Les augmentations de prix seront moins élevées, mais ne disparaîtront pas des allées d’épicerie cette année, selon le grand patron de Metro. Pendant ce temps, à Ottawa, le gouvernement fédéral fait un appel du pied aux enseignes d’épiceries étrangères pour favoriser une plus grande concurrence.

Les consommateurs dont la facture d’épicerie ne cesse de gonfler n’auront vraisemblablement pas de pause au cours de la prochaine année. Bien que le nombre de demandes d’augmentation de prix que les fournisseurs ont formulées à Metro ait diminué, celles-ci n’ont pas disparu et continueront à se refléter sur les tablettes.

« Il y a 60 % de moins de demandes de nos fournisseurs, et les taux sont dans les un chiffre et non plus dans les deux chiffres », a affirmé mardi le président et chef de la direction de Metro, Eric La Flèche, lors d’un point de presse virtuel à l’occasion de la présentation des résultats pour le premier trimestre de l’exercice 2024, qui s’est terminé le 23 décembre 2023.

Un peu plus tôt dans la journée, la société avait tenu son assemblée générale annuelle avec les actionnaires.

Du 1er novembre au 1er février, les grandes enseignes entrent en période de gel (black out), ce qui signifie qu’elles n’acceptent aucune demande de hausse de prix de la part de leurs fournisseurs. Alors que ce gel prendra fin jeudi, M. La Flèche mentionne qu’il y a des demandes « dans le système ».

Moins élevées et en moins grand nombre, elles ne se traduiront toutefois pas par une baisse du prix du panier d’épicerie. « [En ce qui concerne] les produits frais, les fruits et légumes, les viandes, ça varie en fonction des marchés chaque semaine, souligne-t-il. Ça monte, ça baisse. Du côté des produits d’épicerie, c’est difficile de prédire une baisse de prix sur la tablette. On continue à recevoir des augmentations de prix, en moins grand nombre, pour de moins grands montants, mais c’est quand même des augmentations. »

« Quand on a une augmentation, avec le temps, elle va se refléter sur la tablette, alors il va y avoir des augmentations graduelles, a-t-il ajouté. La bonne nouvelle, c’est que ça va être des augmentations plus normales et moins hautes que ce qu’on a vu dans les deux dernières années. »

Super C et les marques privées

Chose certaine, la popularité de Super C, qui gagne des parts de marché, et l’engouement pour les produits de marques privées illustrent bien cette volonté des consommateurs sans cesse à la recherche d’aubaines.

« On a ouvert plus [de Super C] depuis un an et demi, deux ans, et il y en a d’autres qui sont prévus, assure le grand patron de Metro. On n’a pas un programme massif de conversion de Metro à Super C. Il pourrait y avoir une, deux ou trois conversions par année. À cela s’ajoutent quelques nouvelles ouvertures. On a ouvert trois nouveaux Super C dans le dernier trimestre. »

Dans le palmarès Wow sur l’expérience en magasin, réalisé par Léger, Super C est l’enseigne à escompte qui performe le mieux, devant Maxi. Est-ce une surprise pour le principal intéressé alors que la chaîne mise davantage sur les bas prix que sur l’ambiance et le décor ?

« Tout est relatif, répond-il. L’expérience que les gens retrouvent est simple, efficace et honnête. Je pense que les gens s’y retrouvent. C’est propre, il y a de la marchandise, les produits sont frais. Les clients s’attendent à ça et ils l’obtiennent, alors ils nous donnent une bonne note. Ils ne s’attendent pas nécessairement à un grand écart ou du grand service, évidemment. J’imagine que les gens donnent un pointage en fonction de leurs attentes. »

Arrivée d’un acteur étranger ?

Pendant ce temps, à Ottawa, le ministre des Sciences, de l’Innovation et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, n’a pas caché sa déception face à l’attitude des grands épiciers. Il leur reproche notamment leur manque de transparence à propos des mesures visant à diminuer la facture au supermarché. Mardi matin, peu avant la réunion du Cabinet, M. Champagne a déclaré avoir eu des discussions avec des représentants de chaînes étrangères afin que celles-ci ouvrent des magasins au pays dans le but de favoriser une saine concurrence.

« On regarde pour des acteurs étrangers. J’étais en conversation avec une de ces bannières-là ce matin [mardi], a dit le ministre tout en refusant de donner des noms. Ce n’est pas facile. Si c’était facile, ça aurait déjà été fait. Ça vaut la peine d’essayer. Ce qui va faire la différence au Canada, c’est d’avoir plus de concurrence. Il y a déjà des pourparlers. Est-ce que ça va aboutir ? Je ne le sais pas. »

« Je considère qu’on œuvre dans une industrie très compétitive, a pour sa part répliqué Eric La Flèche. Les joueurs internationaux, multinationaux, ils sont déjà présents au Canada : Walmart, Costco et Amazon. Ce ne sont pas les plus petits joueurs. Il y a une foule de joueurs indépendants de toutes sortes. On est dans une industrie, à mes yeux, qui est très compétitive. »

Rexall

À propos d’une possible acquisition par Metro de la chaîne de pharmacies Rexall, détenue par la société américaine McKesson, M. La Flèche a refusé de s’avancer. « Comme investisseur, on demeure à l’affût des opportunités d’acquisition au Canada en pharmacie et en alimentation. Oui, on a la marge de manœuvre. Notre bilan est en très bonne santé. Il n’y a rien qui nous empêche de faire des acquisitions. »

Assemblée en mode hybride

Par ailleurs, l’assemblée générale et le point de presse se sont déroulés en mode virtuel. Les actionnaires ont proposé que le mode hybride soit adopté pour l’an prochain. Une demande à laquelle le grand patron de Metro ne semble pas fermé. « On a tenu des assemblées virtuelles depuis la COVID, comme tout le monde, a-t-il expliqué. Ça s’est fait de façon efficace. On a une participation plus grande de façon virtuelle. Alors on pensait que post-COVID, c’était une bonne façon de le faire. Les mécanismes audio, vidéo, je pense qu’ils permettent une transparence complète. De toute évidence, il y a des actionnaires qui voulaient un modèle hybride. On a pris bonne note de ça. On va voir ce qu’on peut faire l’année prochaine. La vérité, c’est que, avant la COVID, dans nos assemblées physiques, il y avait très peu d’actionnaires qui étaient présents. C’est pour ça qu’on n’est pas retournés là. »

Avec la collaboration de Mylène Crête, La Presse

Bénéfice net en légère baisse pour 2023

Metro dévoilait, plus tôt mardi, ses résultats pour le premier trimestre de l’exercice 2024, qui s’est terminé le 23 décembre 2023.

Ceux-ci sont légèrement supérieurs aux attentes des analystes. La société a enregistré un bénéfice net en baisse de 1,1 %, à 228,5 millions, au moment où elle entreprend une intensification de ses investissements. Le bénéfice ajusté dilué par action était de 1,02 $. Les revenus, pour leur part, ont augmenté de 6,5 %, à 4,97 milliards. Le trimestre compte toutefois une semaine de plus que l’année précédente. Les ventes comparables en alimentation (excluant les ouvertures et fermetures de magasins) ont augmenté de 6,1 %, mais de 3,4 % si on exclut la semaine supplémentaire. Les ventes comparables en pharmacie ont progressé de 6,1 %, ou 3,9 %, sans la semaine supplémentaire.

Avec La Presse Canadienne