La ville américaine a en plus été en mesure de conclure une entente pour plusieurs années

À sept mois de la venue des Kings de Los Angeles dans la Vieille Capitale, Québec a déjà déboursé 2,5 millions pour financer l’évènement. À Salt Lake City, qui rêve aussi à la LNH, on vient de s’entendre avec l’équipe californienne pour qu’elle dispute un match préparatoire dix jours avant son passage au Centre Vidéotron, sans l’aide de l’État ni de la Ville.

La capitale de l’Utah continuera d’être le théâtre d’une visite des Kings avant le coup d’envoi de la saison régulière, puisque le « Frozen Fury » – le nom donné à l’affrontement – vient de faire l’objet d’une entente de plusieurs années visant à prolonger la tenue de l’évènement.

« Ni Salt Lake City ni l’État de l’Utah n’ont été impliqués dans l’organisation du Frozen Fury ou dans la capacité du Delta Center à accueillir l’évènement », souligne la directrice des communications du Jazz de l’Utah, Caroline Klein, dans un courriel envoyé à La Presse.

Cette franchise de la NBA ainsi que l’amphithéâtre appartiennent au Smith Entertainment Group (SEG), à l’origine d’une sortie publique, en janvier dernier, demandant au circuit Bettman de lui accorder une équipe d’expansion. Le partenariat entre SEG et les Kings, qui a mené à la présentation d’un premier match en 2018, émane d’un cold call.

« Notre vice-président responsable des évènements [Mark Powell] a tout simplement appelé Luc Robitaille [le président des Kings] et lui a soumis l’idée d’organiser un évènement des Kings chez nous, écrit Mme Klein. Ils ont tissé un lien d’amitié, puis Luc a finalement exprimé son intérêt et ils ont conclu un accord. »

Les pourparlers ne sont pas allés aussi loin dans le cas de Québec. Le gouvernement Legault a confirmé que le scénario d’une entente pluriannuelle n’avait pas été étudié, a fait savoir par courriel Claudia Loupret, attachée de presse du ministre des Finances Eric Girard – à l’origine de l’annonce de la subvention controversée. En raison de rénovations dans leur amphithéâtre au cœur de Los Angeles, les Kings ne peuvent disputer de matchs préparatoires à domicile avant le début de la prochaine saison régulière.

Partisans, sans subvention

Contactés par La Presse, les différents ordres de gouvernement de l’Utah se sont dits favorables à un élargissement des horizons du sport professionnel à Salt Lake City. Le discours était toutefois différent à propos du soutien financier public.

Cela contraste avec la stratégie du gouvernement Legault, qui a accepté de mettre entre 5 et 7 millions sur la table sous la forme d’une subvention afin d’éponger les dépenses excédentaires du séjour des Kings à Québec en octobre prochain – une décision qui a suscité un tollé dans l’opinion publique ainsi qu’un malaise chez les députés de la Coalition avenir Québec.

Du hockey de la LNH aurait également pu être présenté à coût nul pour les contribuables québécois, puisque le Canadien de Montréal avait offert d’aller jouer à Québec sans demander de soutien financier public. La Presse avait également rapporté, en novembre dernier, que des endroits comme Halifax, Wichita (Kansas) et Independence (Missouri) avaient accueilli le circuit Bettman avant le coup d’envoi de la saison sans verser un sou.

Le passage des Kings en territoire québécois prévu l’automne prochain sera plus long que l’arrêt à Salt Lake City, où un seul match sera disputé, le 23 septembre. À Québec, la formation californienne s’installera au Centre Vidéotron du 2 au 6 octobre, le temps de deux affrontements – contre les Bruins de Boston et les Panthers de la Floride – en cinq jours.

À Salt Lake City, les billets sont en vente depuis le 16 février dernier. Jusqu’à présent, l’engouement des partisans pour le match préparatoire se compare à celui de Québec, selon les observations de La Presse.

Même s’il est organisé par des promoteurs privés, le Frozen Fury bénéficie néanmoins d’une forme de soutien public venant de l’Utah Sports Commission. Chaque année, cet organisme à but non lucratif – financé en partie par l’État – commandite plusieurs dizaines d’évènements, comme des compétitions de ski acrobatique ou de patinage de vitesse et des tournois de golf professionnel.

Selon des rapports fiscaux des dernières années consultés par La Presse, les dépenses de commandite de cette commission pour l’ensemble des évènements oscillent généralement entre 2 et 5,5 millions US par an.

« Nous maintenons la confidentialité des montants investis dans le parrainage d’évènements », a répondu la vice-présidente aux communications de l’Utah Sports Commission, Bridget Farfel, en réponse à une question visant à avoir une idée de l’ampleur de l’aide offerte par l’organisme.

Deux approches

Québec et Salt Lake City s’y prennent donc de manière différente pour passer leur message au circuit Bettman. Directeur général de la pratique d’évaluation chez IJW & Co, Drew Dorweiler penche pour l’approche américaine.

« Cela témoigne de l’engagement des promoteurs à Salt Lake City, dit ce financier montréalais. Même s’il y a un déficit, ils paieront de leur poche. Ça ne sera pas les contribuables. Ils joignent le geste à la parole. Je ne crois pas que l’on ait besoin de l’argent des contribuables à Québec pour organiser des rencontres préparatoires. »

Au cours de sa carrière, M. Dorweiler a agi comme consultant pour un groupe de Houston, qui n’avait finalement pas déposé d’offre lors du processus d’expansion de 2015-2016.

Par ailleurs, selon le contrat conclu entre le ministre Eric Girard et la division sports et divertissement de Québecor, deux versements totalisant 2,5 millions ont déjà été effectués à l’exploitant du Centre Vidéotron. Avant même l’arrivée des Kings dans la Vieille Capitale, 5 millions auront déjà été déboursés, d’après le document obtenu en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels. Ce troisième paiement devra s’effectuer « au plus tard 35 jours ouvrables précédant le premier jour du camp d’entraînement » des Kings, peut-on lire.

Le paiement final de 2 millions s’effectuera une fois qu’un « rapport préliminaire comptabilisant les dépenses de l’évènement » aura été remis à M. Girard. En échange, si les pertes sont inférieures au montant maximal de la subvention, la différence devra être remboursée par Québecor.

Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse

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    Places assises du Centre Vidéotron en configuration hockey
    Centre Vidéotron
    14 000 places
    Capacité d’accueil du Delta Center de Salt Lake City pour un match de hockey
    Delta Center