Multiplier les thermopompes plutôt que les éoliennes serait plus efficace et moins coûteux pour soulager le réseau d’Hydro-Québec lors des périodes de pointe hivernales.

C’est ce que soutient, chiffres à l’appui, l’analyste en énergie Jean-François Blain. En partant du principe que l’énergie la moins coûteuse est celle qu’on ne consomme pas, le spécialiste explique que le prochain appel d’offres d’Hydro-Québec pour l’achat de 4000 mégawatts d’énergie éolienne, destiné à combler ses besoins en période de pointe quelques heures par année, n’est pas la meilleure solution à ce problème.

« La façon la plus rentable d’augmenter la puissance disponible en pointe est de réduire les besoins de chauffage », explique-t-il lors d’un entretien avec La Presse.

Subventions

En subventionnant l’installation de thermopompes performantes, qui permettent de réduire de 20 % à 25 % les besoins de chauffage d’une maison, Hydro-Québec pourrait obtenir la puissance additionnelle dont elle a besoin à meilleur prix qu’en achetant de l’énergie éolienne par contrat auprès de producteurs privés.

Il propose de subventionner l’installation de thermopompes dans 100 000 résidences par année pendant 10 ans. À raison de 10 000 $ de subvention par résidence, le coût pour équiper un million de foyers serait de 10,7 milliards.

Les besoins en puissance seraient réduits de 1500 mégawatts de façon récurrente.

Pour obtenir la même puissance en hiver, Hydro-Québec veut acheter à la suite d’un appel d’offres 4000 mégawatts d’énergie éolienne, ce qui donne 1400 mégawatts de puissance étant donné que l’éolien est une énergie intermittente qui est disponible le tiers du temps (le facteur d’utilisation est de 0,35).

Cette énergie éolienne sera achetée par Hydro-Québec à un prix de départ estimé à 10 cents le kilowattheure, augmenté chaque année de 2 %, pour atteindre 14,5 cents le kilowattheure au terme du contrat habituel de 20 ans, estime Jean-François Blain.

Le coût total de l’énergie éolienne achetée par Hydro-Québec en 20 ans atteindrait 31,9 milliards.

C’est trois fois plus que les 10,7 milliards que coûteraient les subventions pour les thermopompes, a fait valoir l’analyste devant les membres de la commission parlementaire qui étudie le projet de loi sur l’indexation des tarifs d’électricité.

Combler les pics de consommation

Le recours aux thermopompes revient à 16 cents le kilowattheure, ce qui est plus cher que l’énergie éolienne, dont le coût par kilowattheure revient à 13 cents. La raison en est que l’énergie éolienne est disponible toute l’année, tandis que l’énergie libérée par l’utilisation des thermopompes est disponible uniquement pendant la période de chauffage.

Mais il s’agit d’énergie de pointe, dont la valeur est plus importante, précise Jean-François Blain. Son coût doit être comparé au prix très élevé que doit payer Hydro-Québec pour s’assurer d’avoir assez de puissance pendant les périodes de pointe.

Par exemple, avec son programme de crédit hivernal, Hydro-Québec paie 50 cents le kilowattheure à ses clients qui acceptent de réduire leur consommation d’électricité pendant les heures où les besoins sont les plus importants, illustre-t-il.

Quand la pointe d’hiver atteint 40 000 mégawatts, les besoins de chauffage comptent pour 14 600 mégawatts, rappelle l’analyste en citant les chiffres d’Hydro-Québec.

Réduire les besoins de chauffage avec une thermopompe serait donc une solution sensée pour Hydro-Québec, qui aurait aussi l’avantage de réduire la facture d’électricité des consommateurs, résume l’analyste.

L’abc d’une thermopompe

Une thermopompe est un appareil électrique qui ressemble un peu à un climatiseur, à la différence qu’elle peut être utilisée à la fois pour le chauffage et le refroidissement. En hiver, elle capte la chaleur de l’extérieur pour le transférer à l’intérieur. Tout cela fonctionne très bien jusqu’à un certain point : quand il fait très froid, la chaudière prend la relève. En été, le processus s’inverse : la thermopompe tire alors l’air chaud de la maison et l'expulse à l’extérieur. L’appareil a deux composants principaux : un compresseur installé à l’extérieur et un condenseur sous forme d’unité murale ou de module intégré au système de chauffage à air pulsé. Bien utilisée, une thermopompe permettra à ses propriétaires d’économiser chaque année quelques centaines de dollars en frais de chauffage.

La Presse, avec La Presse canadienne