On parle beaucoup de la flambée du prix des aliments pour les consommateurs qui font leur épicerie. Cette hausse affecte aussi la Fondation Olo, qui fournit (et paie !) des aliments de base remis aux femmes enceintes. Cette dépense a augmenté de 23 % comparativement à ce qu’elle était avant la pandémie. Et ce, malgré une diminution de la demande.

La Fondation Olo offre de l’aide nutritive concrète aux futures mamans au moyen de coupons qui permettent d’obtenir du lait, des œufs et des légumes congelés. Les participantes peuvent échanger leurs coupons dans les pharmacies, les épiceries et les dépanneurs partout au Québec.

Entre 2019 et 2022, il y a eu une baisse de 9 % des demandes.

Comment expliquer cette diminution des suivis Olo ?

La pandémie a mis un frein aux demandes, explique Élise Boyer, directrice générale de l’organisme.

En 2019, de 7000 à 8000 Québécoises commençaient annuellement un suivi Olo. Durant les premières vagues de la COVID-19, ce nombre a chuté, parce que les services étaient fermés, en partie, et les gens, isolés, explique la directrice.

Cela reprend maintenant et laisse envisager une pression énorme sur le budget de fonctionnement d’Olo.

La situation économique, à cause de l’inflation, du logement et de l’épicerie qui coûtent trop cher, fait en sorte que plus de femmes enceintes se retrouvent dans une situation économique précaire.

Élise Boyer, directrice générale d’Olo

D’autres facteurs expliquent également cette hausse marquée des demandes, dont la popularité du nouveau programme provincial d’Avis de grossesse qui dirige les femmes enceintes vers des services comme Olo. Une nouvelle clientèle parmi les demandeuses d’asile gonfle aussi la demande.

Or, le financement, lui, est resté stable.

« On a besoin de nos donateurs, on a besoin du gouvernement, tant provincial que fédéral, dit Élise Boyer. Tous nos alliés doivent comprendre à quel point on est devant un enjeu de taille. Le nombre de familles à aider est plus grand, le coût pour le faire est plus grand. »

Olo s’attend à rattraper les volumes prépandémiques dans le courant de l’année. La hausse des coûts liés directement à l’augmentation du prix des aliments en sera encore plus élevée.

Cette année sera déficitaire chez Olo, qui est normalement plus près du point d’équilibre.

« On est dans notre exercice de budget pour l’année prochaine et ça va faire mal, prévient Élise Boyer. C’est pour ça qu’on envoie un message très clair au gouvernement du Québec, on a besoin d’un coup de pouce pour les aliments. »

Offre postnatale

La hausse du prix des aliments a aussi mis sur la glace un projet cher à Olo, celui de poursuivre l’aide durant les premières années de l’enfant.

On ne veut plus que l’accouchement signifie la fin des coupons. Ils servent entre autres à soutenir l’adoption de saines habitudes alimentaires pour la famille. On veut qu’il y ait une continuité.

Élise Boyer

Olo estime qu’en étant déjà en lien avec les mamans et en ayant développé une relation de confiance, l’organisme est bien placé pour poursuivre la relation d’aide.

La situation est encore plus pressante en contexte inflationniste. L’automne dernier, la Fondation Olo a fait une étude interne pour arriver à ce triste constat : 76 % des femmes enceintes qui recevaient alors des coupons utilisaient une partie des aliments pour nourrir la famille, plutôt qu’elles-mêmes.

« C’est extrêmement crève-cœur, dit Élise Boyer. Olo ne sera jamais une mesure de dépannage alimentaire. Mais notre certitude est que ce qui se passe dans les 1000 premiers jours de la vie a un impact énorme sur la santé physique, le développement, la réussite éducative. »