Plusieurs technologies économiquement viables pourraient décarboner le transport par camion dans le corridor Québec-Windsor, mais nul besoin de chercher loin pour en trouver une qui se démarque : c’est le train.

Cette technologie ancienne et éprouvée permettrait à la fois de faire baisser le coût du transport des marchandises et de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), démontre une recherche réalisée par l’analyste Joséphine de Bruycker, dont les résultats ont été rendus publics par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal.

Le transport lourd par camion dans le corridor routier le plus fréquenté au Canada, en augmentation constante depuis 1990, est responsable du tiers des émissions de GES totales du secteur des transports.

Les trains transportent déjà un plus grand volume de marchandises que les camions, à un coût moindre et en utilisant moins d’énergie, a d’abord établi l’auteure de l’étude. Transférer toute l’augmentation du transport de marchandises prévue d’ici 2050 du camion vers le train se traduirait à la fois par une économie d’argent et par une réduction des émissions de GES, conclut son étude.

Plus précisément, le coût du transport par train serait 2,2 fois moins élevé que le transport par camion et les émissions de GES seraient réduites de 8 fois par rapport aux camions.

Le calcul tient compte de tous les facteurs, comme les voies ferrées à construire ou le nombre de locomotives et de wagons supplémentaires requis, de même que le coût du carbone.

« L’utilisation accrue d’une technologie disponible et fonctionnelle depuis le XIXe siècle telle que le transport ferroviaire peut donc contribuer à la décarbonation du secteur des transports au Canada », conclut Joséphine de Bruycker.

Les autres technologies

Contrairement à ce qu’on peut penser, réduire les émissions de GES du secteur des transports ne coûte pas nécessairement de l’argent, et peut même permettre d’en gagner, a souligné le titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, Pierre-Olivier Pineau.

Dans une étude précédente, la chaire a examiné quatre technologies qui pourraient permettre de décarboner le transport des marchandises dans le corridor Québec-Windsor d’ici 2050.

Il s’agit de l’électrification des camions, des camions à caténaires, du remplacement du carburant diesel par du gaz naturel renouvelable comprimé et de l’utilisation d’hydrogène vert.

Des quatre technologies, le remplacement du carburant diesel par du gaz naturel renouvelable est la solution la plus économique, ont constaté les responsables de la recherche dirigée par Johanne Whitmore et Pierre-Olivier Pineau.

L’électrification des camions et les camions à caténaires sont aussi des solutions économiquement viables, malgré le coût élevé des infrastructures dans le cas des camions à caténaires.

L’utilisation de camions à pile à combustible à hydrogène vert est la seule des quatre technologies examinées qui ne génère pas d’économies par rapport au transport de marchandises avec des camions fonctionnant au diesel. Le manque d’infrastructures de ravitaillement, le coût élevé de l’hydrogène et le prix d’achat élevé des véhicules à hydrogène disqualifient cette option, selon les chercheurs.

Consultez l’étude de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal Lisez la partie 2 de l’étude