Les actionnaires de Netflix ont voté cette semaine pour rejeter les lucratives ententes de rémunération des dirigeants de l’entreprise, notamment les co-PDG Ted Sarandos et Greg Peters. Ce vote n’est pas contraignant et peut être annulé par le conseil d’administration de la société, lors de sa prochaine réunion. Explications.

Ce résultat est notable, quelques jours seulement après que la Writers Guild of America (WGA), qui représente les scénaristes actuellement en grève, a envoyé une lettre publique exhortant les actionnaires du géant de la diffusion en continu à rejeter les plans de rémunération.

La rémunération proposée à M. Sarandos pour 2023 pourrait atteindre 40 millions de dollars US, sous la forme d’un salaire de base, d’une prime de performance et d’options d’achat d’actions. M. Peters, qui a été nommé co-PDG en janvier après le départ de Reed Hastings, devrait recevoir jusqu’à 34,6 millions US. Quant à M. Hastings, qui est devenu président exécutif, il est en passe de gagner 3 millions US pour l’année.

Les actionnaires ont voté lors de leur assemblée générale annuelle, alors que la grève de la guilde entrait dans sa cinquième semaine. Ils n’ont fait aucun commentaire public lors de cette brève réunion.

En début de semaine, Meredith Stiehm, présidente de la branche ouest de la WGA, a écrit dans la lettre aux actionnaires : « Alors que les investisseurs s’interrogent depuis longtemps sur la rémunération des dirigeants de Netflix, la structure de cette rémunération est encore plus grave dans le contexte de la grève. »

Selon elle, si Netflix est prête à payer des sommes aussi importantes à ses dirigeants, elle devrait également être prête à payer à ses scénaristes ce qu’ils valent, une somme qu’elle estime à 68 millions US par an. Mme Stiehm a envoyé une lettre similaire aux actionnaires de Comcast, qui se réuniront la semaine prochaine.

Netflix a inauguré l’ère de la diffusion en continu, qui a bouleversé l’industrie du divertissement, y compris ses structures de rémunération. Il en a résulté une forte augmentation du nombre de séries télévisées et de films en production, mais les scénaristes affirment que leurs salaires ont stagné et que leurs conditions de travail se sont détériorées.

Les actionnaires ont déjà voté contre les rémunérations des dirigeants par le passé. L’année dernière, selon la circulaire de Netflix, les actionnaires ont rejeté une proposition ce qui a incité la société à inviter 26 actionnaires, représentant 57 % des actions en circulation, à participer à des appels supplémentaires pour discuter de la rémunération des dirigeants. À l’époque, Netflix avait déjà apporté des modifications à son programme de rémunération 2023 pour ses trois principaux dirigeants, qui plafonnait notamment le salaire de chacun à 3 millions US, exigeait qu’un minimum de 50 % de la rémunération soit lié à des options d’achat d’actions et introduisait une prime en espèces basée sur les performances.

Netflix a refusé de préciser quand son conseil d’administration se réunirait pour discuter des plans de rémunération. En attendant, la grève des scénaristes se poursuit.

Cet article a été publié à l’origine dans The New York Times.

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