Les investisseurs ont poussé l’action de Couche-Tard à un sommet historique durant la séance de vendredi, après le dévoilement en milieu de semaine du nouveau plan stratégique de cinq ans de la chaîne de dépanneurs de Laval.

Ce plan a braqué les projecteurs sur le potentiel de croissance de l’entreprise d’ici 2028.

« Les attentes étaient élevées en anticipation de la journée pour les investisseurs organisée mercredi, et Couche-Tard n’a pas déçu », commente l’analyste Chris Li, chez Valeurs mobilières Desjardins. « Couche-Tard est bien positionnée pour une croissance attrayante à long terme. »

Les gestionnaires ont tracé une voie pour atteindre la cible de 10 milliards de dollars américains de bénéfice brut (avant intérêts, impôts et amortissement) au cours de l’exercice financier 2028. C’est l’équivalent d’un taux de croissance annuel composé de 12 % sur cinq ans.

L’analyste Martin Landry, de la firme Stifel GMP, s’attendait à un objectif de 8,7 milliards US pour 2028.

À titre de comparaison, Couche-Tard a généré un bénéfice brut ajusté de 5,8 milliards US pour son exercice 2023 terminé au printemps.

Pour atteindre ses visées, Couche-Tard mise notamment sur ce qu’elle décrit comme des « phares stratégiques », c’est-à-dire son offre de produits en magasin, des gains de parts de marché dans le marché mature du carburant, la capacité à dégager de la valeur avec un programme de fidélisation différencié et une expérience numérique améliorée, et une croissance organique et par acquisitions.

Le plan comporte une attention particulière à l’optimisation des coûts. L’entreprise veut se positionner comme l’un des opérateurs les plus efficaces dans son secteur.

Couche-Tard croit donc avoir le potentiel pour pratiquement doubler ses bénéfices par action d’ici cinq ans, et le plan présenté pour y parvenir est jugé crédible et réalisable par Bay Street. L’appréciation boursière des derniers jours semble d’ailleurs le confirmer.

Les occasions de croissance organique, notamment, sont largement sous-évaluées par les investisseurs, selon l’analyste Irene Nattel, chez RBC.

Elle fait remarquer que la tendance amorcée en 2018 à se concentrer davantage sur la croissance organique s’accélère.

Croissance organique

Pour atteindre la cible, la direction devra assurer l’exécution de son plan. La feuille de route des dirigeants à cet effet a toutefois de quoi rassurer.

La réaction des investisseurs est révélatrice étant donné que le titre était déjà en hausse d’environ 25 % en 2023 avant la présentation du plan stratégique.

S’il est permis de croire que l’action avait monté en anticipation de la divulgation du plan, les analystes s’entendent pour dire que la montée peut se poursuivre en escomptant la forte croissance organique à venir et d’éventuelles acquisitions.

Si la consolidation du marché américain demeure la priorité, l’analyste Michael Van Aelst, de la TD, souligne que l’Amérique latine et le sud-est de l’Asie sont également des zones d’expansion intéressantes pour l’entreprise étant donné que la demande de carburant continue d’y croître. Cet expert note que Couche-Tard s’adjoindrait probablement des partenaires locaux pour pénétrer ces régions.

Avec des moyens financiers lui permettant de dépenser jusqu’à 10 milliards US pour réaliser des acquisitions, Couche-Tard pourrait aussi décider de bonifier son réseau européen dans certaines régions où l’entreprise est moins présente.

La direction de Couche-Tard continue par ailleurs de voir un attrait dans des segments adjacents comme les magasins à 1 $, la restauration rapide et les commerces de voyageurs, ce qui n’est pas sans rappeler la tentative d’acheter une importante chaîne de supermarchés en France il y a deux ans.

Bien entendu, la capacité à réaliser des synergies découlant des acquisitions lors de l’intégration est tout aussi importante que la capacité à identifier et boucler les acquisitions.

L’action d’Alimentation Couche-Tard a terminé la semaine à 74,40 $ à la Bourse de Toronto.