À quelques semaines d’annoncer ce qui sera le plus important projet industriel privé au Québec, le fabricant de cellules de batteries Northvolt prépare le terrain en récoltant 1,6 milliard (1,2 milliard US). Plusieurs régimes de retraite canadiens participent au financement, mais pas la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).

Ce qu’il faut savoir

Northvolt a trouvé 1,6 milliard pour sa future usine québécoise sur la Rive-Sud de Montréal.

Lorsqu’annoncé, il s’agira du plus grand projet industriel privé de l’histoire du Québec.

Il s’agit d’un investissement de 7 milliards entraînant la création de 4000 emplois.

La méga-usine s’étendra sur une superficie équivalant à 75 terrains de football.

D’après nos informations, la construction de cet immense complexe devrait entraîner la création de quelque 4000 emplois et devrait représenter un investissement d’environ 7 milliards – une somme également avancée par l’agence Bloomberg. Signe que l’on s’approche d’une annonce en bonne et due forme, Northvolt confirme que sa plus récente ronde de financement servira à financer son expansion nord-américaine.

« Cela renforce notre position pour répondre à la demande massive de solutions durables pour les batteries, tant en Europe qu’en Amérique du Nord », affirme le cofondateur et chef de la direction de l’entreprise suédoise, Peter Carlsson.

Selon le Financial Times, la jeune pousse suédoise se préparerait à récolter plus de 5 milliards au cours des prochaines semaines et envisagerait également une entrée en Bourse l’an prochain afin de financer ses ambitions des deux côtés de l’Atlantique.

La Presse a déjà révélé que c’est sur les terrains sur lesquels se trouvait autrefois l’usine d’explosifs de la Canadian Industries Limited (CIL), à la limite de McMasterville et de Saint-Basile-le-Grand, sur la Rive-Sud de Montréal, que l’entreprise, qui compte déjà BMW, Volvo et Volkswagen parmi ses clients, souhaite s’établir.

La proximité d’une ligne à haute tension, ce qui faciliterait le raccordement au réseau d’Hydro-Québec, l’accès à un grand bassin de main-d’œuvre ainsi que la présence d’un chemin de fer dans les environs sont des éléments qui jouent en faveur de l’endroit.

Question de semaines

En ce qui a trait à l’annonce, l’évènement devrait avoir lieu d’ici le début du mois d’octobre, selon nos informations. On ignore encore les détails du montage financier, mais l’argent obtenu mardi par Northvolt représente environ 23 % du total de l’usine projetée en banlieue sud de la métropole. Québec et Ottawa mettront assurément l’épaule à la roue, comme cela a été le cas pour la plupart des annonces d’envergure concernant la filière des batteries pour véhicules électriques.

À Bécancour, les deux ordres de gouvernement avanceront la moitié de la somme nécessaire à la construction de l’usine de Ford destinée à la production de matériaux de batteries (cathodes). En Ontario, Volkswagen recevra plus de 13 milliards en subventions pour son site d’assemblage de batteries, estimé à 20 milliards.

Dans la filière des batteries, la fabrication de cellules constitue la dernière étape avant l’assemblage d’une batterie au lithium-ion que l’on retrouve dans les véhicules électriques. Il s’agit du chaînon manquant dans l’écosystème que souhaite mettre en place le gouvernement Legault.

Une cellule de batterie, qu’est-ce que c’est ?

Une batterie au lithium-ion que l’on retrouve dans une voiture est en quelque sorte un assemblage d’unités de batterie individuelles, les cellules. Elles sont branchées en série par un circuit électronique. Le nombre et la taille de chaque cellule permettent de déterminer la quantité d’électricité qu’une batterie pour véhicule électrique est en mesure de stocker.

Une note de service préparée en février à l’attention de la ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland, que La Presse avait pu consulter, précisait les ambitions québécoises de Northvolt. Après avoir atteint sa vitesse de croisière en matière de production, l’usine serait d’une capacité de 60 gigawattheures, ce qui permettrait d’alimenter annuellement 1 million de véhicules électriques.

Ce complexe s’étendrait sur une superficie équivalant à 100 hectares, soit plus de 75 terrains de football. Cette empreinte est similaire à celle de l’usine exploitée par Northvolt en Suède, où les livraisons ont débuté l’an dernier.

La CDPQ sur les lignes de côté

Afin de récolter 1,6 milliard de plus, l’entreprise suédoise a convaincu des investisseurs institutionnels bien établis. Le géant américain BlackRock fait partie de l’aventure. Parmi les acteurs canadiens, on retrouve Investissements RPC, l’Investment Management Corporation of Ontario et le Régime de retraite des employés municipaux de l’Ontario (OMERS) – déjà actionnaire de Northvolt.

Interrogée à savoir si elle était intéressée par cette ronde de financement, la CDPQ n’a pas commenté. Le bas de laine des Québécois a déjà exprimé son intérêt à l’endroit de la filière des batteries, mais il n’a pas encore procédé à un investissement notable. L’institution québécoise a moins l’habitude de financer des entreprises qui se lancent dans la construction de projets sur des sites vierges (greenfield).

Le gestionnaire québécois de régimes de retraite figurait parmi les entités visées par l’entreprise suédoise dans le cadre de ses activités de lobbyisme en territoire québécois ces derniers mois. Reste à voir si une entente finira par aboutir entre les deux parties.

Northvolt n’est pas le seul fabricant de cellules de batteries à s’intéresser au Québec. Selon Carrefour Lobby Québec, la coentreprise française Automotive Cells Company (ACC), qui compte TotalEnergies, Stellantis et Mercedes-Benz parmi ses actionnaires, a également tâté le terrain auprès de Mirabel, dans les Laurentides, et d’Investissement Québec, le bras financier de l’État québécois.

« [Obtenir du] financement direct, incitatifs et subventions liées à la sélection du site, au développement ainsi qu’à la construction d’une nouvelle usine de traitement de batteries dans la province de Québec », indiquait la fiche d’ACC, sans offrir plus de détails.

Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a déjà laissé entendre qu’il serait difficile d’accueillir plus qu’un grand fabricant de cellules de batteries dans la province, puisqu’il s’agit de projets énergivores et que les blocs d’électricité disponibles sont limités.

Québec a déjà indiqué vouloir réserver 900 mégawatts d’électricité pour la filière des batteries.

Lisez « Jusqu’à 9 milliards pour séduire le chaînon manquant »

Northvolt en bref

Année de fondation : 2015

Siège social : Stockholm

Produits : matériaux de batteries, systèmes de stockage d’énergie et infrastructure de chargement

Effectif : plus de 4000 personnes

Clients et partenaires : Volkswagen, BMW, Volvo, Polestar, Scania

En savoir plus
  • 9 milliards US
    Financement récolté par Northvolt depuis sa création
    source : northvolt
    14 milliards
    Coût estimé du projet de gaz naturel liquide Énergie Saguenay annoncé en 2018. Il n’a pas vu le jour et est sur la glace.
    source : énergie saguenay