(Ottawa) Les négociations entre le Canada, Lockheed Martin et le gouvernement des États-Unis concernant l’achat de 88 avions furtifs F-35 progressent. À un point tel que la ministre de la Défense nationale, Anita Anand, laisse entendre dans une entrevue à La Presse qu’elle pourra annoncer de bonnes nouvelles « bientôt ».

Le gouvernement Trudeau s’était donné comme objectif de conclure une entente en bonne et due forme avant la fin de décembre. Des négociations en ce sens ont été lancées en mars entre de hauts fonctionnaires du ministère des Services publics et de l’Approvisionnement, des représentants de la société américaine et Washington. Ces négociations pourraient toutefois se conclure seulement au début de 2023.

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Anita Anand, ministre de la Défense nationale

« On espère avoir des nouvelles bientôt, mais comme j’ai dit plus tôt cette année, nous avons eu des négociations avec un fournisseur, et nous continuons de parler avec ce fournisseur. J’espère que nous allons avoir des nouvelles bientôt […] Il faut donner à nos Forces armées les équipements dont elles ont besoin. On va livrer la marchandise », a certifié la ministre Anita Anand.

C’est important pour moi, comme ministre de la Défense nationale, de continuer de m’assurer que nous avons l’équipement nécessaire pour protéger notre pays, pour contribuer à la protection de notre continent avec nos alliés.

Anita Anand, ministre de la Défense nationale

Après des années de tergiversations, le gouvernement Trudeau a annoncé en mars que le F-35 de Lockheed Martin avait devancé l’appareil Gripen de la société suédoise Saab à la suite d’un appel d’offres. En tout, le Canada compte acheter 88 nouveaux chasseurs afin de remplacer la flotte vieillissante des CF-18. On estimait les coûts de ces appareils à quelque 19 milliards de dollars, mais la facture sera vraisemblablement revue à la hausse en raison du taux d’inflation élevé.

Rappelons qu’aux élections fédérales de 2015, les libéraux de Justin Trudeau avaient promis de ne jamais acheter les avions F-35 qu’avait dans sa ligne de mire le gouvernement de Stephen Harper. Il avait promis de lancer un nouvel appel d’offres. À l’époque, le Canada comptait acheter 65 avions furtifs.

Prudence

Au ministère des Services publics et de l’Approvisionnement, on a observé la plus grande prudence au sujet de l’état des négociations avec la société Lockheed Martin et on refuse net de préciser un échéancier.

« Le processus d’évaluation en plusieurs étapes est mené selon un large éventail de facteurs, dont les capacités, le coût et les retombées économiques. […] Le soumissionnaire le mieux classé doit démontrer que le contrat éventuel répondra à toutes les exigences et attentes du Canada, y compris de bons avantages en contrepartie des fonds dépensés, de la flexibilité, une protection contre les risques, des garanties d’exécution et de livraison, ainsi que des retombées économiques de grande valeur pour les industries canadiennes de l’aérospatiale et de la défense », a indiqué une porte-parole du Ministère, Michèle LaRose, dans un courriel à La Presse.

Elle a expliqué que le déroulement des négociations entourant cet important contrat est observé par un tiers indépendant, qui veille à ce que tous les soumissionnaires soient traités de manière équitable.

« En raison de la nature délicate du processus en cours, aucun autre renseignement ne peut être donné sur le déroulement du processus pour le moment », a ajouté Mme LaRose.

Une vingtaine d’entreprises canadiennes impliquées

En mars, des ministres du gouvernement Trudeau avaient indiqué que le Canada devrait recevoir les premiers avions furtifs en 2025 si les négociations étaient fructueuses. Mais cet échéancier pourrait être retardé d’un an. Les derniers appareils devraient être livrés en 2032.

Depuis 1997, le Canada participe au programme de développement du F-35. Il a déjà affecté plus de 600 millions US à ce programme. Les États-Unis et de nombreux autres alliés du Canada utilisent déjà cet avion furtif.

Cette participation financière du Canada au programme de développement des F-35 a ouvert la voie à des entreprises canadiennes. En effet, une vingtaine d’entreprises canadiennes travaillent déjà à la production des F-35 de la société Lockheed Martin, dont plusieurs sont situées au Québec.

Une porte-parole de la société américaine n’a pas voulu commenter l’état des négociations, invitant La Presse à s’adresser au gouvernement fédéral à ce sujet.