La question semble réglée : le travail hybride est désormais incontournable.

Pour les employés, la flexibilité et le travail hybride ne sont plus des avantages souhaitables, mais bien des prérequis, confirme une nouvelle étude.

Cependant, un écart persiste entre les attentes des employés et les exigences des employeurs.

Pas moins de 86 % des employés québécois affirment que la souplesse en matière de lieu et d’horaire de travail a une incidence directe sur leur intention de conserver ou de quitter un emploi.

Pourtant, 56 % des employeurs québécois ont mis ou prévoient mettre en place un nombre obligatoire de jours au bureau chaque semaine.

C’est ce que révèle la deuxième édition de l’enquête Hybrid Work Study (Étude sur le travail hybride), menée par Cisco Canada en partenariat avec Angus Reid.

Pour ce sondage réalisé entre le 9 et le 15 décembre 2022, quelque 1000 employés et 509 employeurs ont été interrogés dans tout le Canada.

« Personne n’a de boule de cristal sur un horizon de cinq à dix ans, mais c’est clair que le travail hybride est là pour de bon », constate Jean-Claude Ouellet, vice-président aux ventes et opérations du secteur commercial au Canada chez Cisco. « Pour plusieurs raisons, et premièrement les gens. »

Lorsque les Québécois choisissent un employeur, la flexibilité des conditions de travail arrive au deuxième rang de leurs priorités (21 % des réponses), après le salaire (33 %), mais devant l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle (18 %).

L’hybride dans les mœurs

Le nouveau sondage confirme que le travail hybride s’est inscrit encore plus profondément dans les mœurs.

Dans l’ensemble du Canada, 47 % des employés en télétravail ou en travail hybride disent que cette organisation a eu un impact très positif sur l’équilibre entre le travail et leur vie personnelle – une amélioration substantielle par rapport à l’enquête de 2021.

« Il y a une augmentation d’à peu près 16 % des employés qui disent préférer de loin le télétravail, relève Jean-Claude Ouellet. C’était déjà très élevé en 2021. Leur qualité de vie personnelle est meilleure, leur qualité de vie familiale est meilleure, et ils se sentent beaucoup plus productifs et performants qu’au bureau. »

Au Canada, 91 % des entreprises de 50 employés et plus ont mis en place des mesures de travail hybride pour au moins une partie de leurs employés.

Les Québécois parmi les plus satisfaits

Au Québec, 85 % des employés affirment que le travail hybride a eu un impact positif sur leur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Il s’agit du plus haut taux au pays, qui affiche une moyenne de 79 %.

Avec une proportion de 87 %, les employés québécois sont au deuxième rang au pays pour la satisfaction à l’endroit des mesures de leur employeur pour leur bien-être et l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. L’Alberta était en tête avec 89 %.

Un écart avec l’employeur

Cependant, tant au Canada qu’au Québec, un écart persiste entre les préférences des employés et les intentions des employeurs.

Bien que huit employés canadiens sur dix (81 %) affirment que les politiques de travail flexibles influent fortement sur la décision de conserver ou de quitter un emploi, 61 % des employeurs imposent un certain nombre de jours obligatoires au bureau.

Cette contrainte est l’une des deux surprises que le sondage a réservées à Jean-Claude Ouellet.

« Pour moi, c’est un choc. Sachant que plus de 80 % des employés considèrent le travail hybride comme un avantage très concurrentiel pour un emploi, c’est surprenant de voir que des employeurs manquent encore de flexibilité. »

Et une explication

Pourquoi cet écart ? Beaucoup d’employeurs craignent encore que le travail à domicile ou les défis techniques du travail à distance entravent la performance et la productivité, explique Jean-Claude Ouellet. « Rappelez-vous, avant la COVID-19, la perception que les gens en télétravail allaient tout faire sauf leur travail », souligne-t-il.

Au contraire, « il est prouvé que les gens sont plus performants en télétravail ». « Il n’y a aucune entreprise qui a envoyé ses gens en télétravail pendant la pandémie qui a vu une baisse de productivité. »

Une inquiétude

Bien qu’ils marquent une nette préférence pour le travail hybride, 46 % des employés s’inquiètent que leurs collègues plus assidus au bureau aient davantage de possibilités d’avancement ou de meilleures perspectives d’emplois.

Ce fut la seconde surprise de Jean-Claude Ouellet. « Il y a une grosse crainte », dit-il.

Le télétravail ouvre pourtant de nouvelles perspectives autrefois improbables, fait-il valoir.

« J’en suis le meilleur exemple. Ça fait 24 ans que je travaille chez Cisco. Avant la pandémie, les chances étaient très limitées que quelqu’un établi à Montréal ait un rôle à l’échelle canadienne. Depuis la pandémie, j’ai beaucoup de collègues à Montréal ou ailleurs qui ont eu des promotions pour des postes pour le Canada au complet. »