(Ottawa) Le gouvernement Trudeau manque carrément de transparence dans son dernier énoncé économique présenté il y a deux semaines. Il annonce 14,2 milliards de dollars en nouvelles mesures sans fournir de détails précis sur ces dépenses, déplore le directeur parlementaire du budget (DPB), Yves Giroux.

Dans un rapport publié mardi, M. Giroux a affirmé que ces dépenses représentent 27 % de toutes les nouvelles mesures dévoilées dans l’énoncé économique concocté par la ministre des Finances Chrystia Freeland.

« Ce manque de transparence présente des défis pour les parlementaires et les membres du public au cours de l’examen des plans de dépenses du gouvernement, en particulier compte tenu de l’ampleur des mesures : 14,2 milliards de dollars – le plus grand montant exempt de détails annoncé depuis l’Énoncé économique de l’automne de 2016 », a analysé le DPB dans le rapport.

M. Giroux déplore aussi que la ministre Freeland se félicite d’avoir dépassé son objectif de trouver 3 milliards de dollars en économies, comme elle s’était engagée à le faire dans son dernier budget.

Or, si des économies de 3,8 milliards de dollars ont été dénichées, c’est bien grâce à des dépenses moins élevées que prévu pour certaines mesures de soutien liées à la pandémie de COVID-19 au cours de l’exercice financier précédent, soit en 2021-2022.

Selon le DPB, la source de ces économies n’est guère conforme à l’intention formulée dans le dernier budget et au calendrier qui était prévu.

« Les économies découlent d’une baisse des dépenses pour les programmes liés à la COVID-19 et ne sont pas attribuables à un examen particulier des plans de dépenses. De plus, le calendrier de réalisation des économies diffère considérablement de ce qui avait été annoncé dans le budget de 2022 (début prévu en 2023-2024) : les économies sont réalisées au cours de l’exercice 2021-2022, qui s’est terminé avant la publication du budget de 2022 », a souligné M. Giroux.

Le DPB avait aussi une autre critique à formuler sur le front de la transparence : le gouvernement Trudeau tarde trop à publier les comptes publics, ces documents qui comprennent les états financiers consolidés vérifiés du gouvernement du Canada et les renseignements provenant des ministères, organismes, sociétés d’État et autres entités comptables.

À titre d’exemple, les précieux documents ont été déposés le 27 octobre, soit sept mois après la fin de l’exercice financier de 2021-2022 (31 mars).

À cet égard, M. Giroux souligne à grands traits que le Canada ne respecte toujours pas la norme de pratique avancée des lignes directrices du Fonds monétaire international en matière de rapports financiers, qui exigent la publication des états financiers annuels dans un délai de six mois. « Les parlementaires voudront peut-être demander au gouvernement de publier les comptes publics et les rapports sur les résultats ministériels dans les six mois suivant la clôture de l’exercice », a offert M. Giroux.