Bon an mal an, les entreprises du Québec connaissent une baisse de productivité liée à la mauvaise santé de leur personnel. Maladies chroniques, santé mentale, présentéisme dysfonctionnel sont quelques-uns des défis que doivent surmonter les employeurs et le secteur des ressources humaines. Ces données sont inquiétantes. Selon une étude publiée par LifeWorks en partenariat avec Deloitte, 82 % des répondants disent se sentir fatigués mentalement à la fin de chaque journée de travail et 49 % souffrent d’insomnie.

La détérioration de la santé mentale des employés a également un impact sur la stabilité des entreprises tant sur le plan financier que sur le plan humain. En effet, selon la même étude, 51 % des répondants envisagent de quitter leur emploi, de prendre leur retraite ou de se joindre à une organisation de plus petite taille ou offrant un milieu de travail plus favorable. Jumelé à la pénurie de main-d’œuvre, le défi est parfois insurmontable.

Pénurie de main-d’œuvre : un poids supplémentaire

Selon une étude publiée par la BDC, 61 % des entrepreneurs qui ont du mal à recruter ont été obligés d’augmenter leurs heures de travail et celles de leurs employés. La pénurie de main-d’œuvre a donc un impact sur la charge de travail des employés, ce qui peut augmenter le nombre d’arrêts maladie dus à un épuisement professionnel.

Actuellement, les programmes gouvernementaux offerts aux entreprises en matière de qualité de vie au travail sont segmentés et éparpillés à travers différents ministères. Aucun programme ne permet aux entreprises de développer une vision globale des problèmes et des solutions associées.

La création d’une culture d’entreprise basée sur la prévention en santé fait des employeurs des partenaires potentiellement importants de la santé publique. Plusieurs ne savent toutefois pas comment s’y prendre pour créer une véritable culture de prévention. La mise en place de politiques de conciliation travail-vie personnelle, la prévention des risques psychosociaux du travail et l’encouragement à l’adoption de saines habitudes de vie en sont quelques exemples. Pour être efficaces, ces initiatives doivent cependant être envisagées dans une perspective globale et intégrée.

Hausser les budgets en santé publique

Les employeurs ont besoin d’une offre de services et d’un soutien qui leur permettent de développer une vision intégrée de la santé et du mieux-être au travail.

L’expertise et le positionnement avant-gardiste du Québec à ce sujet ne sont plus à démontrer, mais il reste encore beaucoup de travail à faire. À l’instar des mesures offertes pour le soutien au développement durable (comme le Fonds Écoleader), il serait temps maintenant de développer une vision globale et intégrée en matière de qualité de vie au travail. L’offre gouvernementale regroupée au sein d’un fonds unique permettrait aux employeurs, en particulier les PME, d’obtenir tout le soutien nécessaire à leur plein développement. Le Québec a besoin de ce leadership fort pour traverser la crise actuelle. Le rehaussement des budgets en santé publique est incontournable si nous voulons d’une société riche de tout son monde.