Les vedettes de Hollywood ont réussi l’exploit de sortir des limbes une sandale laide et démodée pour faire de la société qui les fabrique depuis 1775 une entreprise évaluée à près de 10 milliards US, dont les actions viennent d’être inscrites à la Bourse de New York.

L’histoire de Birkenstock est une bonne illustration du pouvoir des stars et de l’impact qu’elles peuvent avoir sur l’activité économique. Il a suffi que Leonardo DiCaprio, Gwyneth Paltrow et quelques autres célébrités s’affichent en Birkenstock pour que la marque entame une existence glamour avec un nouveau propriétaire, le roi du luxe LVMH qui l’a rachetée en 2021.

PHOTO ANGELA WEISS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Des sandales Birkenstock

Les artistes sont des acteurs économiques importants, mais leur contribution à la croissance est rarement traduite en chiffres. On sait par exemple que Céline Dion, en son temps, a propulsé l’économie de Las Vegas, en plus de faire vivre des PME spécialisées ici même au Québec.

Question chiffres, le phénomène Taylor Swift commence à en aligner une série. La chanteuse qui fait courir les foules est en voie de coiffer Elton John au top 10 des tournées les plus populaires de tous les temps, avec des revenus qui pourraient dépasser pour la première fois le milliard de dollars américains et peut-être atteindre 2 milliards US.

L’impact de la popularité de Taylor Swift va bien au-delà de la vente de disques et de billets de spectacle. L’artiste suscite un tel engouement qu’elle a contribué à créer tout un écosystème d’activités commerciales qui fait vivre beaucoup de monde.

Dans les villes où s’arrête sa tournée, rapportait récemment le Wall Street Journal, les boulangeries cuisent des beignes décorés avec les thèmes de ses chansons et les vendent 65 $ US la douzaine ou 6 $ US l’unité. Comme les Swifties – les fans finis de Taylor Swift – ne sont pas trop des piliers de bars, certains débits de boisson se lancent dans d’autres activités, comme la mise sur pied de navettes pour transporter les fans dans la ville où la vedette se produira. Un musée de Nashville qui a organisé en hâte une exposition sur le thème des Swifties a connu le meilleur achalandage de ses 65 ans d’histoire lors du passage de la chanteuse.

Taylor Swift a même réussi l’exploit de voir son nom mentionné dans un rapport de la Réserve fédérale américaine qui a constaté un regain soudain de l’économie de Philadelphie lors du passage de sa tournée. Les hôtels de la ville ont notamment connu leur meilleur mois depuis la pandémie.

Hôtels, restaurants, billets d’avion et produits dérivés, toute cette activité finit par s’accumuler et elle laissera une trace dans les statistiques officielles. Déjà, des firmes spécialisées estiment qu’à elle seule, Taylor Swift pourrait augmenter le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis de 5 milliards de dollars en 2023.

Bloomberg Economics prévoit que les activités de Taylor Swift et de Beyoncé, dont la tournée est aussi phénoménale, de même que le succès des films Oppenheimer et Barbie ont accru le PIB de la première économie mondiale de 0,5 % au deuxième trimestre.

Non, ce ne sont ni Taylor Swift ni Beyoncé qui peuvent éviter à l’économie américaine de plonger dans une récession, mais on peut quand même saluer leur contribution à la croissance économique du pays.