De la crise climatique aux régions en passant par le Fonds des générations, les représentants des cinq partis dans la course électorale ont tenté, lundi, de convaincre les membres de la Fédération des chambres du commerce du Québec que leurs préoccupations ne seront pas oubliées le lendemain du 3 octobre, lors d’un débat serein animé par le PDG de la FCCQ, Charles Milliard. Un résumé des discussions en quatre thèmes.

Baisse des impôts et Fonds des générations

Celui qui a été ministre des Finances du gouvernement de la CAQ, Eric Girard, a défendu l’intention du gouvernement sortant d’utiliser en partie les sommes accumulées dans le Fonds des générations pour réduire les impôts des Québécois. « Les principales missions de l’État sont financées », a-t-il soutenu, en rappelant que les Québécois sont les contribuables les plus taxés en Amérique du Nord.

« On n’y touche pas », a de son côté argumenté le candidat du Parti libéral dans Marguerite-Bourgeoys, Fred Beauchemin, un ancien banquier, comme Eric Girard. « C’est l’avenir de nos enfants qui en jeu. » Selon lui, l’État doit être là pour soutenir la population en cas de tempête, ce qui est justement le rôle du Fonds des générations.

Le candidat du Parti conservateur du Québec, Axel Lellouche, qui est conseiller financier, a souligné que le rendement du Fonds des générations n’était pas à la hauteur. « Moi, avec 5 milliards, je vais en faire des meilleurs rendements », a-t-il affirmé. Son parti propose aussi des baisses d’impôt et l’élimination de certaines taxes, dont la taxe de vente sur les voitures usagées.

Lutte contre les changements climatiques

Le candidat conservateur, qui se présente dans la circonscription montréalaise de Robert-Baldwin, a dû expliquer pourquoi son parti ne propose aucune cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ce qui est inadmissible dans le contexte actuel, a dénoncé Vincent Marissal, candidat de Québec solidaire dans Rosemont.

« Si on n’a pas de cible, c’est parce que tous les gouvernements qui en ont mis ne les ont jamais respectées », a rétorqué Axel Lellouche. « On est des écoréalistes », dit-il de son parti, qui est en faveur du projet Énergie Saguenay pour approvisionner l’Europe en gaz éthique et éviter qu’elle ne rouvre ses mines de charbon.

Eric Girard a répété, de son côté, que le projet d’exportation du gaz naturel liquide à partir du Saguenay ne se fera pas parce que l’Allemagne a un besoin d’énergie immédiat et qu’il faudrait « cinq, six ou sept ans » avant que cet investissement de 14 milliards soit complété.

Immigration et aide aux régions

Le manque de main-d’œuvre est un problème criant dans les régions du Québec, et un autre débat de la FCCQ y sera entièrement consacré prochainement. La question n’a quand même pas pu être escamotée lundi soir. Candidat du Parti québécois dans Pointe-aux-Trembles, le syndicaliste Jocelyn Desjardins a souligné que son parti veut créer un ministère des Régions et il estime que le Québec n’a pas tous les outils pour bien accueillir les immigrants. « Vous ne me ferez pas dire que je suis contre l’immigration, personne n’est contre l’immigration au PQ, mais on a un travail à faire sur notre économie », a-t-il dit.

Le libéral Fred Beauchemin estime que l’accueil des nouveaux immigrants « est le meilleur investissement que nous pouvons faire ». Il balaie les objections de ceux qui disent que le Québec manque déjà cruellement de ressources, notamment de médecins, pour desservir sa population actuelle. « Un médecin peut traiter 2500 patients », a-t-il illustré, alors un immigrant représente moins de 1 % des services.

Pour le parti au pouvoir depuis quatre ans, la priorité reste l’enrichissement du Québec, a plaidé Eric Girard. « Le Québec compte pour 23 % de la population canadienne et seulement 20 % de l’économie du pays, a-t-il rappelé. Nous avons un plan pour changer ça. » Ce plan passe par l’augmentation de la productivité (80 %) et par le travail (20 %), ce qui inclut l’immigration, a-t-il expliqué.

De son côté, le candidat conservateur n’a pas parlé d’augmenter les seuils d’immigration, mais il a plutôt fait valoir qu’il y a des ingénieurs qui font des ménages le soir dans des immeubles. « La manne que nous recevons n’est pas utilisée », a dit ce Français d’origine. « Arrivé au Québec il y a 25 ans, il n’y a pas une seule journée où je n’ai pas travaillé », a-t-il assuré.