Les temps sont durs pour les entrepreneurs qui peinent à trouver de la main-d’œuvre. En parallèle, de nombreux consommateurs ont de la misère à joindre les deux bouts avec l’inflation alimentaire. Isaac Bosquet réconcilie ces deux défis : son entreprise de distribution alimentaire, Damesara, invite ses clients à devenir livreurs à temps partiel. Ce qui adoucit drôlement la facture d’épicerie.

Damesara n’est pas une entreprise alimentaire ordinaire. Sur les étalages de son entrepôt de Lachine se côtoient des produits locaux, mais aussi du riz pakistanais, des sardines tunisiennes et la boisson pétillante et très, très sucrée Choucoune au parfum de banane ou de fruits exotiques, si populaire en Haïti. Damesara s’affiche comme l’entrepôt alimentaire multiethnique de Montréal. Elle vend surtout en ligne et fait la livraison.

On y compte maintenant cinq employés permanents, mais Damesara veut prochainement entreprendre une phase de croissance pour rejoindre davantage les membres des communautés qui y retrouvent des aliments familiers, moins distribués au Québec ou éparpillés un peu partout ailleurs.

« On choisit beaucoup nos achats selon les demandes de nos clients, explique Isaac Bosquet. On les écoute beaucoup. »

Et l’entrepreneur voit bien que l’inflation touche sa clientèle, qui lui en parle de plus en plus. Damesara avait déjà un programme qui offre des ristournes à ses gros acheteurs. Elle vient d’ajouter un volet à ses programmes « d’affiliation » : les clients peuvent faire de la livraison. Ce sont surtout des gens qui ont déjà un emploi à temps plein, explique Isaac Bosquet, mais pour qui ces quelques heures de travail supplémentaires sont bienvenues. « Tout le monde y trouve son compte ! », dit-il.

Le livreur doit utiliser son véhicule et il reçoit une rétribution selon la distance parcourue.

Déjà 13 personnes participent à ce programme. Beaucoup plus sont ce que Damesara appelle ses clients « associés ».

Principe éprouvé, l’associé ouvre un compte et recrute des clients qui font leurs commandes par son entremise. Le client associé reçoit une ristourne de 10 % sur chacun des achats de ses amis ou membres de sa famille. Encore une fois, explique Issac Bosquet, c’est une façon de réduire considérablement la note d’épicerie.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

L’entrepôt de Damesara, à Lachine. On y retrouve surtout des produits du Québec, d’Haïti, des Antilles, de la Tunisie et de l’Algérie.

Séduction

Caroline Thélémaque a découvert Damesara il y a environ deux ans, alors qu’on lui a offert un panier de victuailles qui l’a un peu ramenée à son pays d’origine, Haïti. La grande majorité des aliments vendus chez Damesara viennent d’Haïti ou des Antilles.

« J’ai trouvé ça intéressant parce qu’en Haïti, la Dame Sara est la petite marchande et elle est au cœur de l’économie du pays », confie Caroline Thélémaque, présidente du Club Les Gazelles, voué au mieux-être de la femme.

J’ai beaucoup aimé la façon dont Damesara réussit à rendre plus accessible la culture haïtienne.

Caroline Thélémaque, cliente

Par exemple, en vendant du chocolat haïtien déjà râpé, qui permet de sauter une étape dans la préparation de cette cuisine qui peut parfois prendre du temps.

Caroline Thélémaque vient d’adhérer au programme d’associés qui donne une ristourne. « Cela me permet aussi de faire découvrir la cuisine haïtienne », dit-elle.

Damesara veut maintenant faire gonfler le nombre de ses clients.

Comment les rejoindre ?

« Nous allons faire la tournée des églises et des mosquées de Montréal », explique Isaac Bosquet, qui s’apprête à faire une liste des lieux de culte qui seront visités par une équipe consacrée au recrutement. La Tunisie et l’Algérie sont aussi fort bien représentées chez Damesara. « Je vais personnellement appeler les imams pour leur expliquer notre projet », dit l’entrepreneur.

Cerise sur le gâteau, Damesara vient de recevoir son permis de vente et livraison d’alcool.

À son offre déjà vaste s’ajoutera donc bientôt la bière jamaïcaine, dit fièrement Isaac Bosquet, mais aussi des produits locaux, pour étancher la soif de l’ensemble de sa clientèle.