Tous les vendredis, une personne de la communauté des affaires se dévoilera dans notre section. Cette semaine, la présidente et cheffe de la direction de la BDC, Isabelle Hudon, répond à nos questions.

Quelles sont votre meilleure et votre pire habitude ?

Ma meilleure habitude, c’est de me coucher tôt. Ma pire habitude, c’est aussi ma meilleure habitude. Je suis quelqu’un d’assez énergique et on me demande souvent où je trouve cette énergie. Je pense que c’est parce que j’ai un bon sommeil. En contrepartie, je suis une amie plate. Je manque des partys ou je les quitte tôt.

Que faites-vous quand vous avez besoin de trouver une idée ?

Je m’expose à mon contraire. J’ai toujours apprécié d’être en dehors de ma zone de confort et être devant à des gens qui ne pensent pas comme moi. Ça prend un effort et un brin d’humilité. Il faut être prêt à reconnaître qu’on n’a pas toutes les réponses.

Quel mot ne pouvez-vous plus supporter ?

« Impossible ». Audrey Hepburn a dit : « Nothing is impossible. The word itself says I’m possible. » C’est ce que je crois. On se sert de ce mot pour justifier des décisions, souvent pour les mauvaises raisons. Je considère qu’il n’y a presque rien d’impossible.

Comment vous débranchez-vous ?

Je me débranche de mieux en mieux. Je ne l’ai pas toujours su, mais je sais que les gens autour de moi le font et je les écoute. Pour réussir à me débrancher, j’écoute des séries en rafale.

Quels livre ou film avez-vous l’habitude de recommander ?

Des livres, il y en a deux : La femme qui fuit, d’Anaïs Barbeau-Lavalette, qui décrit tellement bien la douleur dans le choix d’être à la fois une femme et une mère. L’autre, c’est Ru, de Kim Thúy.

Le film, c’est Les uns et les autres (Claude Lelouch, 1981). Je l’ai vu dans ma vingtaine et je n’ai pas changé d’idée. L’histoire de ces trois générations nous dit qu’il n’y a pas de hasard. La musique m’a marquée. Je suis tombée en amour avec le Boléro de Ravel.

Quel conseil êtes-vous heureuse d’avoir ignoré ?

C’est : un numéro deux devient rarement un numéro un. On me l’a prodigué généreusement. Quand j’étais vice-présidente de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et que le président est parti, j’étais déterminée à avoir la job. J’ai consulté plusieurs personnes pour avoir leur opinion et l’une d’elles, dans son grand bureau aux dorures et au gros sofa de cuir, m’a dit ça, et pendant un instant, je l’ai cru. C’est encore frais dans ma mémoire. Pas comme si c’était hier, comme si c’était ce matin !

Y a-t-il un moment où votre carrière a basculé ?

Justement après cet épisode, quand je suis passée de numéro deux à numéro un.

Vous imposez-vous un « code vestimentaire » au travail ?

Non. Ce matin, je me suis enfargée dans une citation de Coco Chanel qui disait que les femmes sont trop habillées et pas assez élégantes. Le code que je me donne à moi est d’être confortable. Quand j’étais à Paris, j’ai adopté les baskets parce que les talons hauts, sur les pavés, ce n’est pas idéal. À la BDC, porter des souliers de course était défendu par le code vestimentaire. Après la pandémie, quand on y a réfléchi, on a fini par abolir le code vestimentaire.

Avez-vous un mantra ?

Oui. « Vise la lune, si tu la rates, tu atterriras parmi les étoiles. » C’est ce que je dis aux équipes avec lesquelles je travaille. C’est de Oscar Wilde et ça fait 25 ans que j’y crois.

Quelle est votre plus belle erreur ?

Avoir été convaincue que l’avenue universitaire n’était pas la seule avenue pour apprendre. Je n’ai pas eu la patience des bancs d’école. J’ai fréquenté plusieurs universités et plusieurs disciplines, sans obtenir de diplôme, au grand désespoir de mes parents, qui étaient enseignants.

La retraite idéale ?

C’est ne jamais arrêter. Je commence à y réfléchir. J’ai roulé ma bosse et je me dis qu’il va falloir que je décélère. Je ne pense pas à arrêter. La retraite, pour moi, c’est une mixité d’activités : moins d’activités professionnelles et plus d’activités personnelles.

Qui est Isabelle Hudon ?

Depuis 2021, Isabelle Hudon dirige la Banque de développement du Canada (BDC), société d’État fédérale qui offre du financement et des services-conseils aux entreprises canadiennes.

Isabelle Hudon a été ambassadrice du Canada en France et à Monaco de 2017 à 2021.

Elle a occupé des postes de direction chez Marketel et à la Financière Sun Life, où elle a été cheffe de la direction pour le Québec.

De 2004 à 2008, Isabelle Hudon a été présidente et cheffe de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.