Le syndicat des débardeurs du port de Montréal pratique le népotisme quand vient le temps de confectionner des listes de candidats débardeurs. Les personnes proposées ont dans l’immense majorité des liens familiaux avec des membres du syndicat.

Depuis 2015, le syndicat recommande 50 % des candidats en fournissant une liste de noms. Avant 2015, le syndicat recommandait 100 % de la main-d’œuvre.

« Le tribunal est d’avis qu’il y a lieu d’accueillir le grief et de déclarer que la pratique suivie par le syndicat pour confectionner les listes de candidats est discriminatoire et contraire à la LCDP [Loi canadienne sur les droits de la personne] », écrit l’arbitre MNathalie Faucher, chargée de trancher un grief déposé par l’Association des employeurs maritimes (AEM) contre le syndicat des débardeurs. La décision rendue le 1er août dernier était passée inaperçue jusqu’alors.

La LCDP, d’ordre public, interdit de faire une distinction entre deux personnes en raison de la situation de famille.

Dans sa décision, MFaucher rappelle que la pratique des débardeurs de proposer presque exclusivement l’embauche de membres de la famille est une réalité depuis un minimum de 60 ans, à part un bref hiatus après 2005.

« Plusieurs débardeurs occupent ces fonctions de père en fils ou filles. Ce n’est pas non plus rare que plusieurs membres de la famille élargie soient aussi des débardeurs à l’emploi de l’AEM. C’était vrai dans le passé et cela l’est toujours », lit-on dans la sentence arbitrale.

Au port de Montréal, le salaire de départ d’un débardeur est de 36,09 $ de l’heure.

Candidats âgés de 3 ans

La décision arbitrale en dit beaucoup sur le processus menant à l’embauche des débardeurs.

En fonction de son rang d’ancienneté, chaque débardeur propose un candidat. Il s’avère que, selon la preuve déposée, « une grande partie des candidats porte le même nom de famille que le débardeur les ayant proposés ». Certains débardeurs proposent le nom de leur enfant. Des candidats sont âgés d’à peine 3 ans. Aucun affichage de poste n’est fait dans les journaux, les sites de recrutement, les agences ou les guichets d’emplois gouvernementaux. La majorité des candidats recommandés par le syndicat ne possède aucune expérience de travail pertinente, a constaté l’arbitre.

Après avoir accepté le grief de l’AEM et déclaré la pratique suivie par le syndicat de discriminatoire, l’arbitre Faucher accorde aux parties un délai pour s’entendre sur une nouvelle façon respectueuse de la loi d’embaucher les futurs débardeurs.

En savoir plus
  • 126 000 $
    Salaire annuel moyen d’un débardeur au port de Montréal en 2021
    Source : AEM