La femme d’affaires Marilou est connue pour Trois fois par jour, ses recettes et ses chansons. Directrice invitée de la section Affaires, elle a confié à nos journalistes et chroniqueurs la mission de répondre à ses interrogations d’entrepreneure.

Le mot de Marilou

Tout a commencé avec quelques tutoriels sur YouTube où j’ai appris comment mettre en place un système pour joindre mes clients par texto. Depuis, j’utilise cette méthode très efficace en me demandant parfois si ce n’est pas trop intrusif. La plupart des gens ont une relation symbiotique avec leur cellulaire, et bien que ce soit un outil technologique, ça reste une partie de notre intimité qui s’y trouve à l’intérieur. Même si le contenu est le même, est-ce qu’une infolettre est moins accaparante qu’un texto ?

Les offres de 20 % de rabais sur des manteaux ou encore des invitations à des soldes « éclair » d’une durée de 24 heures que les consommateurs reçoivent à profusion dans leur boîte de courriels pourraient bientôt atterrir directement dans leur téléphone sous forme de messages textes, un outil promotionnel encore plus efficace, selon les experts interrogés.

Pourquoi des entreprises envoient-elles des promotions par texto ?

Les entreprises font le pari qu’elles ont plus de chances de toucher leur cible si elles envoient un texto plutôt qu’un courriel, selon Émilie Poirier, présidente de MixoWeb, une agence de marketing numérique. Elle ajoute dans la foulée que les utilisateurs, inondés par les courriels, ont atteint un certain niveau de saturation.

« Un texto, c’est beaucoup plus personnel. Les gens y portent plus d’attention », souligne pour sa part Émile Arsenault, propriétaire de Ouate de phoque, une entreprise connue pour ses chandails affichant des jeux de mots, comme « Les scies j’aurais ». Depuis le début de l’année, le détaillant qui vend surtout en ligne a mis beaucoup l’accent sur ce nouvel outil de marketing.

Concrètement, est-ce vraiment plus efficace que les courriels ?

« Actuellement le taux d’ouverture et de réponse aux textos est extrêmement élevé, affirme Mme Poirier. Les gens sont beaucoup sur leurs téléphones et il y a encore peu d’entreprises qui ont recours aux textos. »

Du côté de Ouate de phoque, cette façon de faire permettrait de générer plus de ventes. Le nombre d’utilisateurs qui cliquent sur le lien envoyé menant vers le site du détaillant est de six à huit fois plus élevé lorsque les envois sont faits par texto que par courriel. « Si tu es assez fan de l’entreprise pour accepter qu’on t’envoie des messages textes, c’est sûr que tu es déjà à un niveau plus élevé d’intention d’achat que quelqu’un qui reçoit un courriel », observe M. Arsenault.

Quels sont les coûts liés à l’envoi de textos ?

Bien que les textos envoyés requièrent en général moins de design graphique, leur diffusion est parfois plus onéreuse que les courriels. Ouate de phoque débourse 1000 $ pour envoyer 30 000 textos, contre 200 $ pour « expédier » 140 000 courriels. Actuellement, le nombre de consommateurs qui reçoivent des promos directement sur leur téléphone est encore restreint. S’il s’élargit et si davantage d’entreprises ont recours à cette méthode, les tarifs vont peut-être diminuer, croit M. Arsenault. « Des numéros de cellulaires valides, ça devient des données qui valent très cher, ajoute pour sa part Mme Poirier. Ces approbations qu’on donne un peu rapidement sans s’en rendre compte ont une très grande valeur pour ces entreprises-là qui, après, peuvent revendre ces listes. »

Est-ce légal ?

Les entreprises ont-elles le droit d’envoyer des textos aux consommateurs ? Oui, si ces derniers ont donné explicitement l’autorisation, stipule la Loi canadienne anti-pourriel, qui s’applique également aux messages textes. « Si je ne me suis pas explicitement abonné, je ne suis pas censé le recevoir », insiste Eric Parent, PDG d’EVA Technologies, une firme montréalaise de cybersécurité. Il doit également y avoir un processus simple de désabonnement pour les utilisateurs qui ne voudraient plus recevoir les messages. Pour leur part, les entreprises interrogées assurent qu’elles respectent scrupuleusement la loi. « Personne ne va recevoir un texto qu’il n’a pas demandé de recevoir », affirme Franco Rocchi, directeur du marketing du groupe Suzy/Le Château.

Quels sont les dangers pour les consommateurs ?

Certains utilisateurs reçoivent des promotions, et ce, même s’ils ne se sont pas abonnés à une liste en particulier. « Souvent, ce qui arrive, c’est que les gens cliquent quelque part pour participer à un concours et indiquent qu’ils acceptent de recevoir des communications de la part de cette entreprise et de ses partenaires. C’est souvent de là que viennent [les textos d’entreprises à qui on n’a pas donné directement l’autorisation de nous interpeller] », indique Émilie Poirier, de MixoWeb. Il faut donc être vigilant. Prudence également lorsque l’on reçoit des liens par texto. Il ne faut jamais cliquer sur un lien. Le mieux est toujours de se rendre sur le site officiel de l’entreprise, rappelle Eric Parent.

Y a-t-il des avantages à recevoir des textos promotionnels ?

« Il y a quand même beaucoup d’avantages, estime Émilie Poirier. On peut être sur des listes où on est les premiers au courant de certains concours, de certaines promotions. »

Comme les numéros de téléphone valent leur pesant d’or pour les entreprises, elles ont tendance à être extrêmement généreuses dans les rabais qu’elles offrent par texto, ajoute-t-elle. « Et rien n’empêche le consommateur de profiter de ces rabais et de se désabonner après. » Du côté du groupe Suzy/Le Château, par exemple, on profite souvent des envois par texto pour faire la promotion d’offres d’une durée limitée.

À quelle fréquence peut-on se permettre de solliciter les consommateurs ?

L’abus est à proscrire lorsqu’il est question d’envoyer de la publicité directement dans le téléphone des consommateurs. « Il faut faire attention pour ne pas ‟brûler” nos numéros de téléphone, prévient Émilie Poirier. Il faut vraiment faire attention à ce qu’on envoie pour que ça soit pertinent que les gens les lisent et les utilisent. Il ne faut pas en envoyer trop, et ce que l’on envoie doit être particulièrement pertinent. » Les clients du groupe Suzy/Le Château reçoivent en général un texto tous les dix jours. « On est sensible au fait que les gens ne veulent pas recevoir des textos trop souvent, reconnaît M. Rocchi. On veut que ça reste spécial. »

Consultez l’ensemble des textes de notre section spéciale « Marilou Bourdon, directrice invitée »