(Pékin) La Chine a annoncé vendredi des restrictions supplémentaires à ses exportations de graphite, un composant essentiel à la fabrication de batteries pour les véhicules électriques, semblant ainsi répondre à de récentes mesures américaines sur les puces électroniques.

La Chine avait déjà annoncé en juillet que certains produits contenant du gallium et du germanium, des matières premières essentielles à la fabrication des puces, seraient soumis à des contrôles d’exportation plus stricts.

En vertu de nouvelles mesures dévoilées vendredi, les exportateurs chinois devront désormais demander des autorisations pour vendre certains types de graphite à des clients étrangers.

Les produits concernés par les restrictions à l’export sont des matériaux à base de graphite de haute pureté, de haute résistance et de haute densité, ainsi que le graphite naturel en paillettes.

« Compte tenu de la nécessité de préserver sa sécurité et ses intérêts nationaux, la Chine applique des contrôles à l’exportation sur certains produits en graphite », a indiqué le ministère du Commerce.

Le graphite est notamment utilisé pour fabriquer des batteries lithium-ion pour les téléphones portables et les véhicules électriques.

La Chine représentait l’an passé 65 % de la production mondiale, selon l’Institut d’études géologiques des États-Unis.

La consommation mondiale de graphite devrait grimper en raison de la croissance continue de la demande en véhicules électriques et en batteries nécessaires à leur alimentation.

« L’ajustement normal du contrôle des exportations par la Chine ne vise aucun pays ou région en particulier, et les exportations conformes aux réglementations en vigueur bénéficieront d’une autorisation », a assuré vendredi le ministère.

« S’ils sont strictement appliqués, les contrôles à l’exportation de la Chine contribueront à maintenir et éventuellement à renforcer sa position dans le secteur des batteries », « étant donné que presque toutes les batteries lithium-ion reposent sur des anodes en graphite et que la Chine contrôle la plus grande part du marché mondial », estime Daniel Kollar, expert dans le domaine automobile du cabinet de consultants Intralink, basé à Shanghai.

« Cela montre bien que les plans d’électrification des États-Unis et de l’Union européenne sont menacés » s’ils ne s’assurent pas des chaînes d’approvisionnement alternatives et sûres, ajoute-t-il.

Washington a dévoilé cette semaine une série de nouvelles restrictions à l’exportation vers la Chine de semi-conducteurs et de machines utilisées pour leur fabrication. Ces mesures prises au nom de la « sécurité nationale » visent à limiter l’accès des entreprises chinoises à ces équipements.  

Les États-Unis tentent depuis plusieurs mois de limiter l’accès de Pékin aux technologies de pointe. Le géant asiatique est vent debout contre cette politique qu’il estime contraire aux règles du commerce international.  

Le commerce et les technologies sont au cœur des tensions entre Pékin et Washington ces dernières années.

L’Union européenne a également publiquement affirmé vouloir réduire sa dépendance économique et commerciale à l’égard de la Chine.

Elle a lancé le mois dernier une enquête sur les subventions des autorités chinoises aux constructeurs nationaux d’automobiles électriques, accusés de vendre des produits à des prix inférieurs à ceux de leurs concurrents européens.