Chaque samedi, un de nos journalistes répond, en compagnie d’experts, à l’une de vos questions sur l’économie, les finances, les marchés, etc.

« On entend souvent parler du Registre des lobbyistes dans la section Affaires. Récemment dans l’un de vos articles, on indiquait que Ford devait mettre à jour son inscription au registre pour effectuer des démarches auprès de différents ministères au Québec. Qu’est-ce que le Registre des lobbyistes ? Est-ce un genre de club privé pour entreprises ? À quoi sert-il ? »
— Luc Jeanson

Le Registre des lobbyistes, c’est le répertoire des gens qui tentent d’influencer des ministres, députés, fonctionnaires ou conseillers, tant au niveau québécois qu’au niveau municipal.

Pour être en règle avec la loi, toutes les personnes qui font des démarches auprès des pouvoirs publics pour obtenir quelque chose doivent s’y inscrire. Ça inclut les lobbyistes professionnels qui prennent des contrats d’entreprises pour influencer le gouvernement, mais aussi les dirigeants et employés d’entreprises qui plaident directement leur cause auprès d’élus ou de fonctionnaires.

« Il permet aux citoyens et aux médias de savoir qui tente d’influencer une décision d’une institution publique », résume Jean-François Routhier, commissaire au lobbyisme depuis 2017.

Le Registre relève de la Loi sur la transparence et l’éthique en matière de lobbyisme. « C’est une loi d’accès à l’information renversée, dit MRouthier. C’est-à-dire que c’est la personne qui fait des activités de lobbyiste qui doit divulguer elle-même son activité et ses objectifs, dans un registre public, accessible et gratuit. » Bref, pour savoir si une entreprise tente d’influencer le gouvernement ou une municipalité, et dans quel but, nul besoin de s’embarquer dans une démarche compliquée.

Si la société respecte ses obligations, tout est déjà offert en ligne.

La Loi, puis le Registre, découlent d’un scandale qui avait frappé le gouvernement péquiste de Bernard Landry en 2002. « On s’est rendu compte qu’on monétisait l’accès au cabinet du premier ministre en forçant les gens à passer par un cabinet de lobbyistes et, évidemment, ça a fait scandale », explique le commissaire. Le cabinet en question, Oxygène 9, appartenait à un ami du ministre Gilles Baril.

Pour faire le ménage, le gouvernement a alors piloté un projet de loi qui allait mettre le registre en place.

« Le lobbying, ce n’est pas un péché. C’est légitime, tout comme il est légitime de connaître le mandat de ces gens, leur rémunération, leurs clients », avait alors déclaré le ministre de la Justice Paul Bégin, selon un article du collègue Denis Lessard à l’époque.

Québec a alors calqué son nouveau système sur le Registre des lobbyistes fédéral, déjà en place depuis 1989 et en ligne dès 1997. Les démarcheurs qui souhaitent influencer un élu ou un fonctionnaire d’Ottawa doivent s’inscrire dans cet autre système.

Pour revenir au registre québécois, après plus de 20 ans d’existence, il vient de faire peau neuve. Rebaptisé « Carrefour Lobby Québec », le site doit en principe permettre une recherche plus facile.

Les débuts du nouveau registre se sont toutefois avérés ardus à ce chapitre. « Le moteur de recherche au début était vraiment moche », convient lui-même le commissaire Routhier.

Depuis le lancement du nouveau site, des champs de recherche ont été ajoutés et les fonctions seront encore améliorées dans les prochaines semaines, promet-il.

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