Les pires pannes en 15 ans, des demandes de branchement qui nécessitent de parler à 10 personnes différentes : les services d’Hydro-Québec se détériorent, c’est son grand patron qui le dit.

« Hydro-Québec est devenue trop compliquée », a soutenu d’entrée de jeu Michael Sabia mardi, lors de son premier discours public à titre de PDG de la société d’État devant les membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Ces dernières années, les clients d’Hydro-Québec ont subi en moyenne 10 heures de panne chacun par année, a relevé M. Sabia. C’est trop. « Oui, il y a les feux et les tempêtes, mais on a aussi du rattrapage à faire, a-t-il reconnu. On va reconstruire notre service. »

Des investissements de 50 milliards sont prévus d’ici 10 ans pour « arrêter la dégradation et ensuite passer rapidement à l’amélioration », a fait savoir Michael Sabia.

L’amélioration du service est un des objectifs du plan d’action rendu public le 2 novembre par le nouveau président d’Hydro-Québec. Le point a toutefois été éclipsé par l’annonce d’investissements colossaux, de plus de 100 milliards, pour augmenter la production d’électricité de 9000 mégawatts d’ici 2035. C’est l’équivalent de la production des centrales LG-2, Manic-5 et de tout le complexe de la Romaine.

Changement de régime

En présentant son invité, le président de la Chambre de commerce, Michel Leblanc, a rappelé qu’un de ses prédécesseurs, Éric Martel, avait averti le même auditoire il n’y a pas si longtemps des risques de surcapacité d’électricité chez Hydro-Québec en raison du développement rapide des capacités d’autoproduction.

Michael Sabia pense autrement. « Le temps est arrivé de ramener Hydro-Québec à une période d’ambition et de croissance », a-t-il soutenu mardi.

Selon lui, la transition énergétique offre au Québec une occasion économique à ne pas manquer. Partout dans le monde, on investit massivement dans la décarbonation, a-t-il dit. « Les pays qui vont bâtir une économie à la fois décarbonée et prospère seront les grands gagnants de cette transition. »

L’augmentation de la production d’électricité servira surtout à la décarbonation, a répété Michael Sabia. Il y aura de l’électricité disponible pour l’aluminium et l’acier vert, a-t-il précisé, comme pour les véhicules électriques et le chauffage des usines.

La différence avec l’Hydro-Québec d’avant, selon lui, c’est que la nouvelle production viendra de plusieurs sources différentes. « Dans le passé, à Hydro-Québec, les plans 1, 2 et 3 étaient toujours hydro, hydro et davantage hydro. Aujourd’hui, on mise d’abord sur l’efficacité énergétique, l’éolien et ensuite l’hydro. »

« Sa game dans la game »

La nouvelle production d’électricité coûtera plus cher, mais les tarifs resteront plus bas qu’ailleurs au Québec, assure Michael Sabia.

Partout dans le monde, l’augmentation de la production d’électricité fera augmenter les tarifs, a-t-il reconnu. « Au Québec, même si on ajoute de nouvelles sources d’énergie, avec notre base d’actifs à bas coût, le bloc patrimonial, nos coûts moyens vont rester plus bas. »

« On a de la marge pour augmenter les tarifs d’affaires et rester très concurrentiel », a-t-il répété. Les tarifs industriels au Québec sont trois fois plus bas qu’à New York et quatre fois plus bas qu’en Allemagne, a-t-il illustré.

La réalisation de l’ambitieux plan d’Hydro-Québec est un projet de société qui nécessitera un effort collectif, a insisté son PDG, notamment pour économiser l’électricité.

Ce n’est pas juste le tarif qui compte, mais la facture totale. « Mieux consommer, c’est réduire la facture totale », a-t-il dit.

Pour l’aider à réaliser ses objectifs en matière d’économie d’énergie, Hydro-Québec a fait appel à l’entraîneur du Canadien, Martin St-Louis, qui invite tout le monde à jouer « sa game dans la game ».

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