Hydro-Québec ne se demande plus si de nouvelles centrales hydroélectriques seront nécessaires. Pour répondre à la demande croissante d’électricité, les économies d’énergie et les éoliennes ne suffiront pas. Il faudra construire de nouvelles installations de production, ont fait savoir les dirigeants d’Hydro-Québec, qui répondaient jeudi aux questions des députés lors de l’étude des crédits du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie.

Options insuffisantes

Même si 4000 mégawatts d’énergie éolienne supplémentaire sont prévus au cours des prochaines années, que les centrales existantes seront modernisées pour produire plus d’électricité et que l’objectif d’économie d’énergie a été multiplié par trois, ce ne sera pas suffisant pour répondre aux besoins croissants d’électricité, a indiqué Dave Rhéaume, vice-président à la planification intégrée des besoins énergétiques et des risques. « On va devoir investir dans plus d’infrastructures de production », a-t-il dit. La vice-présidente au développement durable et aux communications, Julie Boucher, a aussi souligné que la société d’État avait plusieurs options pour augmenter sa production. La planification de nouveaux ouvrages fait partie de l’énumération de ces moyens : « on ne dit pas “ ou ” [mettre à jour le potentiel hydroélectrique], mais “ et ” », a-t-elle dit.

Le gaz naturel est là pour de bon

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« Ce n’est physiquement pas possible de se débarrasser de 100 % du gaz naturel dans les édifices publics au Québec », selon Dave Rhéaume, d’Hydro-Québec.

« Ce n’est physiquement pas possible de se débarrasser de 100 % du gaz naturel dans les édifices publics au Québec », a expliqué Dave Rhéaume au député Haroun Bouazzi, qui soulevait des doutes sur l’entente conclue entre Hydro-Québec et Énergir pour faire la promotion de la biénergie dans le secteur résidentiel et commercial. Alors que des villes comme Montréal songent à éliminer le gaz naturel, cette entente aura pour effet de prolonger la consommation de cette énergie fossile 30 ans de plus, a déploré le député solidaire. Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, estime qu’il faut être réaliste. « On est tous pour la vertu, mais ne perdons pas de vue que le gaz naturel au Québec, c’est l’équivalent de 17 000 mégawatts d’électricité à remplacer. »

Pas d’exportations en pointe

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Les contrats d’exportation prévoient qu’aucune livraison d’électricité n’aura lieu en période de pointe hivernale.

Le ministre Fitzgibbon déplore souvent qu’il n’y ait pas assez d’électricité pour alimenter toutes les entreprises qui voudraient s’établir au Québec, mais pour Hydro-Québec, « le plus gros enjeu, c’est le manque de puissance », a expliqué Dave Rhéaume aux députés. L’approvisionnement requis pour satisfaire la demande de pointe pendant quelques heures par année seulement est un défi auquel l’entente avec Énergir et la tarification différenciée selon les heures de la journée dynamique tentent de répondre. Les contrats d’exportation conclus avec les États de New York et du Massachusetts n’empirent pas le problème de la pointe hivernale parce que ces contrats prévoient qu’aucune livraison d’électricité n’aura lieu pendant ces heures critiques pour le réseau québécois, assurent les dirigeants d’Hydro-Québec.

Enfouissement : 10 milliards pour 500 000 clients

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Équipe d’Hydro-Québec sur le terrain dans Outremont après la tempête de pluie verglaçante d’avril

La récente tempête de pluie verglaçante qui a privé d’électricité 1 million de foyers a remis la question de l’enfouissement dans l’actualité. Même si la plupart des Québécois voudraient que tous les fils électriques passent sous terre, « c’est une option très coûteuse et très complexe », a expliqué Régis Tellier, vice-président, opérations et maintenance de la société d’État. L’enfouissement se justifie dans les milieux urbains très denses, comme les centres-villes, mais ailleurs, les coûts sont énormes. Il faudrait 8 à 10 milliards de dollars pour desservir 500 000 clients, a-t-il illustré, « un coût qui devrait être supporté par l’ensemble de la société ». Il y a d’autres solutions, selon lui, « comme planter le bon arbre au bon endroit », par exemple des lilas plutôt que des érables argentés, à proximité des fils électriques.

PDG absent

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Sophie Brochu, qui a quitté son poste le 11 avril, et Pierre Despars, qui assure l’intérim à la tête de la société d’État

Hydro-Québec s’est présentée sans PDG à l’étude des crédits du ministère dont elle relève, ce que l’opposition a fortement déploré. Sophie Brochu, qui a décidé de ne pas terminer son mandat, a quitté son poste le 11 avril dernier. Son bras droit Pierre Despars, venu comme elle d’Énergir, a été nommé PDG par intérim, mais il ne s’est pas présenté en commission parlementaire pour répondre aux questions des députés. « C’est une décision concertée entre Hydro-Québec et le ministre, a dit Pierre Fitzgibbon, au sujet de l’absence de Pierre Despars. On a ici trois exécutifs, dans les circonstances, c’est correct. »