Dans sept ans, il y aura dix fois plus de véhicules électriques et la moitié de l’électricité produite dans le monde sera de source renouvelable, prévoit l’Agence internationale de l’énergie (AIE), mais ces avancées ne suffiront pas à limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C comme le veut l’Accord de Paris.

Dans ses Perspectives énergétiques mondiales mises à jour pour 2030 et rendues publiques ce mardi, l’AIE persiste et signe : la demande pour les énergies fossiles, pétrole, charbon et gaz naturel, culminera d’ici la fin de cette décennie et commencera ensuite à diminuer inexorablement.

La part des énergies fossiles dans le bilan énergétique mondial, qui est de 80 % depuis des décennies, devrait donc être réduite à 73 % en 2030, selon l’AIE.

L’industrie pétrolière a un autre point de vue sur la question et a contesté les prévisions de l’AIE, notamment lors du congrès qui a réuni les principales entreprises pétrolières mondiales à Calgary le mois dernier.

« Tous les scénarios crédibles prévoient que le pétrole et le gaz vont rester parmi les sources d’énergie les plus importantes dans le monde pour des décennies à venir », a déclaré le grand patron de Suncor, Rich Kruger. Le président de Saudi Aramco, Amin Nasser, s’est aussi dit convaincu que la demande de pétrole, de gaz et même de charbon continuera d’augmenter.

L’AIE, créée à la suite du choc pétrolier des années 1970, a pris un virage vers la carboneutralité en 2021 et s’est distancée des intérêts des pays producteurs.

Une transition inéluctable

Le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol, réitère que la transition vers l’énergie propre est en cours partout dans le monde et qu’elle est impossible à arrêter.

Ce n’est pas une question de “si” [ça va arriver], mais “dans combien de temps”, et le plus tôt est le mieux pour tout le monde.

Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE

La plus récente édition du World Energy Outlook souligne l’essor phénoménal des technologies solaires et éoliennes. La part des énergies renouvelables dans la production d’électricité à l’échelle mondiale passera de 30 % actuellement à 50 % en 2030, prévoit l’AIE. Il y a actuellement trois fois plus d’investissements dans de nouveaux parcs éoliens en mer que dans les centrales électriques au gaz et au charbon.

La demande énergétique de la Chine, qui a longtemps tiré la demande mondiale vers le haut, atteindra un sommet avant la fin de la décennie, et grâce aux investissements chinois dans les énergies renouvelables, la demande pour les énergies fossiles et les émissions polluantes devrait en diminuer dans le pays.

Les prévisions de l’AIE se basent sur les intentions et les politiques déjà en vigueur ou annoncées par les gouvernements à travers le monde. Si tous ces objectifs se concrétisent dans les délais prévus, la transition énergétique pourrait progresser plus rapidement.

Toutefois, étant donné que la demande pour les énergies fossiles reste importante, les émissions polluantes dans le monde poussent la température moyenne de la planète vers le haut et la hausse pourrait atteindre les 2,4 °C d’ici la fin du siècle.

Réduire la courbe des émissions pour respecter l’engagement de limiter le réchauffement à 1,5 °C « reste possible, mais très difficile », croit l’AIE.

Des efforts supplémentaires sont nécessaires, notamment pour augmenter la production d’énergie renouvelable et accroître l’efficacité énergétique, suggère l’agence.