Après avoir injecté plus de 600 millions au cours des sept dernières années dans la construction de trois usines à Saint-Jérôme, Chicago et Mirabel, Lion Électrique arrivera au terme de ses dépenses d’investissement d’ici la fin de 2023. Le constructeur d’autobus et de camions électriques consacre maintenant ses énergies à hausser la cadence de production de ses installations industrielles tout en s’assurant de maintenir une croissance méthodique.

« On a livré 500 véhicules l’an dernier, dont 174 au cours du quatrième trimestre. On a augmenté la cadence de production à chacun des cinq derniers trimestres, on exécute notre plan », m’explique Marc Bédard, PDG et cofondateur de Lion Électrique avec son collègue Camille Chartrand, un ancien dirigeant du constructeur d’autobus Corbeil.

Après une visite guidée et détaillée de l’usine de 200 000 pieds carrés de Saint-Jérôme, anciennement occupée par le fabricant d’équipement de hockey Bauer, Marc Bédard, un ex-associé de chez Price Waterhouse, me reçoit dans une salle de conférence pour faire le point sur les activités de Lion Électrique.

L’entreprise fait régulièrement parler d’elle dans les médias depuis qu’elle s’est lancée dans la construction d’autobus scolaires et de camions électriques.

Quand on a créé Lion en 2008, on se lançait dans la fabrication d’autobus scolaires au diesel, mais on savait qu’il fallait innover, faire du développement technologique. On a testé le propane, le gaz naturel, et on a décidé de se lancer dans l’électrique en créant notre propre modèle et non pas en faisant la conversion d’un modèle existant.

Marc Bédard, PDG de Lion Électrique

Le premier autobus scolaire Lion Électrique est sorti de l’usine de Saint-Jérôme en 2016 et depuis, le groupe a assemblé plus de 1000 véhicules, dont 500 au cours de son dernier exercice financier. L’entreprise a commencé la construction de camions électriques il y a un an et demi, et la capacité de production de l’usine sera de 2500 véhicules par année.

En décembre dernier, l’entreprise a assemblé ses premiers véhicules électriques à son usine de Channahon, près de Chicago, qui a été construite dans le but de desservir le marché américain tout en profitant des généreux programmes de subvention à l’électrification des transports du gouvernement des États-Unis. L’usine américaine pourra produire à terme jusqu’à 2500 véhicules par année.

Il y a deux semaines, Lion Électrique a inauguré sa nouvelle usine d’assemblage de batteries pour ses véhicules électriques à Mirabel, qui pourra éventuellement propulser jusqu’à 14 000 véhicules par année.

« On est une compagnie en croissance, mais en croissance organisée. Une entreprise qui passe de 500 véhicules à 10 000 en un an, je ne crois pas en ça. Depuis qu’on a lancé ce projet, on a dépensé plus de 600 millions, mais là, on arrive à la fin des dépenses en investissement », explique Marc Bédard.

Vers une opération solide et profitable

Lion Électrique est devenue une société publique en 2021 grâce à un financement de 500 millions US à un prix de 10 $ l’action. Le titre a rapidement atteint les 28 $ avant de se replier sous les 3 $, ce qui a mis de la pression sur les dirigeants de l’entreprise.

« C’est certain que des investisseurs peuvent être fâchés, mais moi, je peux juste exécuter le plan, je n’ai pas de contrôle sur le prix de l’action. On bâtit sur la croissance et on met en place une opération qui va être solide et profitable », affirme Marc Bédard.

Est-ce que l’entreprise a embrassé trop large en se lançant dans la construction de camions électriques alors qu’elle n’avait pas de clients et qu’elle n’avait pas encore accompli la montée en puissance de sa chaîne de fabrication d’autobus scolaires ?

Non, les deux opérations se ressemblent beaucoup. Le châssis des autobus est semblable à celui des camions de classe 7, et les opérateurs de camions veulent tester des véhicules électriques et ils vont les intégrer progressivement à leur flotte.

Marc Bédard, PDG de Lion Électrique

Le carnet de commandes de Lion Électrique est en bonne progression avec, selon le dernier relevé, quelque 2400 véhicules à livrer, dont 2000 autobus scolaires.

« On fabrique présentement des camions de classe 6 avec des boîtes de 20 à 26 pieds et des camions porteurs de classe 8. On va commencer bientôt la fabrication de camions tracteurs de classe 8, capables de tirer des remorques, et des camions plus petits de classe 5 », résume le PDG de Lion Électrique.

Le marché des autobus scolaires en Amérique du Nord est composé de quelque 45 000 véhicules et le taux de remplacement des véhicules est de l’ordre de 10 % par année.

« Ils sont de plus en plus nombreux à opter pour le véhicule électrique, et pas seulement pour des raisons environnementales. Les frais d’exploitation sont nettement meilleurs que ceux des autobus au diesel et les gouvernements au Québec, au Canada et aux États-Unis subventionnent les transporteurs scolaires », souligne Marc Bédard.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Aux États-Unis, les autobus scolaires sont fortement recherchés dans les États de la Californie et de New York.

Aux États-Unis, les autobus scolaires sont fortement recherchés pour le renouvellement des parcs dans les États de la Californie et de New York, et le mouvement s’étend tranquillement dans les autres régions.

Il y a quatre grands constructeurs qui sont de force relativement égale en Amérique du Nord, mais Lion Électrique est celui qui a la plus grosse capacité manufacturière, enchaîne le président.

L’entreprise compte sur une force de travail de près de 1400 employés, dont notamment 300 qui forment son groupe d’ingénierie, 700 qui travaillent à l’usine de Saint-Jérôme et plus d’une centaine qui assurent le soutien aux ventes à Terrebonne.

« En plus de notre usine de batteries à Mirabel, on a construit tout à côté notre centre d’innovation et de préinspection des véhicules ainsi que notre piste d’essai. On ne s’est pas ennuyés au cours des dernières années », constate avec le recul Marc Bédard.

Lion Électrique en bref

Année de fondation

2008

Président

Marc Bédard

Les principaux actionnaires

Corporation Énergie Power (Power Corporation) 35 %, Marc Bédard 12 %, Pierre Wilkie (membre du C.A.) 4,59 %, Invesco, 2,31 %

À la Bourse de Toronto

  • Clôture lundi : 2,99 $, en baisse de 0,02 $, soit 0,7 %
  • Sommet des 12 derniers mois : 8,39 $
  • Plancher des 12 derniers mois : 2,25 $