En 1992, Benoît Frappier créait sa propre entreprise en se lançant dans la fabrication de collets pour la trappe. Trente ans plus tard, avec ses neuf usines et trois centres de distribution au Canada et aux États-Unis, Ben-Mor est le plus grand manufacturier de câbles assemblés en acier et d’élingues de levage au pays. L’entreprise entend maintenant réduire sa dépendance à la Chine en poursuivant sa croissance aux États-Unis et en diversifiant ses marchés.

Comme de nombreux entrepreneurs l’ont fait avant lui, Benoît Frappier a entrepris ses activités dans l’abri d’auto attenant à sa maison. Responsable des ventes dans une usine de fabrication de câbles d’acier, il décide de partir à son compte en fabriquant des collets pour la chasse, une activité encore populaire à l’époque.

Rapidement, toutefois, il réoriente ses activités lorsqu’il rencontre Ben Weider, ancien champion culturiste, qui s’est lancé dans la fabrication de machines à exercice.

  • Benoît Frappier manipulant des élingues

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Benoît Frappier manipulant des élingues

  • Installations de Ben-Mor

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    Installations de Ben-Mor

  • Benoît Frappier, PDG de Ben-Mor, devant des produits de l’entreprise

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    Benoît Frappier, PDG de Ben-Mor, devant des produits de l’entreprise

  • Visite des installations de Ben-Mor

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    Visite des installations de Ben-Mor

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« C’est devenu gros. Ils ont débuté avec quatre personnes et c’est monté jusqu’à 1800 employés. Je leur fabriquais les câbles noirs et les attaches pour lever les poids de leurs appareils, cela a rapidement représenté plus de 80 % de mon volume d’affaires, je devais me diversifier », relate Benoît Frappier.

À partir de son usine de Saint-Hyacinthe, il développe d’autres produits, notamment pour l’agriculture, et, en 2001, l’entreprise Ben-Mor met au point un crochet pour attaches à chien en acier recouvert de plastique. Il obtient un succès monstre.

On avait tout le marché. On fabriquait 30 000 attaches à chien par semaine et on pouvait livrer jusqu’à 60 000 crochets. On était le fournisseur de Walmart, qui pouvait nous en commander jusqu’à 100 000 à la fois.

Benoît Frappier

En 2006, Ben-Mor réalise une première acquisition aux États-Unis en achetant l’usine Continental au New Hampshire, un fournisseur officiel du gouvernement américain.

« Ça nous a permis d’entrer dans de la production très haut de gamme pour desservir l’armée américaine et l’industrie aéronautique. Tout est fabriqué avec des produits américains, pas question d’avoir des fournisseurs étrangers là-bas », précise Benoît Frappier.

Diversification tous azimuts

Ben-Mor a poursuivi sa croissance en réalisant des acquisitions au Canada et en ouvrant des centres de distribution pour les quincailleries à Boucherville, Calgary et Chicago. Le groupe emploie aujourd’hui 375 personnes dans ses différentes installations.

Au fil des ans, l’entreprise s’est mise à fabriquer une foule de produits différents, de la corde à linge aux câbles pour l’aéronautique, en passant par les chaînes de remorques aux câbles recouverts et les élingues en kevlar qui permettent de soulever des éoliennes.

« On a fabriqué plus de 8000 produits différents. Ce sont toujours des câbles en acier ou en tissus techniques qui sont assemblés par nous. Aujourd’hui, on a plus de 1500 produits différents en stock dans nos centres de distribution et plus de 500 pour nos clients industriels.

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Benoît Frappier, PDG de Ben-Mor

On réalise 30 % de notre chiffre d’affaires aux États-Unis, principalement dans le secteur militaire, alors que le secteur industriel au Canada génère 55 % de nos revenus et la grande distribution, 15 %.

Benoît Frappier

Le secteur minier est un important client de Ben-Mor, qui lui fournit les câbles d’acier qui servent au forage lors des travaux d’exploration avec des câbles fins de 2000 à 3000 pieds de longueur qui sont installés dans les carottiers.

Ben-Mor fabrique également des élingues en matériaux techniques qui sont 10 fois plus légers que ceux en acier et qui ont une capacité de levage supérieure.

Le groupe vient de terminer la fabrication de 1,4 million de fils d’accroche pour le système d’éclairage d’une toute nouvelle attraction à Las Vegas.

Larguer les amarres

Depuis quatre ans, Ben-Mor cherche à être de moins en moins dépendante de la Chine comme principal fournisseur des matières premières qui servent à la fabrication de ses produits.

« Il y a cinq ans, 80 % de nos matières premières provenaient de la Chine. L’an dernier, on a ramené cela à 50 % et on vise à arriver à 30 % d’ici 2025. Malheureusement, il n’y a pas de fournisseur canadien capable de nous approvisionner en câble d’acier. Le dernier fabricant québécois a fermé en 1999.

On veut rapatrier notre production en Amérique du Nord et en Europe, et on va le faire en réalisant des acquisitions aux États-Unis et en nous concentrant davantage dans le marché haut de gamme.

Benoît Frappier

Cette volonté d’affranchissement n’est pas étrangère aux tarifs de 25 % qu’avait imposés Donald Trump sur les produits d’acier en provenance de la Chine, ce qui avait influé sur les affaires de Ben-Mor.

« Puis il y a eu l’affaire des deux Michael. J’ai commencé à avoir peur. J’allais souvent en Chine voir directement mes fournisseurs. On laisse notre passeport à chaque hôtel où on va, il y a des milliards de caméras partout. J’ai commencé à avoir peur et un entrepreneur ne peut pas avoir peur.

« On va conserver nos fournisseurs chinois seulement pour les produits de commodités, pour le reste, on va développer de nouveaux marchés », anticipe le fondateur de Ben-Mor.

Déjà, l’entreprise Ben-Mor a rapatrié au Québec la fabrication de millions de bagues d’aluminium qui servent à raccorder les câbles d’acier, tout comme elle fabrique depuis le 1er janvier à son usine de Saint-Hyacinthe tous les moules en plastique qui servent à la fabrication d’épingles à linge et d’autres produits de commodités qu’elle fait fabriquer en sous-traitance au Canada.

Ben-Mor a célébré en août dernier son 30e anniversaire d’existence et son fondateur est en train de préparer le transfert de propriété de l’entreprise à sa fille Mélanie, responsable des ventes industrielles et du développement des affaires, et à Louis Tétreault, responsable des ventes et de la chaîne d’approvisionnement.