(Montréal) Il n’y a pas eu de progrès significatif dans les dernières heures lors des discussions entre la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent et le syndicat Unifor, ont convenu samedi après-midi les deux parties, qui continuent de négocier afin d’éviter in extremis le déclenchement d’une grève.

Les syndiqués qui travaillent à la Voie maritime ont voté à 99 % en faveur d’un mandat de grève et ont donné leur préavis de 72 heures à l’employeur plus tôt cette semaine. Le débrayage doit donc être déclenché à 0 h 01 dimanche.

Ces 361 syndiqués travaillent à l’entretien, à la supervision, au service de génie et aux différentes opérations de navigation de la Voie maritime, qui s’étend du pont Jacques-Cartier, à Montréal, à Niagara, en Ontario, en passant par les écluses.

Les deux parties ont déjà fait savoir qu’en cas de grève, toute navigation dans cet axe serait interrompue. Environ 4000 navires circulent dans la Voie maritime chaque année, notamment des cargaisons de céréales, pour un total d’une valeur de 16,7 milliards en biens l’année dernière.

Le salaire est le principal point en litige.

Selon la partie patronale, le syndicat exige des augmentations salariales calquées sur les négociations dans l’industrie automobile. Elle fait toutefois valoir que la situation est différente à la Voie maritime, où les salaires n’accusent pas de retard sur l’inflation, comme c’est le cas chez les constructeurs automobiles, à son avis.

« Malgré les récentes augmentations de l’inflation, les travailleurs de la Voie maritime ont négocié au cours des 20 dernières années des salaires bien supérieurs à l’inflation et se retrouvent aujourd’hui avec près de 10 % d’avance sur l’inflation », a soutenu la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent dans un communiqué publié samedi.

Confronté à cette version de l’employeur, le directeur québécois d’Unifor, Daniel Cloutier, a souhaité rectifier le tir.

« Les demandes ont été déposées à l’employeur bien avant que l’on connaisse le résultat des négociations du secteur de l’automobile. Le processus est en cours depuis déjà un moment », a-t-il fait valoir.

« C’est un débat futile. Est-ce qu’il faut comprendre que parce qu’il y a des travailleurs qui auraient fait des gains supérieurs à l’inflation dans les 10 ou 15 dernières années, à certaines de ces années-là, il faudrait qu’ils perdent aujourd’hui pendant qu’on vit une crise de l’inflation ? »

Les pourparlers se sont amorcés les 19 et 20 juin avec l’aide d’un conciliateur. Les deux parties ont tenu des rencontres supplémentaires en septembre et ont repris les négociations le 17 octobre.

Pour ce qui est du dernier blitz avant la grève, les négociations ont repris samedi après-midi et doivent se poursuivre « jusqu’à la dernière minute ». Au moment de s’entretenir avec La Presse Canadienne, M. Cloutier a cependant confirmé que les deux parties étaient toujours à « 1000 milles nautiques » l’une de l’autre en ce qui concerne les salaires.

« Pour l’instant, on n’a rien vu de significatif qui nous permet de retoucher l’échéancier, donc tout indique qu’on va sortir en grève ce soir à 0 h 01 », a affirmé M. Cloutier.

De son côté, le ministre fédéral des Transports, Pablo Rodriguez, a convié les deux parties à poursuivre les négociations afin d’éviter un arrêt de travail sur la Voie maritime.

« Les médiateurs fédéraux soutiennent les négociations en cours entre la (Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent) et Unifor. Les meilleurs accords sont conclus à la table des négociations. Nous devons rester concentrés sur le travail fait à la table de négociations », a-t-il écrit sur X, anciennement Twitter.