Alors que la sécheresse menace la production hydroélectrique un peu partout sur la planète, Hydro-Québec doit composer avec une augmentation constante du niveau d’eau dans ses réservoirs.

« Ce qu’on observe depuis les dernières années et ce que les modèles nous disent, c’est que les changements climatiques ont un impact à la hausse sur les apports d’eau dans nos réservoirs », indique le porte-parole d’Hydro-Québec, Maxence Huard-Lefebvre.

Les grands réservoirs d’Hydro-Québec peuvent stocker assez d’eau pour répondre aux besoins en électricité de tout le Québec pendant une année.

Pendant des années, la société d’État a redouté l’impact d’une éventuelle période de sécheresse prolongée sur sa capacité de production, au point de refuser de publier le niveau d’eau de ses réservoirs, une information jugée sensible pour des raisons commerciales.

C’est plutôt l’inverse qui se produit. Des apports d’eau plus importants que la normale obligent la société d’État à gérer des surplus, soit en exportant davantage, soit en laissant couler l’eau en pure perte sans la faire passer par ses turbines, ce qu’elle a dû faire en 2017 et en 2019.

Un « consensus universel »

Ouranos, organisme indépendant spécialisé dans les études climatiques, confirme que tous les modèles de prévisions s’entendent sur le fait qu’Hydro-Québec bénéficiera au cours des prochaines années d’un apport d’eau plus important dans ses grands réservoirs situés dans le nord de la province. Le réchauffement climatique et la diminution du couvert de glace sont en cause.

« Il y a un consensus universel qui prévoit des apports d’eau plus importants dans le Nord et dans les réservoirs d’Hydro-Québec », affirme Alain Bourque, directeur général d’Ouranos.

Il n’est pas impossible qu’il y ait une sécheresse pendant une année ou deux, mais il reste qu’Hydro-Québec est moins vulnérable au manque d’eau, parce que ses réservoirs sont situés dans le Nord et qu’ils sont tellement vastes.

Alain Bourque, directeur général d’Ouranos

Selon lui, les risques que représentent les grands incendies de forêt et les tempêtes de vent, des évènements climatiques de plus en plus fréquents, posent une plus grande menace pour Hydro-Québec que le manque d’eau.

Sécheresse autour du globe

Des périodes de sécheresse prolongée ont marqué l’été 2022 un peu partout sur la planète. La Chine a mis des usines à l’arrêt en raison de la sécheresse qui a réduit sa production hydroélectrique dans le Sichuan. En Californie, où l’hydroélectricité satisfait à 17 % des besoins de l’État, le manque d’eau a forcé une réduction importante de la production.

Même dans un pays nordique comme la Norvège, où l’hydroélectricité assure 97 % des besoins en électricité, l’assèchement des réservoirs des centrales est devenu critique, au point que le pays pourrait suspendre ses exportations d’électricité vers l’Europe.

Pour Hydro-Québec, qui veut alimenter à long terme les consommateurs d’électricité du Massachusetts et de New York, le niveau d’eau des réservoirs est critique. Trois fois par année, la société d’État doit maintenant publier de l’information sur l’évolution des niveaux d’eau dans ses réservoirs.

Hydro-Québec gère 27 réservoirs, dont la capacité de stockage équivaut à 173 térawattheures d’électricité, soit l’équivalent des besoins en électricité du Québec pendant un an.

Les plus importants de ces réservoirs sont à la baie James, soit Caniapiscau (4359 km⁠2), La Grande 3 (2451 km⁠2) et Robert-Bourassa (2905 km⁠2).