Bruno Massicotte, professeur en génie civil à Polytechnique Montréal, est étonné que la collision de mardi ait provoqué la perte du pont Francis Scott Key à Baltimore. La Presse lui a parlé.

Q. Comment expliquez-vous que le pont Francis Scott Key se soit effondré si rapidement ?

R. Le problème n’était pas situé au niveau du pont. Le pont a été conçu pour résister aux ouragans, au trafic, à la charge du pont. Le pont a été en service pendant plus de 45 ans, et tout semble indiquer qu’il était adéquat.

Mais ce qui est surprenant c’est que le pont ait été si vulnérable à un choc venant du trafic maritime. On dirait qu’il n’y avait aucun élément de protection pour protéger les piliers du pont, ou alors qu’ils étaient très petits ou inefficaces.

Q. À quel genre de protection faites-vous référence ?

R. Ce serait souvent trop coûteux de faire en sorte que les piliers d’un pont puissent résister à un choc provenant du trafic maritime. Alors la solution est de mettre une protection qui prévient les collisions. Par exemple, on peut mettre des îlots qui forment de grosses structures à fleur d’eau autour des piliers du pont. Ces îlots vont agir comme des amortisseurs que l’on voit sur le réseau routier près des sorties d’autoroute. Ces protections sont là pour absorber l’énergie lors d’un impact. Il faut que l’énergie aille quelque part. Souvent, le bateau va se briser. Ça arrête net.

Dans ce cas-ci, ça semble avoir été inexistant, alors qu’on parle d’un pont situé aux États-Unis, dans une voie de navigation importante. Pour un ingénieur, qu’un pont soit petit ou soit grand, ça ne fait pas de différence. Il faut le protéger, il faut penser à tous les scénarios.

Q. Croyez-vous que d’autres ponts semblables sont vulnérables à ce type d’accident ?

R. Si j’étais propriétaire d’ouvrage, je demanderais ce matin à mes ingénieurs si on a des ponts comme ça. Le pont de Québec a d’ailleurs été heurté il y a plusieurs années par un bateau qui avait un problème de gouvernail. Mais les dommages ont été plus importants pour le bateau que pour le pont (la Corporation de Gestion de la Voie Maritime du Saint-Laurent [CGVMSL] a dit mardi que les ponts du Saint-Laurent étaient « sûrs et efficaces »).

Parfois, ça peut être un bateau de plaisance qui va heurter un plus petit pont. Ce n’est pas impossible d’avoir un impact. Il faut se poser la question. Les ingénieurs, normalement, y ont pensé. Je pense que la vidéo de Baltimore va être vue partout dans le monde et que les gens vont en tirer des conclusions importantes.

Que faire si notre voiture plonge dans l’eau ?

Les images du pont de Baltimore qui s’effondre ont mis à l’avant-plan l’un des pires scénarios pour les automobilistes : un plongeon dans l’eau à bord d’un véhicule motorisé. Le Washington Post a demandé mardi à un expert quoi faire si cette situation se produisait. La réponse : l’acronyme CFSE :

  • Ceintures de sécurité enlevées
  • Fenêtres ouvertes
  • Sortez immédiatement
  • Enfants en premier

On dispose de plus ou moins une minute si notre véhicule atterrit dans un plan d’eau avant qu’il ne soit englouti. La première chose à faire est de retirer sa ceinture de sécurité et d’ouvrir les fenêtres : le système électrique de la voiture devrait fonctionner puisque la voiture était en marche. Il est recommandé de faire sortir les enfants en premier. Ensuite, on a dix minutes de nage avant d’être épuisé. Les gens peuvent généralement passer une heure dans l’eau froide avant de perdre conscience en raison de l’hypothermie, selon le quotidien.