(Ottawa) Le Canada « approfondit » son enquête sur la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII), accusée d’être sous l’influence du Parti communiste chinois, et suspend sa participation « indéfiniment », a annoncé la ministre des Finances Chrystia Freeland vendredi.

Bob Pickard, ancien responsable de la communication de la BAII, avait accusé en juin le Parti communiste chinois d’exercer une influence « excessive » sur l’institution qui sert, selon ce Canadien de 58 ans, « les intérêts » de Pékin. Ces déclarations avaient poussé le Canada à geler sa coopération avec l’organisation.

Pékin avait alors défendu l’institution – qui rassemble 106 États, dont la France, l’Allemagne ou l’Australie –, en assurant qu’elle fonctionne avec « ouverture, méritocratie et transparence ».

« En consultation avec certains de nos partenaires internationaux les plus proches, le Canada approfondit son examen de la BAII », a déclaré Chrystia Freeland, vendredi, dans un communiqué.

L’enquête analysera en priorité les investissements de la BAII ainsi que la « gouvernance et la gestion de ses cadres », notamment le processus de sélection des projets.

Bob Pickard avait accusé la BAII d’orienter ses prêts principalement vers les pays concernés par l’initiative chinoise des Nouvelles Routes de la soie.

Ottawa compte également examiner les mesures de protection de cette banque en matière de gouvernance environnementale et sociale, « notamment en ce qui concerne le travail forcé et le traitement des plaintes, ainsi que les incidences environnementales et l’égalité des genres », a précisé la ministre.

La « culture de travail » et les « réformes de la gouvernance » entamées suite aux préoccupations soulevées au cours des derniers mois seront également évaluées.

« Notre participation à la BAII demeure suspendue indéfiniment », a souligné Chrystia Freeland, ajoutant que le Canada « continuera de suivre les développements de la Banque par l’intermédiaire de ses partenaires de confiance qui en sont actionnaires ».

En juillet, à l’issue d’un audit lancé en réponse aux accusations de Bob Pickard, la banque basée à Pékin avait déclaré qu’il n’y avait « aucune preuve » qu’elle servait les intérêts de la Chine.  

Créée en 2016, l’institution vise à financer des projets d’infrastructures en Asie, dans l’optique de contrecarrer l’influence des Occidentaux au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale. Les États-Unis ont refusé d’en faire partie.

Par le passé, la BAII a déjà fait l’objet d’accusations similaires. En 2017, son vice-président d’alors, Thierry de Longuemar, avait rétorqué que la banque n’était pas un « un instrument de l’État chinois ».