plaisir et le partage. Le partage des connaissances et de l’amitié. Tout le temps de ma carrière, les choses se sont passées vite, ma vie va vite. Pendant des années, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour partager des moments avec mes amis et j’arrive dans une période de ma vie où je souhaite avoir ce temps avec eux. J’accompagne aussi des entrepreneurs et j’aime vraiment ça.

Qui admirez-vous dans le monde des affaires ?

Lise Watier. Quand elle venait à Québec, elle prenait rendez-vous au même salon de coiffure que moi. Je la voyais et j’étais bien impressionnée ! Quand on regarde ce qu’elle a fait et au moment où elle l’a fait... Être nommée « Homme d’affaires du mois » en 1983 par exemple, il faut le faire ! Je l’ai connue il y a quelques années et je la fréquente à l’occasion. C’est une femme remarquable, elle est toujours disponible et de bon conseil. C’est quelqu’un pour qui j’ai énormément d’admiration.

Que faites-vous quand vous avez besoin de trouver une idée ?

Je conduis. J’aime beaucoup conduire. J’aime beaucoup la route. J’aime être dans ma voiture. C’est probablement le seul moment où je ne peux faire qu’une seule chose. Je ne suis pas quelqu’un qui va s’arrêter, qui va griffonner sur du papier et qui va dire : il faut que je trouve une idée là-dessus. Je mets ça dans ma tête et je le laisse aller. Puis quand je conduis, les idées arrivent.

Quelle phrase ne pouvez-vous plus supporter ?

Ça ne marchera pas. Tu veux faire quelque chose et la personne te dit : ça ne marchera pas. Ça se produit souvent, parce que les gens sont réfractaires au changement. Je leur réponds alors plutôt : essayons de trouver une solution pour que ça fonctionne.

Un bon patron, c’est quelqu’un qui…

Écoute. Je ne suis pas certaine que j’ai toujours su écouter... Quand j’ai commencé, mes modèles étaient des hommes et on n’était pas dans le mode écoute, mais dans celui « fais ce que je te dis ». J’ai évolué beaucoup. Ce qui existait cependant et qui m’avait été transmis par ma famille, c’était d’être juste et équitable. C’est important. Pour en revenir à l’écoute, un patron va connaître des éléments dans l’organisation desquels l’employé est plus ou moins au courant, mais à partir du moment où tu écoutes et tu enregistres ce que les gens te disent, tu peux adapter ta décision pour que les employés te suivent. Un bon patron, c’est quelqu’un qui amène les gens avec lui à faire grandir l’entreprise et c’est aussi quelqu’un qui crée des emplois qui feront grandir les gens.

Qui est Christiane Germain ?

Christiane Germain est coprésidente avec son frère Jean-Yves de l’entreprise familiale Germain Hôtels, qui possède 19 hôtels au Canada sous les enseignes Le Germain, Alt et Escad.

Elle est aussi présidente du conseil d’administration du Musée national des beaux-arts du Québec.

Elle est issue d’une famille d’entrepreneurs ; ses parents Victor et Huguette deviennent propriétaires d’une tabagie doublée d’un comptoir-lunch, le Buffet Henri-IV, en 1957.

Au milieu des années 1970, leur père crée Casot, une entreprise immobilière de plus de 1000 logements (vendus en 2003) et 600 000 pieds carrés d’immeubles commerciaux alors que Christiane et Jean-Yves font leurs classes dans divers restaurants, dont Fiacre, Saint-Honoré, Cousin et Cousinière.

Avec son frère, elle fonde Germain Hôtels en 1988 et ouvre le premier hôtel-boutique au Canada, le Germain-des-Prés (maintenant l’hôtel Alt Québec).

L’hôtel Le Germain Québec (auparavant Dominion 1912) voit le jour en 1997, celui à Montréal en 1999 et le premier hors de la province en 2003 à Toronto.

Les hôtels Alt, écoresponsables et avant-gardistes, sont lancés à partir de 2007.