Q : Je travaille pour un OBNL en santé où il y a eu des conflits entre les cinq générations du personnel. Une personne de la génération Z est une fervente antiraciste, anticapitaliste, anti-establishment et anticolonialiste. Ce ne sont pas nécessairement ses opinions qui sont le problème (certaines sont bien alignées sur les valeurs de notre organisme). C’est la manière : cette personne s’est mis à dos ses collègues en envoyant des courriels très militants et des liens non sollicités et en mettant des affiches défendant ses causes dans la salle à manger.

Elle donne l’impression d’être imbue d’elle-même, de juger tout le monde et, parfois, d’être naïve. Après des conversations avec elle, les gens se sentent parfois mal informés ou stupides. C’est son premier emploi après l’université. Quand on a roulé un peu sur le marché du travail, on comprend que tout le monde n’a pas les mêmes opinions et que c’est normal. Comment peut-on concilier son désir d’exprimer et de défendre ses revendications avec la nécessité de rester tous concentrés sur les tâches à accomplir, tout en maintenant des limites professionnelles et un environnement de travail positif pour tous ? – ANONYME

: Je ne suis pas certaine que votre problème soit générationnel. Votre jeune Z est manifestement passionnée par la justice sociale, et je suis heureuse que votre OBNL soit disposé à créer un espace où elle peut s’épanouir pleinement. Mais elle doit aussi apprendre quand (et comment) exprimer son militantisme au travail, tout en assumant ses responsabilités professionnelles et en respectant les limites d’autrui. Asseyez-vous avec elle et dites-lui ce que vous avez écrit dans votre lettre. Dites-lui que vous n’essayez pas de la changer, mais qu’on ne partage pas ses opinions dans le vide : si elle veut que les gens respectent ses convictions, elle doit également respecter les leurs.

Elle doit aussi accepter que certains n’aient pas sa passion ou ne veuillent pas discuter de ces choses au travail. Vous êtes engagés dans un projet professionnel, non dans une cause. On peut et on doit apprendre les uns des autres, mais toutes nos interactions ne doivent pas être intensément didactiques. Enfin, elle a été engagée pour faire un travail. Elle ne doit jamais perdre de vue cette réalité.

L’étiquette à distance

Q : J’ai vécu en Californie pendant huit ans, jusqu’à ce que mon frère ait le cancer et que je déménage en Arizona pour m’occuper de lui. J’avais un nouveau poste depuis six mois quand le diagnostic est tombé et mon entreprise m’a proposé de travailler à distance. Je retourne en Californie pour le travail quatre ou cinq fois par an. Lors d’une réunion Zoom récente, j’ai été invité à prendre l’apéro avec les collègues, et on a mentionné la nécessité de « socialiser » avec mes collègues en dehors du travail quand je suis en Californie.

Durant ces voyages, en dehors de mes heures de travail, je veux voir mes vieux amis et ma famille, pas passer du temps avec les collègues. Mais je me sens mal à l’aise de dire non : c’est l’entreprise qui paie mon vol. Suis-je plus obligé de faire du social avec les collègues parce que mon employeur paie le voyage ? Puis-je être honnête et dire que je préfère passer du temps avec mes collègues seulement au bureau ou dois-je mentir et dire que je suis occupé tous les soirs ? – ANONYME

R : En Californie, votre seule obligation est de faire votre boulot. Ils paient votre vol pour que vous fassiez ça. Personne n’a de droit sur votre temps libre. D’après moi, vos collègues essaient de vous mettre à l’aise en vous invitant, en pensant que vous ne connaissez peut-être personne dans la région. Vous pourriez certainement être honnête et dire que vous ne voulez pas sortir avec eux, mais à quoi bon créer des tensions inutiles ? Voici une autre version de la vérité : vous avez déjà des projets pour la soirée pendant que vous êtes là, mais vous appréciez beaucoup leur généreuse invitation.

Tout ce que je veux, c’est m’en aller

Q : J’ai été licencié il y a deux ans et, depuis, je passe d’un emploi à l’autre. Je veux quitter mon emploi actuel, mais je me sens pris au piège. J’ai accepté ce job parce que j’en avais besoin, mais je pensais aussi que ce serait simple. J’aurais dû gratter un peu plus et voir les voyants rouges s’allumer durant l’entrevue. Le salaire était trop élevé pour le poste, et je savais qu’il y avait un os.

Après un mois, ma patronne a commencé à faire des remarques sur le fait que, lorsqu’elle partirait, je serais responsable de ceci et de cela. Il n’en avait pas été question lors de l’entrevue. Je suis dans ce poste depuis un an et, malgré des moments où je me suis dit « peut-être que je peux le faire », mon sentiment dominant est « je ne veux plus travailler ici ». J’aperçois un avenir où j’aurai sur le dos des responsabilités pour lesquelles je n’ai ni expérience ni intérêt. J’ai l’impression de m’être fait rouler. Je ne sais pas quoi faire. J’ai 45 ans, j’aurais dû prendre de meilleures décisions professionnelles, mais la vie est trop courte pour supporter une situation dont je ne veux pas. Comment puis-je entamer une discussion franche tout en restant professionnel, diplomate et serviable ? – ANONYME

R : Une discussion ? Pour quoi faire ? Vous haïssez votre travail. Vous ne voulez pas de responsabilités dans des domaines auxquels vous ne connaissez rien. La seule discussion qu’il vous faut, c’est avec un orienteur. Vos erreurs, c’est du passé. Et maintenant que vous cherchez ailleurs, quel excellent moment pour déterminer ce que vous voulez vraiment faire et ce que vous devez faire pour atteindre votre objectif. Une formation professionnelle vous aiderait-elle ? Voulez-vous changer de carrière complètement ?

En examinant vos options, établissez une liste de questions qui vous aideront à trouver ce qui vous convient le mieux. Prenez votre temps. Soyez ferme et résolu. Ne vous laissez pas convaincre que vous êtes la seule personne, hormis votre patronne, à pouvoir accomplir le boulot qu’on veut vous confier. C’est à votre patronne – ou à son patron à elle – de trouver son remplaçant, pas à vous. Je vous souhaite bonne chance. Trouvez un travail qui vous rendra plus heureux. Vous avez raison, la vie est trop courte pour rester coincé dans une situation intenable.

Cet article a été publié à l’origine dans le New York Times.

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