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Alors que le débat fait rage à propos du plan de rétablissement de notre caribou des bois, et dans le but de prendre des décisions éclairées et équilibrées, il faut également mettre dans la balance les impacts environnementaux qu’aura la mise sous aires protégées d’immenses territoires forestiers.

D’abord, le plus grand impact de ces mesures sera de diminuer la possibilité forestière annuelle de centaines de milliers de mètres cubes de bois résineux. Ainsi, des millions de PMP (pieds mesure de planche) seront retirés de l’offre de bois d’œuvre, issue de forêts certifiées, sur les marchés québécois et nord-est canadien et américain.

Également, la réduction des secteurs d’approvisionnement forestier (sans mesures de compensation) aura un impact majeur pour ce qui est des produits à grande valeur ajoutée tels que notre bois d’ingénierie. En effet, le Québec produit de plus en plus de ce matériau « clé » pour le virage vers des bâtiments carboneutres à partir d’épinettes noires de ses forêts boréales. Par exemple, c’est en substituant du bois d’ingénierie, matériau « carbo-négatif » qui séquestre du dioxyde de carbone, à de l’acier et du béton, que l’on peut avoir un impact réel dans la lutte contre les changements climatiques.

Quant au bois d’œuvre traditionnel, la demande sera comblée en partie par des produits substituts tels que les montants d’acier et les murs de béton.

En effet, des maisons et bâtiments industriels construits avec des montants d’acier ou des murs de béton sont assez populaires et concurrentiels sur le plan du prix. Or, les bilans carbone du béton et de l’acier sont astronomiquement défavorables par rapport à celui du bois d’œuvre de nos forêts boréales.

Parmi les autres substituts, on retrouve le bois d’œuvre issu des plantations d’eucalyptus du Brésil, où sont détruites d’immenses forêts amazoniennes.

Il est difficile, toutefois pas impossible, de mesurer de façon précise les impacts environnementaux qu’aura la mise sous aires protégées d’immenses territoires, mais on ne peut pas prétendre qu’il n’y en aura pas ou qu’ils seront négligeables. Qui plus est, les groupes environnementaux, tels que Nature Québec, se sont bien privés d’en mentionner même l’existence, tout comme ils évitent de mentionner que l’intensification des travaux sylvicoles, pour augmenter la production de bois sur les territoires « restants », pourrait faire partie de la « solution ».

Leur « solution » (augmentation d’aires protégées sans intensifier la sylviculture) n’est pas optimale, ni en matière de protection de l’environnement ni en matière de développement durable. En fait, notre industrie de bois est un puissant levier dans la lutte contre le changement climatique, et cela, autant Nature Québec que la SNAP s’en gardent bien d’en parler. Ils préfèrent s’attaquer à la crédibilité de l’Alliance Forêt Boréale. Il est difficile de leur reprocher un manque de partisanerie ou un surcroît d’objectivité.

Il reste à espérer que la stratégie de rétablissement du caribou sera équilibrée : à l’écoute des communautés autochtones et forestières tout en maintenant sensiblement notre production de bois d’œuvre considérant ses impacts positifs dans la lutte contre les changements climatiques et sur le plan de la création de richesses économiques collectives. Il est hasardeux, voire illogique, de vouloir tendre vers la carboneutralité en sabrant notre production de bois d’œuvre et d’ingénierie.

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