Le temps presse pour le Québec s’il veut devenir un maillon dans la nouvelle chaîne d’approvisionnement du secteur des semi-conducteurs qui se met en place.

« Ça se passe maintenant », affirme Michel Belval, président de la division québécoise de la Chambre de commerce américaine au Canada qui, en collaboration avec le Conseil du patronat du Québec, avait réuni jeudi les acteurs de l’industrie pour un webinaire.

La volonté du gouvernement américain de rapatrier la fabrication des semi-conducteurs de pointe est l’occasion pour le Québec de donner un nouvel élan à ce secteur qui compte déjà 800 entreprises et qui emploie 45 000 personnes. C’est l’équivalent de l’industrie aérospatiale, dont on parle davantage parce qu’elle est plus visible.

Les semi-conducteurs sont la base de l’économie moderne. On les trouve partout, dans les brosses à dents comme dans l’intelligence artificielle.

À coups de milliards de dollars d’aide financière, l’administration Biden a entrepris de recréer la chaîne d’approvisionnement du secteur des semi-conducteurs, dont 90 % sont actuellement fabriqués à Taïwan et en Corée du Sud.

Le Québec est dans la meilleure situation pour devenir un des maillons forts de cette chaîne, assurent ceux qui y participent déjà, comme Claude Jean, vice-président de Teledyne Dalsa. Les installations de Teledyne à Bromont, qui ont notamment fourni les capteurs d’images des rovers envoyés sur Mars, n’ont pas d’équivalent aux États-Unis, selon lui.

Miser sur ses forces

« Le Canada n’a pas les moyens des États-Unis, mais les Américains ne peuvent pas tout faire seuls, ils ont besoin d’amis », estime Stéphane Tremblay, directeur de l’usine IBM de Bromont.

Des amis, les États-Unis en ont déjà dans le secteur des semi-conducteurs, a-t-il souligné.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Stéphane Tremblay, directeur de l’usine IBM de Bromont

Il est plus facile de faire croître ce qu’on a déjà. Mais le temps presse. Si on arrive à temps, le Québec sera un maillon de la chaîne.

Stéphane Tremblay, directeur de l’usine IBM de Bromont

Il faudra du soutien de la part des gouvernements, notamment pour la recherche-développement, mais aussi l’effort concerté des universités, des centres de recherche et des entreprises, un peu comme dans la filière batterie, ont opiné les participants au webinaire.

Le Québec a la chance d’être situé dans le corridor du Nord-Est américain où l’industrie des semi-conducteurs se redéveloppe. Des investissements de 300 milliards US pourraient être générés par le programme américain d’économie d’affinité (friendshoring) connu sous le nom de CHIPS Act.

Des usines de fabrication nécessitant des investissements de plusieurs dizaines de milliards ne seront pas construites au Québec, mais des investissements considérables sont à sa portée dans les activités de tests et d’assemblage des semi-conducteurs.

« C’est important d’annoncer nos couleurs rapidement », a résumé Marie-Josée Turgeon, présidente-directrice générale du C2MI, plus important centre de recherche en électronique au Canada, situé à Bromont.

Selon elle, le Québec pourrait faire valoir son énergie verte, un atout auquel l’industrie est sensible.