Chantal Van Winden est résolument tombée sous le charme de la caméline, une plante nordique dont les graines produisent une huile végétale aux propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires grâce à son taux élevé de 35 % d’oméga-3, au point d’en faire une entreprise qu’elle a baptisée Oliméga qui commercialise aujourd’hui les produits de marque Signé Caméline.

« On ne pourra jamais produire de l’huile d’olive au Québec, mais on est capable de produire une huile tout aussi bonne au goût et même meilleure selon plusieurs, mais beaucoup plus bénéfique pour la santé », lance sans hésitation l’entrepreneure qui a créé Signé Caméline en 2014.

Chantal Van Winden a participé le mois dernier au Salon de l’innovation alimentaire (SIAL) de Paris où les graines torréfiées de caméline produites par son entreprise se sont retrouvées parmi les 68 produits finalistes de ce grand salon international.

« Il y avait 1800 produits en lice et le SIAL a fait une première sélection de 550 produits pour finalement retenir 68 finalistes dont on a fait partie.

« En 2015, on avait gagné le prix de l’innovation de l’année remis par le Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ) pour notre huile vierge et on l’a regagné par la suite avec notre huile torréfiée. On a aussi été primé par le Mouvement DUX qui fait la promotion de la saine alimentation », souligne Chantal Van Winden.

Nouvelle variété agricole

C’est en 2006 que la fondatrice de Signé Caméline a entendu parler pour la première fois de cette plante nordique par un chercheur allemand, lors d’une conférence.

« J’ai été frappée par les vertus de cette protéine végétale et par le fait qu’on l’utilise depuis 3000 ans dans les pays nordiques pour en faire de l’huile. Dès l’année suivante, on en a planté sur la terre de la ferme de mon conjoint à Saint-Édouard », me raconte Chantal Van Winden, qui était physiothérapeute à l’époque.

Après de multiples expériences avec différentes variétés de semences achetées en Russie, Chantal Van Winden se lance en 2014 dans une première culture sur 50 hectares et transforme sa production dans son garage, comme toute bonne jeune pousse…

« On est arrivé en 2015 avec une première cuvée de 11 000 litres d’huile vierge de caméline. On a commencé à en vendre dans deux magasins Cinq Saisons de Metro et on s’est retrouvé à la fin de l’année dans une trentaine de magasins, notamment Metro et Avril », relate Chantal Van Winden.

« On a intégré une nouvelle variété agricole au Québec. On travaille à la synergie des plantes. La caméline a des vertus incroyables. On peut cuire l’huile de caméline à 475 degrés Fahrenheit et elle conserve son taux de 35 % d’oméga-3 qui se transfère à la nourriture durant la cuisson. Tant les graines que l’huile servent à relever les recettes », souligne la PDG.

Ce qui était au début une simple curiosité s’est donc vite transformé en une mission beaucoup plus large pour celle qui a réhypothéqué sa maison pour financer l’expansion de l’entreprise.

En 2017, elle amorce à Saint-Édouard la construction d’une usine de transformation qui est devenue pleinement opérationnelle en 2019 et où on traite aujourd’hui 600 tonnes de plantes de caméline pour en faire de l’huile et des graines.

« Avec 450 tonnes de plantes de caméline, on arrive à produire 150 000 litres d’huile et on se garde 150 tonnes pour fabriquer 50 tonnes de graines. Une partie des deux produits va être torréfiée et l’autre va être vendue vierge », précise Chantal Van Winden.

À la conquête du monde

Les produits de Signé Caméline sont distribués depuis quelques années déjà dans tous les grands magasins d’alimentation du Québec : Metro, IGA, Loblaws… La marque est aussi présente sur Amazon aux États-Unis et au Canada.

Mais depuis 2018, le groupe s’est aussi implanté en Asie à la suite d’un premier voyage réalisé au Japon en novembre 2017, à l’invitation du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).

« Le MAPAQ nous a invités à participer à une mission au Japon parce qu’on cherchait là-bas des produits riches en oméga-3 autres que du poisson. Dès l’année suivante, on a eu une première commande », explique la PDG.

Aujourd’hui, Signé Caméline exporte au Japon, en Chine, en Corée, à Taïwan et à Singapour, tout comme elle développe le marché européen où elle livre déjà de ses produits en France.

« Après le SIAL, on participe en janvier au Salon international de la restauration, de l’hôtellerie et de l’alimentation de Lyon et on va accompagner l’équipe québécoise de Samuel Sirois qui participe au Bocuse d’Or, les Olympiades de la gastronomie, parce qu’il utilise nos graines de caméline dans la préparation de ses plats », expose fièrement Chantal Van Winden.

Signé Caméline exportait 18 % de sa production l’an dernier et ce pourcentage atteindra 30 % cette année.

« On souhaite arriver à court terme à un équilibre de 50 % de nos ventes au Québec et 50 % à l’extérieur », précise la PDG qui souhaite élargir la culture de la caméline à d’autres producteurs agricoles.

« On en cultive plus de 100 hectares à Saint-Édouard et on fait affaire avec une dizaine d’autres producteurs du Témiscamingue qui couvrent une superficie de 400 hectares. C’est un territoire parfait pour cette plante nordique. On fait l’ensemencement le 1er avril et on réalise une culture hâtive en août », précise Mme Van Winden.

Plante vertueuse, la caméline ? Elle améliore la santé des sols où on l’ensemence et elle en augmente les rendements.

« On récolte une tonne de maïs additionnelle sur chaque hectare où on a planté de la caméline l’année précédente. Ça fait une bonne différence », souligne l’entrepreneure.

Propriétaire majoritaire de son entreprise, Chantal Van Winden compte sept actionnaires qui font partie de la famille et qui ont des participations de 5 à 7 %. « Une femme qui est propriétaire majoritaire et qui exporte, il n’y en a pas des tonnes », observe la PDG.