Les nombreuses intempéries ont peut-être affecté les récoltes de plusieurs agriculteurs, parfois même de manière irrécupérable, cela n’a pas nui aux marchés publics de la province qui continuent malgré tout d’accueillir des milliers de Québécois chaque semaine.

La Semaine québécoise des marchés publics s’est terminée dimanche, après une dizaine de jours d’activités. Elle marque le début d’une période riche en récoltes pour les producteurs agricoles québécois, souligne Jean-Nick Trudel, directeur général de l’Association des marchés publics du Québec (AMPQ).

Beaucoup de producteurs ont connu leur lot de défis cette année, que ce soit en raison d’un gel printanier, de sécheresse ou de terres inondées en raison d’épisodes de pluies diluviennes.

« Jusqu’à présent, ce qu’on remarque, c’est que les étals des marchés sont quand même bien garnis, même si certains produits qu’on voit sur les tables ne représentent qu’une fraction de ce qui a été semé ou projeté dans le calendrier maraîcher », relève M. Trudel.

Plusieurs producteurs font tout de même preuve de créativité pour faire de ces simples courses une expérience des plus agréables, indique Johanick Riendeau, directrice du Conseil de l’industrie bioalimentaire de l’Estrie.

« Dans la MRC du Haut-Saint-François, une mixologue a fait une tournée des marchés pour proposer des cocktails faits à base de produits locaux, illustre-t-elle. Ailleurs, il y a des activités, des spectacles et plein d’initiatives pour rendre les marchés plus attrayants.

« Les marchés publics sont portés par des gens qui donnent beaucoup de leur temps, souvent des bénévoles, poursuit-elle. On a des gens très résilients, qui s’efforcent de pallier à la demande, mais force est d’admettre que c’est une année difficile pour eux. »

Selon M. Trudel, l’achalandage des marchés publics est favorisé par les structures dont ceux-ci se sont dotés pour accueillir la clientèle.

« Les marchés sont ouverts beau temps, mauvais temps. On le savait déjà, mais une saison comme celle-ci le confirme : quand les gens peuvent passer du temps au sec, ils sont plus susceptibles de venir au marché public », dit-il.

La saison n’étant pas terminée, il est prématuré de dresser un bilan. Cependant, les premières observations laissent entrevoir un été satisfaisant pour les marchés publics, même si les records de participation de la pandémie ne seront probablement pas égalés.

« On n’est peut-être pas dans les mêmes statistiques de fréquentation, mais les consommateurs semblent avoir pris l’habitude d’ajouter une visite au marché dans leur routine », note Mme Riendeau.

Dans la métropole, où les marchés publics sont permanents et ouverts à l’année, la situation est différente. « Comme nos marchands sont là sur une plus longue période, on a souvent des producteurs qui offrent un plus grand nombre de produits ou qui s’approvisionnent au-delà de la région de Montréal, illustre Nicolas Fabien-Ouellet, directeur général de la Société des marchés publics de Montréal. Si un producteur a un début de saison plus difficile dans les asperges, il peut se rattraper un peu plus tard avec le maïs sucré et les fraises, par exemple. »

Prix plus stables

Si les aléas de la météo influencent le prix de vente de certains fruits et légumes, Jean-Nick Trudel est d’avis qu’il est plus avantageux pour les consommateurs de s’approvisionner directement chez le producteur, que ce soit dans un marché public, à la ferme ou via un service de fermier de famille.

« Il y a souvent une fluctuation des prix à travers une même saison, notamment par rapport à la disponibilité, rappelle-t-il. Par exemple, le prix des premières fraises de la saison ne sera pas le même que pendant la période où on en récolte en abondance. »

Le directeur général de l’AMPQ croit que notre perception du juste prix peut-être influencée par les grands rabais qu’on retrouve parfois en supermarché sur des produits disponibles en grande quantité.

La facture est toutefois moins susceptible de varier quand on magasine aux étals plutôt que dans les allées.

« Les marchés publics regroupent une diversité de producteurs et de marchands, rappelle M. Fabien-Ouellet. C’est encore là qu’on retrouve les produits les moins chers en saison. »

« Les prix dans les marchés publics restent très concurrentiels, relève M. Trudel­. On n’y remarque pas une augmentation des prix aussi importante que dans les épiceries et c’est dû au fait qu’on achète directement du producteur. Il n’y a pas de coût associé à la transformation ou à la distribution. »

Pour preuve, dit-il, une étude en Nouvelle-Écosse a démontré que les prix des produits des marchés publics de la province avaient peu varié au cours des cinq dernières années. De telles statistiques n’existent pas au Québec.

« Au marché, on peut parler directement avec le producteur. Il peut nous expliquer comment il a fixé son prix, comment va sa saison, explique Mme Riendeau. On ne peut pas faire ça au supermarché. »

M. Fabien-Ouellet estime aussi que les producteurs se soucient de l’augmentation de leurs prix afin de fidéliser leur clientèle. « Plusieurs m’ont déjà dit que si pour faire leurs frais, ils doivent augmenter leur produit de 1 $, ils préfèrent en absorber la moitié pour ne pas tout refiler aux consommateurs », dit-il.

Comme la saison des récoltes battra son plein pendant encore quelques semaines, M. Trudel invite les consommateurs à faire des provisions pendant que le prix des produits maraîchers est encore avantageux.

« C’est le temps de s’approvisionner pour faire des conserves ou pour congeler des aliments pour l’hiver, dit-il. Si on trouve que les prix sont élevés en ce moment, ils le seront probablement encore plus dans quelques mois. »